Rencontrée après son intervention dans le panel «Morocco's industrial success story» à l'Exposition universelle Dubaï 2020, Mia Lahlou Filali, vice-présidente de la Fédération marocaine de l'industrie et de l'innovation pharmaceutiques et directrice générale de Pharma 5, a présenté à Yabiladi les forces du secteur pharmaceutique qui ont été précieuses pour le Maroc pendant la crise sanitaire. On a vu dans les métiers mondiaux du Maroc que le secteur industriel a été un peu mis à l'écart avant de revenir sous les feux des projecteurs, à la faveur de la crise sanitaire. Aujourd'hui, quelle est la situation du secteur industriel pharmaceutique ? Nous avons la chance d'avoir une industrie pharmaceutique marocaine dont nous pouvons être très fiers, en termes de compétitivité des prix, de qualité, de disponibilité et en termes d'expansion à l'export. Mais jusque-là, nous n'étions pas prophète dans notre pays et le Made In Morocco n'était pas un argument facile à mettre en avant. Je fais partie des gens qui militent très fort pour la sacralisation du Made In Morocco et cette crise sanitaire nous a donné raison. C'est grâce à l'industrie pharmaceutique que nous n'avions pas eu de rupture sur tous les produits qui étaient fabriqués localement. Coronavirus : Des laboratoires pharmaceutiques au Maroc également mobilisés Sur l'export, l'industrie pharmaceutique marocaine, mais notamment Pharma 5, s'est déjà développée. Quelles sont les ambitions du secteur sur ce point et le positionnement continental ? Chez Pharma 5, nous avons cru dès le départ à l'export et au fait que nous sommes sur un petit marché saturé avec beaucoup d'acteurs au Maroc. Nous avons ainsi très vite regardé vers le Sud. Aujourd'hui, comme nous sommes totalement indépendants et que tous nos produits nous appartiennent, nous pouvons aller sur le marché que nous voulons avec le produit que nous souhaitons. Cela fait de Pharma 5 le leader des exportations marocaines en matière de médicaments. Une boite sur trois exportées est une boite Pharma 5 et dans les pays dans lesquels nous exportons, notamment en Afrique subsaharienne, Pharma 5 est dans le top 10 depuis l'année dernière sur plus de 700 laboratoires. Cela fait de nous la première marque marocaine africaine et arabe sur le continent. Vous exportez quel type de produits ? Nous sommes 100% générique et nous ne faisons pas de sous-licence. Nous ne fabriquons que du produit générique 100% marocain que nous exportons en Afrique, au Moyen-Orient, en Russie, la sous région et bientôt dans l'Union européenne. Ce leadership se présente avec un projet en Côte d'Ivoire, l'objectif est-il d'être fortement présent dans la sous-région pour l'Afrique de l'Ouest ? Aujourd'hui, nous avons une présence très forte comme exportateur et nous nous inscrivons parfaitement dans la voie tracée par le Roi Mohammed VI en étant l'un des acteurs qui prennent parti dans la coopération Sud-Sud. Nous ne voulons pas nous contenter juste d'exporter, mais nous devons aussi participer à l'industrialisation de nos pays frères en Afrique subsaharienne. Quels seraient les projets futurs ? Il ne faut pas aller trop vite. Nous avons déjà trois usines au Maroc dont une Smart Factory qui n'a pas encore été inaugurée. Maintenant que le gouvernement est nommé, ça ne saurait tarder. Il y a aussi cette usine en Côte d'Ivoire, une plateforme de distribution ici aux Emirats arabes unis, à Abu Dhabi, une jeune venture en Russie, une filiale dans l'Union européenne. Il faut y aller doucement pour maitriser la croissance. Pour la nouvelle usine qui sera inaugurée sous peu, pouvez-vous nous en parler ? Que signifie une Smart Factory dans le secteur pharmaceutique ? C'est une usine révolutionnaire : une industrie 4.0 où tous les process de production sont digitalisés, ce qui permet un monitoring en temps réel et une traçabilité parfaite. Lorsque nous sommes dans la fabrication de médicament c'est ce que nous recherchons. Même dans l'Union européenne ou aux Etats-Unis, toutes les usines sont loin d'être comme ça. Donc cela fait partie des pionniers de ces usines-là. Elle sera la première en Afrique dans le secteur pharmaceutique et permettra des gains de compétitivité très importants avec une plus grande robotisation. Nous sommes aux prémices de la maintenance préventive et dans les starting block.