Les internautes marocains ont été nombreux à réagir à une séquence diffusée sur la chaîne algérienne Echourouk caricaturant le roi Mohammed VI. Même le chef du gouvernement marocain a fait part de son indignation sur un ton diplomatique. Dans une nouvelle escalade médiatique, la chaîne algérienne Echourouk proche des milieux militaires a caricaturé le roi Mohammed VI dans une émission satirique, où le chef d'Etat a été parodié en marionnette. Le présentateur de l'émission a simulé un échange avec le roi, où il a évoqué la question de la récente officialisation des relations maroco-israéliennes, ainsi que la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental par l'administration américaine, aux derniers jours du mandat de Donald Trump. Des spéculations ont fusé, concernant le retrait de cette reconnaissance de la part de la nouvelle administration de Joe Biden ainsi que les hostilités envers l'Algérie. Les utilisateurs des réseaux sociaux au Maroc ont été nombreux à condamner cette séquence, en diffusant la formule «Le roi est une ligne rouge». D'autres encore ont exigé une réponse officielle et ferme au régime militaire algérien. Des membres du gouvernement marocain déplorent une escalade injurieuse Le Chef du gouvernement marocain, Saâdeddine El Othmani, s'est exprimé sur son compte Twitter. «Au vu des succès continus du pays à plus d'un niveau, et dans le dossier du Sahara marocain en particulier, les médias opposés mènent une guerre d'insultes contre les institutions constitutionnelles du pays ainsi que le roi Mohammed VI», ce qui «est rejeté et dénoncé par le peuple marocain et le dénonce», a-t-il écrit. Le recours par certains médias manipulés par des milieux algériens dépités par leurs récents revers successifs à des procédés indignes et ridicules, portant atteinte au symbole de la nation marocaine, est l'expression même de la perte de toute raison et d'une quelconque éthique. — Nabil Benabdallah (@BenabdallahMN) February 13, 2021 De son côté, Mustafa Ramid, ministre d'Etat chargé des droits de l'Homme et des relations avec le Parlement, s'est exprimé sur son compte Facebook. «Que les Marocains soient en accord ou non les concerne et c'est leur droit (…) Cela ne peut être qu'une expression de la puissance d'un Etat fort de ses institutions, et de la vitalité de la société avec ses composantes», a-t-il écrit. «Mais empiéter sur les institutions de notre pays et nos symboles nationaux, dirigés par Sa Majesté, est inacceptable et intolérable. Notre position doit être unifiée, rejetant cette transgression et protégeant nos institutions, pour défendre les symboles de notre pays.» Mustapha Ramid De son côté, le prédicateur salafiste Mohamed Fizazi a répondu à la chaîne algérienne dans une vidéo en direct sur Facebook, affirmant que «ce programme n'était pas une coïncidence» et que les hauts responsables algériens savaient à l'avance ce qui serait diffusé. «Le peuple algérien ne mérite pas ce genre de médias. Le peuple algérien est plus grand que cela pour avoir des médias spécialisés dans le mensonge et la calomnie», a-t-il déclaré, se demandant «pourquoi ce peuple a été affligé en ayant ce genre de dirigeants depuis son indépendance». Pour sa part, le professeur de droit constitutionnel à la Faculté des sciences juridiques et économique à Mohammedia, Omar Cherkaoui, a écrit sur son compte Facebook que cette séquence «signifie que le voisin oriental a perdu toute morale et que ses médias sont devenus un animal fou qui dévore tout et transgresse toutes les limites». «Le pire est que les médias militaires compensent les échecs diplomatiques, politiques et économiques pour le développement de leur pays par une victoire fictive qui fait d'eux la risée du monde. Malheureusement, nous sommes face à un Etat fou qui est prêt à tout faire sans aucune considération», a encore déploré le spécialiste en droit. Des acteurs et des professionnels des médias marocains contre-attaquent Les voix se sont exprimées également dans le milieu culturel, où le comédien et acteur marocain Rabie El Kati a choisi de répondre de manière plus véhémente à la chaîne algérienne avec une séquence vidéo, où il reprend un extrait poétique devant la statue d'un lion. «Les lions restent des lions et les chiens sont des chiens», a-t-il conclu. Sur son compte Facebook, le militant Khalid El Bekkari a quant à lui dénoncé une attitude «sans vergogne» de «médias proches des militaires». La Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) a dénoncé «vigoureusement» samedi le comportement «irresponsable» de la chaîne de télévision algérienne Echourouk qui a diffusé une émission attentatoire à l'institution monarchique. Le président, Noureddine Miftah, a déploré la persistance de la presse algérienne dans sa guerre et ses attaques contre le Maroc, «en dépit de l'appel que nous avions lancé dernièrement depuis Laâyoune à nos confrères algériens pour cesser de jouer les pyromanes». D'autre part, l'Association nationale des médias et des éditeurs a publié un communiqué dans lequel elle déclare que «les attaques immorales de la chaîne officielle algérienne Echourouk» sont «vulgaires et dégénérées», découlant d'un «acte condamnable qui n'a rien à voir avec l'éthique de la profession journalistique». Article modifié le 2021/02/13 à 21h55