Dans une vidéo de Benkirane enregistrée lors de la réunion de la commission nationale du PJD le 5 novembre (la veille du discours de Dakar et de recadrage) et mise en ligne hier seulement sur le site du PJD, le chef du gouvernement revient sur les événements qui ont marqué, mais en coulisses, la scène politique marocaine au lendemain et les jours suivants l'élection du 7 octobre. Ce que le PJD et son chef appellent une tentative de renversement institutionnel, contre les résultats du vote. Ecoutons Benkirane dans sa conclusion globale sur l'immédiat après-élections : « Samedi 8 octobre, tentative de détournement des résultats, avec l'élaboration d'un mémorandum empêchant toute alliance avec le PJD, et le mardi suivant, il devait même y avoir l'élection du président de Chambre des représentants… Moi, à ce moment-là, je n'aurais pas pu réunir de majorité puisqu'il y en aurait eu déjà une au parlement. Je serais parti chez Sidna, pour lui dire que tout est terminé »… Le PAM. Pour Benkirane, qui lance ses piques, « ces gens (en allusion au PAM) étaient venus pour vaincre le PJD. Ils ont échoué… Je ne leur dirai pas de s'auto-dissoudre, mais si c'était moi qui avait perdu, je ne serais pas resté un seul jour de plus ici… ». Plus loin, il ajoute que « les 102 voix resteront une marque d'infamie… qu'a fait ce parti pour avoir autant de voix ? Il a parlé kif, il a parlé lutte contre les islamistes et il a parlé radio Mohammed VI, mais comment a-t-il obtenu ces suffrages ? »… Le RNI. Concernant le RNI, Abdelilah Benkirane dit que « ce parti était handicapé par manque de président, et voilà qu'ils vont nous chercher les gens de l'UC. Ça m'a semblé bizarre… et puis le MP dit qu'il ne peut rien faire sans le RNI… ». Les conditions du RNI et de l'USFP. « Le RNI a fait des propositions inacceptables malgré le fait que je m'entends bien avec Aziz Akhannouch. Quant à l'USFP, son idée sur la présidence de la Chambre est aussi inacceptable. Qu'il soit d'abord dans la majorité et qu'il propose ce qu'il veut, nous verrons alors… » Le gouvernement. « Je vous ai toujours dit que nous sommes en phase d'essai, et seulement d'essai, de formation du gouvernement. On y réussira, ou pas. C'est certes important pour le pays et le parti de mettre en place le gouvernement, mais les principes et les valeurs sont plus importants. Je n'accepterai de quiconque qu'il méprise le peuple, comme s'il était chef du gouvernement. Ce n'est pas sérieux… La démocratie, c'est que quand tu as 37 (RNI), tu as 37, et rien de plus. Tu peux avoir de l'argent, tu peux avoir de l'influence, tu peux être soutenu, mais la démocratie est la démocratie ! On nous donne l'impression que chez ces partis, la voix du peuple ne vaut rien ». L'Istiqlal. « Nous ne séparerons pas de ce parti. Vous me direz que Chabat a fait ceci et a dit cela, mais je vous répondrais que cela relève du passé. Il a adopté deux positions importantes : il a refusé de signer le mémorandum, ce samedi 8, à l'initiative des partis d'opposition plus le RNI, supposé être notre allié, et il a refusé de participer à la mascarade de l'élection du président de la Chambre en dehors de la majorité. C'est courageux et on lui en sait gré, car cette attitude est difficile au Maroc ». Le chef du gouvernement désigné sait donc qu'il y a une crise politique, mais ne semble pas vouloir faire de concessions, prenant le peuple à témoin, et demandant à ses partisans de répandre les valeurs électorales et de se dresser face à toute tentative de les contourner. Nous sommes toujours dans la situation de crise politique qui, si elle ne se résout pas, basculera en crise économique avec les retards accusés dans l'adoption de la loi de Finances.