Bank al-Maghrib (BAM) s'apprête à recevoir de nouveaux pouvoirs, bien plus importants que ceux dont l'institution dispose déjà. Un avant-projet de loi cherche à renforcer le rôle de la banque centrale dans le sens de plus d'indépendance. Si sa principale mission a toujours été celui de « frapper la monnaie », d'assurer la stabilité du dirham, de veiller à maîtriser l'inflation, et de contrôler le bon fonctionnement du marché monétaire, cette autonomie prévue dans l'avant-projet devra lui conférer plus de légitimité sur les marchés internationaux en lui permettant notamment d'inscrire sa politique sur le long terme. Une façon de s'aligner sur les standards internationaux qui donnent le maximum d'indépendance aux banques centrales par rapports aux pouvoirs exécutifs. Selon l'agence Reuters, le renforcement du statut de BAM serait lié à une demande du Fonds Monétaire International (FMI), qui souhaite que le Maroc adopte une plus grande flexibilité des taux de change afin de rendre son économie plus compétitive et de mieux faire face aux crises économiques et financières. Désormais, la banque centrale détiendra presqu'en exclusive le pouvoir de décision en matière de politique monétaire. Le nouveau texte lui donne le statut d'initiateur de cette politique, dans le cadre cependant de la politique économique et financière tracée par le gouvernement. Elle pourra en outre proposer des mesures directement au gouvernement, prendre des participations dans les organismes de crédit et imposer des mesures de garantie aux banques. « BAM a été également autorisée à utiliser les réserves de change dans un objectif de défense ou de préservation de la valeur du dirham en cas de régime de change flexible », précise l'avant-projet de loi. De fait, les organismes financiers internationaux appellent depuis fort longtemps le Maroc à faire évoluer la non convertibilité du dirham, mais cela entraînerait mécaniquement sa dévaluation, à l'avantage de exportations, mais au détriment des importateurs. Or, la balance commerciale est déficitaire, ce qui signifie qu'une dévaluation coûterait beaucoup au Maroc. Par ailleurs, l'indépendance de BAM est aussi liée au nombre de mandats des membres de son Conseil. Actuellement, le mandat de six ans était renouvelable à l'infini. Le nouveau texte n'autorise qu'un seul renouvellement. Mais indépendance et autonomie ne signifient pas absence totale de contrôle. En effet, l'article 43 de l'avant-projet de loi prévoit que les parlementaires pourront demander des comptes à la banque centrale et avoir un droit de regard sur son activité en convoquant son président devant les commissions.