Les choses avaient bien commencé pour Abdelilah Benkirane en vue de la formation de sa majorité parlementaire, et du gouvernement qui en serait issu. A l'exception de la FGD, les partis représentés au parlement se sont tous déplacés au siège du PJD, rencontrant Benkirane et échangeant avec lui des mots aimables… Mais cela commence à se compliquer. Ainsi, lundi 31 octobre, une rencontre informelle et discrète a réuni Abdelilah Benkirane, Hamid Chabat de l'Istiqlal et Nabil Benabdallah du PPS. Les instances décisionnelles de ces deux derniers partis se sont prononcées clairement pour une adhésion à la future majorité. En revanche, Driss Lachgar n'était pas présent à la réunion, en raison, semble-t-il, d'une maladie qui l'oblige à garder le lit… Selon des indiscrétions qui ont filtré, les trois hommes ont évoqué le sort de la future majorité, eux trois ne réunissant que 183 élus, alors que la majorité absolue est à 198. Avec l'USFP, cette majorité aurait été atteinte, avec 203 sièges, mais Lachgar continue d'hésiter, disant les choses et leur contraire, réclamant des départements ministériels importants et nombreux, tout en s'abstenant de se rendre à la réunion au PJD. Pour sa part, le MP a également réuni son Conseil national et il revendique une présence au gouvernement, proportionnelle à sa force parlementaire… « Il est temps de payer le prix de la fidélité », avait dit en substance Mohand Laenser, samedi à l'issue du conseil national du MP. Nous sommes loin de l'enthousiasme de départ quand Laenser avait été reçu par Benkirane et qu'il lui avait indiqué qu'il serait partant. Pour le cas du RNI (qui s'est adjoint l'UC, totalisant ainsi à eux deux 56 sièges), les choses sont encore moins claires… En effet, dès son élection à la tête du RNI, Aziz Akhannouch s'était rendu, ce dimanche 30 octobre, chez Benkirane, mais rien n'a filtré, en dehors des propos de convenance, et des félicitations mutuelles. La décision du RNI reste la grande inconnue de l'équation en train d'être résolue. Entrer ou non au gouvernement… Le MP a d'ores et déjà commencé à parler de Wifaq, cette alliance qui unissait autrefois le RNI, l'UC et le MP, et qui avait été mise en place du temps de Driss Basri pour contrer la koutla de l'Istiqlal, de l'USFP, du PPS et de l'OADP (actuel PSU). Mohand Laenser, se sentant « agressé » par la résurrection attendue de la koutla, avait évoqué ce samedi dans son conseil national la remise sur pied du Wifaq, liant son sort, après l'UC, à celui du RNI. On le voit donc, la situation n'est pas près de s'éclaircir, et qu'elle s'obscurcit même. En effet, en dehors de l'idée de Koutla et de Wifaq, il reste l'USFP, dont on connaît les relations du Premier secrétaire avec le patron du PAM, Ilyas el Omari, banni de toute discussion avec le PJD.