Un Marocain consomme en moyenne 200 kg de blé par an, soit trois fois plus que la moyenne mondiale. Comme dans les autres pays du Maghreb, cette céréale est un élément de base dans le régime alimentaire, notamment à travers le pain. Mais le Royaume n'en produit pas suffisamment. Selon l'Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL), la production locale n'a permis de couvrir en moyenne que 54% des besoins en céréales (blé, maïs, orge) du pays, entre 2014 et 2019. C'est-à-dire que pour satisfaire l'ensemble de ses besoins en blé, et constituer un stock de sécurité, le Royaume fait régulièrement appel aux importations. Sauf en cas de campagne agricole exceptionnelle, comme celle de 2020- 2021 où la production des trois principales céréales (blé tendre, blé dur et orge) a atteint près de 103,2 millions de quintaux, soit la deuxième meilleure production après celle de 2014-2015. La production de ces trois principales céréales s'est ainsi accrue de 221%, comparée à la campagne agricole précédente et de 63% par rapport à la moyenne des cinq dernières années, grâce, principalement, à une très bonne pluviométrie. Désormais, on ne va plus exclusivement dépendre de la pluviométrie ! Une nouvelle technique de production, développée par AgriEdge, grâce à une collaboration entre Les Domaines Agricoles et l'Université Mohammed 6 Polytechnique (UM6P), permet, en effet, de rehausser le niveau de production de blé dans notre pays. Il s'agit de l'indice digital d'azote, le N-IndeX, résultant de 3 ans de recherches appliquées co-menées par ces deux institutions. Il permet d'estimer, à partir des images satellites, la quantité d'azote optimale à appliquer pour le blé à ses différents stades agronomiques. Testé par Les Domaines Agricoles, en partenariat avec l'équipe d'AgriEdge, ses premiers résultats indiquent qu'il est possible d'atteindre 21% d'économie d'Azote tout en réalisant 24% de rendement grain supplémentaire. Il s'agit d'une innovation très prometteuse, puisqu'en plus de relever le niveau de production des agriculteurs, elle leur permet aussi de gagner en compétitivité. En effet, le prix de l'engrais azoté, notamment de l'ammonitrate 33,5, l'un des fertilisants les plus utilisés au Maroc, a connu une flambée inquiétante ces derniers mois. Le prix de la tonne d'ammonitrate 33,5 se situe en effet, actuellement, autour de 8 250 Dirhams, contre environ 3 400 Dirhams au printemps dernier. Bref, avec le N-IndeX, le digital devient un vrai levier pour la fertilisation raisonnée du blé au Maroc. L'écosystème national des producteurs de blé en est maintenant convaincu.