La crise avec le Maroc anime le débat politique en Espagne. Le Parti populaire et la formation Vox se sont immédiatement saisis de cette affaire mais chacun à sa manière. A la faveur de la crise migratoire et diplomatique avec le Maroc, l'opposition de droite en Espagne ne compte pas baisser la pression sur le gouvernement de Pedro Sanchez. L'objectif étant de parvenir à des élections législatives anticipées ou voter une motion de censure à la Chambre des représentants. Si cet objectif est partagé par le Parti populaire et Vox, ils divergent sur les cartes à jouer pour l'atteindre. Le groupe des députés du Parti populaire a ainsi sollicité la comparution de la première vice-présidente, Carmen Calvo, et des ministres des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez, de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, et de l'Inclusion, Sécurité et migrations, José Luis Escrivá. Le mercredi 26 mai, une passe d'arme est prévue entre le leader du PP, Pablo Casado, et le chef de l'exécutif sur les relations avec le Maroc, l'immigration et la sécurisation des frontières. Pour rappel, le mercredi 18 mai, les deux responsables se sont affrontés sur les mêmes thèmes, avec un avantage pour le chef de la droite. Fébrile, Sanchez l'avait accusé d'être «déloyal envers le gouvernement et les intérêts généraux de l'Etat» et d'«instrumentaliser» la crise migratoire de Ceuta pour «renverser le gouvernement». Le socialiste avait invité le PP à «plus de responsabilité» pour exercer une «opposition d'Etat». Vox, préfère se concentrer sur le Maroc Si le PP a choisi d'emprunter des voix démocratiques pour arriver à ses fins, Vox a choisi la ligne populiste. Son président, Santiago Abascal, multiplie les meetings pour réclamer l'expulsion de tous les mineurs marocains non-accompagnés entrés à Ceuta ou qui sont déjà installés en Espagne. Un message qu'il a martelé dimanche 23 mai à Séville, et répété ce lundi à Ceuta. La différence entre la droite et l'extrême-droite en Espagne se manifeste surtout dans le traitement réservé au Maroc. La direction du Parti populaire tient à ménager ses relations avec Rabat, d'autant que son chef s'est déjà entretenu avec le secrétaire général de l'Istiqlal, Nizar Baraka, et le président du RNI, Aziz Akhannouch. Certes, Pablo Casado et les siens insistent sur l' «espagnolité de Ceuta et Melilla» mais n'hésitent pas à pointer du doigt la gestion «irresponsable» de l'exécutif de coalition de gauche des relations avec le royaume. En revanche, Vox joue la carte de l'hostilité envers le Maroc qui couve dans certains milieux conservateurs dans l'armée, l'église et dans certains milieux d'affairres, pour avancer dans les sondages et gagner de nouvelles voix dans la perspective de législatives anticipées. Santiago Abscal considère la crise avec Rabat comme une opportunité «pour mettre le Maroc dans une situation impossible devant la communauté internationale», a-t-il souligné dimanche à Séville devant ses fidèles. Cette semaine, il compte effectuer une tournée dans les pays européens afin de tisser des «alliances stratégiques et défendre les frontières» du continent «face à la reddition de Bruxelles». La semaine dernière, Absacal a qualifié l'exode de milliers de Marocains vers Ceuta d' «invasion». Ce lundi, il n'a pas hésité à accuser les formations politiques à Ceuta, y compris le PP, ayant appelé à boycotter son meeting interdit par les autorités d'être une «cinquième colonne» au service du Maroc.