Le ministre espagnol des Affaires étrangères s'est livré à un exercice de funambule sur la question du Sahara et l'approvisionnement du marché espagnol en gaz algérien, multipliant les messages d'apaisement. Le ministre espagnol des Affaires étrangères tente de rassurer l'opposition de la droite plurielle et ses alliés de la coalition Unidas-Podemos au sein du gouvernement de gauche, sur la position de son pays sur le Sahara occidental. Depuis le discours du roi Mohammed VI, le 20 août, plusieurs voix ibériques ont mis en garde Pedro Sanchez contre une éventuelle «reconnaissance de la marocanité du Sahara». En témoigne l'avertissement lancé par le chef du Parti Populaire, Pablo Casado. «L'Espagne travaillera toujours dans le cadre des Nations unies. La relation entre le Maroc et l'Espagne est un cadre riche et large d'intérêts de toutes sortes», a souligné José Manuel Albares dans une interview accordée à La Vanguardia. Le dossier du Sahara «en fait partie et il y en a beaucoup d'autres. Il faut voir la relation entre l'Espagne et le Maroc dans toute sa globalité», a-t-il précisé. Le ministre a par ailleurs reconnu avoir eu une conversation téléphonique avec son homologue américain. Sans mentionner si le différend territorial a été au menu de ces entretiens, Albares a indiqué «qu'avec M. Blinken nous avons abordé toutes les questions d'intérêt commun, qui sont nombreuses. En ce qui concerne le Sahara occidental, ce qui est important, c'est la centralité des Nations unies». L'Espagne craint de payer le prix de la rupture entre Alger et Rabat Contrairement à son prédécesseur aux commandes de la diplomatie espagnole, Albares s'est gardé de pointer du doigt la reconnaissance par l'administration Trump, le 10 décembre, de la marocanité du Sahara occidental. Une position qui devrait satisfaire la partie marocaine. Rabat revendique aussi le leadership exclusif de l'ONU quant à l'examen du différend territorial. Son représentant permanent aux Nations unies, Omar Hilale, a d'ailleurs réaffirmé vendredi dernier la disposition du royaume à prendre part au processus de négociations sous l'égide de l'ONU. Le réchauffement constaté sur l'axe Rabat-Madrid intervient en pleine rupture des relations entre le Maroc et l'Algérie. Un événement auquel le voisin ibérique n'est pas insensible. «Nous avons toujours eu une relation extraordinaire avec les deux pays. Les deux sont des partenaires très importants pour nous. Les deux sont des pays amis. Ce sont deux grands pays. Nous allons travailler pour l'entente», a répondu Albares sur un ton diplomate. Quant à l'impact de cette nouvelle crise entre les deux voisins-ennemis sur l'approvisionnement en gaz du marché espagnol, le ministre des Affaires étrangères a tenu à rassurer les consommateurs ibériques. «Cela fait plusieurs jours que je discute avec nos amis algériens et je pense que les Espagnols peuvent être sereins sur l'approvisionnement en gaz. Ce gouvernement défendra toujours les intérêts de l'Espagne. Nous discutons et analysons la situation avec l'Algérie. Ne nous précipitons pas, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions», a-t-il précisé. Pour mémoire, l'ambassadeur espagnol à Alger a abordé cette question, jeudi, avec le ministre algérien de l'Energie et des Mines.