Si le Maroc a été associé à la découverte de ces sept planètes tournant autour d'une étoile naine baptisée TRAPPIST-1, l'Observatoire de l'Oukaimeden a également participé à une nouvelle étude qui se penche sur la composition et la densité de ces planètes qui ont la même taille que la nôtre. La semaine dernière, une nouvelle étude sur les planètes TRAPPIST-1, découvertes en 2017, a été publiée par la revue internationale Planetary Science Journal. Co-publiée avec des chercheurs de l'Observatoire de l'Oukaimeden (Université Cadi Ayyad), du Laboratoire de physique des hautes energies et astrophysique (LPHEA) et des chercheurs de la NASA, elle apporte de nouvelles révélations sur la densité et la probable composition de ces sept planètes, de la taille de la Terre et en orbite autour de l'étole naine baptisée TRAPPIST-1, à 40 années-lumière de la Terre. «C'est une étude importante qui fera date, car elle est la première du genre», nous confie ce mercredi le professeur Zouhair Benkhaldoun, directeur de l'Observatoire de l'Oukaimeden. Avec Pr. Khalid Barkaoui, il est l'un des auteurs de la nouvelle étude intitulée «Refining the Transit-timing and Photometric Analysis of TRAPPIST-1 : Masses, Radii, Densities, Dynamics, and Ephemerides». Même taille que la Terre, différente composition «Dans la première étude, nous avons annoncé que toutes ces planètes ont pratiquement la même dimension que la Terre, sont telluriques et trois d'entre elles sont situées dans la zone habitable, où on peut avoir de l'eau liquide et une température propice à l'existence de vie. Maintenant, nous sommes allés plus loin pour calculer leur densité, en comparant avec ce qui se passe dans le système solaire et leur probable composition, grâce à la particularité de ce système et le fait que ces planètes se trouvent en résonance mutuelle les unes par rapport aux autres», détaille-t-il. En effet, selon un communiqué de l'Observatoire de l'Oukaimeden, la nouvelle étude montre que les planètes ont des densités remarquablement similaires. «Cela pourrait signifier qu'elles contiennent tous à peu près le même rapport de matériaux censés composer la plupart des planètes rocheuses, comme le fer, l'oxygène, le magnésium et le silicium», détaille le communiqué. Si tel est le cas, la composition des planètes TRAPPIST-1 serait «sensiblement différente de celle de la Terre» puisqu'elles sont environ 8% moins denses qu'elles ne le seraient si elles avaient la même composition que notre planète. «Sur la base de cette conclusion, nous avons émis l'hypothèse que le mélange d'ingrédients en vrac pourrait donner aux planètes TRAPPIST-1 cette densité spécifique», ajoute la même source. «Les sept planètes TRAPPIST-1 partagent toutes une densité similaire. La différence de densité entre les planètes TRAPPIST-1 et la Terre, Vénus et Mars, peut sembler faible (environ 8%) mais elle est significative à l'échelle planétaire. Par exemple, une façon d'expliquer la densité plus faible est que les planètes TRAPPIST-1 ont une composition similaire à la Terre, mais avec un pourcentage de fer plus faible - environ 21% par rapport aux 32% de la Terre, selon notre étude.» L'Observatoire de l'Oukaimeden Des hypothèses sur la présence d'eau Alternativement, l'étude, qui suggère aussi que le fer dans les planètes TRAPPIST-1 pourrait être infusé avec des niveaux élevés d'oxygène, formant de l'oxyde de fer ou de la rouille, s'est intéressée à un autre élément : la présence d'eau. «Nous avons en outres cherché à savoir si la surface de chaque planète pouvait être recouverte d'eau, qui est encore plus légère que la rouille et qui modifierait la densité globale de la planète. Si tel était le cas, l'eau devrait représenter environ 5% de la masse totale des quatre planètes extérieures», estiment-ils. Quant aux trois planètes internes de TRAPPIST-1, l'étude estime, qu'elles sont positionnées «trop près» de leur étoile pour que l'eau reste liquide dans la plupart des circonstances, ce qui nécessiterait des atmosphères chaudes et denses comme sur Vénus où l'eau pourrait rester liée à la planète sous forme de vapeur. The TRAPPIST-1 star is home to the largest batch of roughly Earth-size planets ever found. Now we know even more about the densities of these seven rocky worlds. And the composition of the TRAPPIST-1 planets could be notably different than Earth's! https://t.co/h8cw3VY2PS pic.twitter.com/K4TOgYgYE2 — NASA Exoplanets (@NASAExoplanets) January 22, 2021 En plus des observations faites à l'Observatoire de l'Oukaimeden et des d'autres télescopes terrestre, la nouvelle étude a utilisé les données fournies par le télescope spatial Kepler et le télescope spatial Spitzer. Géré par le Jet Propulsion Laboratory de la NASA en Californie du Sud, ce dernier a fourni plus de 1 000 heures d'observations ciblées du système avant d'être mis hors service en janvier 2020. Le professeur Zouhair Benkhaldoun confirme, de son côté, que l'Observatoire de l'Oukaimeden continuera à scruter le ciel en direction de TRAPPIST-1 et poursuivre les recherches en lien avec ces sept planètes ressemblant à la nôtre. A rappeler que ces sept exoplanètes ont été découvertes via la méthode du transit : les scientifiques, incapables de les voir directement, recherchent des creux dans la luminosité de l'étoile créés lorsque ces planètes passent devant, occultant ainsi une fraction de sa luminosité. Article modifié le 2021/01/29 à 14h36