Membre de l'équipe de handball des FAR, Youssef Zaitra immigre en Finlande en 1999 pour entamer une formation d'entraîneur de football. Il travaille actuellement à la Helsinki City Football Academy, l'une des meilleures académies du pays. Youssef Zaitra a toujours été un amoureux du ballon rond, lui qui est né en 1975 dans le quartier Yaakoub Al Mansour de la capitale Rabat, qui donnera naissance à plusieurs légendes footballistiques marocaines, comme Abdellah Andaloussi, Abderrazak Khairi et Mohcin Bouhlal. Jeune, il intègre ainsi le club local Al Hilal Ribati, que le Maroco-finnois finit par quitter suite à des contraintes. «L'entraînement se déroulait entre midi et 14h et je ne pouvais pas concilier football et études», confie-t-il à Yabiladi. Youssef Zaitra se dirige alors vers le handball, en intégrant l'équipe des FAR pour les joueurs de moins de 17 ans (U17). «J'avais l'habitude de jouer au handball, mais en réalité j'étais amoureux du football, ayant grandi aux côtés de grands joueurs», se rappelle-t-il. En 1999, son parcours change avec l'obtention d'un visa pour la Finlande. «Mon rêve a toujours été de vivre en Scandinavie», déclare-t-il. «Je n'ai jamais rêvé de me rendre en France ou en Espagne et j'ai donc quitté mon pays comme tout jeune marocain rêvant de construire un chemin vers la réussite», ajoute-t-il. Un chemin qui sera, dès le début, jonché d'obstacles. Car en arrivant dans le pays scandinave, Youssef Zaitra découvre d'abord le climat rude du pays, puis la barrière de la langue. Il ne parlait ni le finnois ni l'anglais parlé couramment par la majorité de la population. Un défi qu'il finit par surmonter, après avoir trouvé un emploi dans la restauration. Un vieux rêve de devenir entraîneur de football L'amour du football ne l'a toutefois pas quitté. Ainsi, en 2012, ce père de deux enfants (17 et 13 ans) décide de réaliser un vieux rêve, en entrant dans le monde de la formation. Il obtient ainsi le certificat UEFA C pour l'entrainement ainsi que la certification UEFA C+ pour la formation des jeunes enfants pour les catégories allant de U8 à U12. Des diplômes grâce auxquels il finit par intégrer la Helsinki City Football Academy, l'une des meilleures du pays. «Mon fils Adam, qui aime aussi le football, a eu l'opportunité de pratiquer son sport préféré en 2012. Parallèlement, j'ai commencé le parcours d'entraîneur. Je travaille avec des enfants sur le côté psychologique en premier lieu, avant le côté physique. La formation inclut également la partie pédagogique.» Youssef Zaitra Le Marocain, qui poursuit toujours ses études pour obtenir un autre certificat (Master) dans le domaine de la formation, précise que l'équipe qu'il supervise «ne comprend aucun joueur marocain», mais accueille plusieurs enfants d'origine africaine. «Mais j'ai eu l'occasion de travailler auparavant avec un enfant marocain, parti depuis dans un autre club», détaille-t-il. Il explique fièrement que son académie est l'une des meilleurs en Finlande, et qu'elle a un grand potentiel, son équipe ayant déjà disputé les compétitions de Coupe d'Europe et encadré de grands joueurs qui ont porté les couleurs de grandes équipes comme le FC Barcelone, Liverpool et Chelsea. La Finlande, le racisme, le Maroc et le mois sacré Mais l'expérience de Youssef Zaitra ne lui a pas offert que de bons souvenirs. Le Marocain se souvient, en effet, des propos racistes dont il a été victime lors de l'un des matches de son équipe. «Nous étions vainqueurs dans le match et je donnais des instructions à mon équipe lorsque l'entraîneur de l'équipe adverse s'est approché de moi pour me demander de ne pas parler aux joueurs», se souvient-il. «Quand je lui ai demandé de faire attention à son équipe et de me laisser avec la mienne, il m'a agressé verbalement avec des propos racistes, m'invitant à retourner de là où je suis venu. Un souvenir qui ne m'a jamais quitté», regrette-t-il. Mais il assure que «les personnes présentes sont intervenues et ont condamné ce comportement». Youssef Zaitra, qui rappelle que la Finlande dispose de l'un des modèles d'éducation et de formation en football parmi les plus performants au monde, aimerait que le Maroc s'en inspire. «En se penchant sur la façon de travailler avec le groupe des jeunes au Maroc, il devient clair qu'il nous manque encore beaucoup», regrette-t-il en assurant être «prêt» à accompagner un changement dans ce sens. Le Maroco-finnois reste en effet attaché à son pays, tout comme ses enfants. «Lors de ma dernière visite au Maroc en 2019, mon fils Adam s'est rendu à l'Académie Mohammed VI de football pour y passer dix jours. Les responsables ont été impressionnés par ses compétences», confie-t-il encore. Nostalgique du Maroc natal, Youssef Zaitra se souvient combien «les rituels et traditions marocains, notamment pendant le mois de Ramadan qui approche», lui manquent. L'occasion pour lui de pointer la difficulté du jeûne en Finlande, où le soleil ne se couche presque jamais. «On essaye de s'adapter. Heureusement pour nous, le mois sacré de cette année coïncide avec la saison estivale», conclut-il.