La Cour suprême du Brésil a entamé mardi ses débats, sous un dispositif sécuritaire exceptionnel, en vue du verdict dans le procès de l'ex-président Jair Bolsonaro pour tentative présumée de coup d'Etat visant à empêcher l'investiture du président Luiz Inácio Lula da Silva. L'ancien chef de l'Etat (2019-2022) doit être fixé sur son sort d'ici le 12 septembre, aux côtés de sept autres co-accusés, dont l'ex-ministre de la Défense Paulo Sergio Nogueira, l'ex-ministre de la Justice Anderson Torres, l'ex-chef de la Marine Almir Garnier, l'ancien directeur des services de renseignement Alexandre Ramagem, et le général Walter Braga Netto, son colistier lors du scrutin de 2022. Bolsonaro, 70 ans, en résidence surveillée depuis le 4 août, a choisi de ne pas se présenter au tribunal et suivra les audiences depuis son domicile. Seul co-accusé aperçu dans la salle, Sergio Nogueira a lancé à son arrivée : « Je crois en la justice ». Les audiences finales du procès, prévues sur cinq journées (2, 3, 9, 10 et 12 septembre), ont débuté par la lecture du rapport du juge-rapporteur Alexandre de Moraes, qui résume l'ensemble des investigations et éléments du dossier avant les plaidoiries du procureur général et des avocats de la défense. Avant de présenter son rapport, l'influent et controversé Moraes, ciblé par de lourdes sanctions financières de l'administration Trump, a déclaré : « L'histoire nous enseigne que l'impunité n'est pas un espace pour la pacification. Le chemin apparemment plus facile de l'impunité laisse des cicatrices traumatiques et mine la démocratie, comme le démontre le passé récent du Brésil ». Lire aussi : Brésil : l'ex-président Bolsonaro sommé de s'expliquer sur une demande d'asile en Argentine C'est la première fois depuis la fin de la dictature militaire en 1985 qu'un ancien chef de l'Etat brésilien est jugé pour une tentative de rupture démocratique. Les votes des cinq magistrats de la Première chambre interviendront lors des prochaines audiences, la condamnation ou l'acquittement étant décidé à la majorité de trois voix. Les accusés répondent de crimes graves, notamment : organisation criminelle armée, tentative d'abolition violente de l'Etat de droit, tentative de coup d'Etat, ainsi que détériorations de biens publics lors des émeutes du 8 janvier 2023. L'enquête mentionne également un plan visant l'assassinat du président Lula, de son vice-président Geraldo Alckmin et du juge Moraes. Des milliers de policiers ont été mobilisés dans la capitale. La place des Trois Pouvoirs, qui abrite le palais présidentiel, le Congrès et la Cour suprême, est placée sous contrôle strict. Des unités spéciales, drones et équipes de renseignement ont été déployés pour prévenir tout débordement, plus de deux ans après l'assaut du 8 janvier 2023 contre ces mêmes institutions. Inéligible jusqu'en 2030, Bolsonaro clame son innocence et se dit victime d'une « persécution politique », à un peu plus d'un an de l'élection présidentielle de 2026. Son procès est au cœur d'une crise sans précédent entre le Brésil et les Etats-Unis. Invoquant une « chasse aux sorcières » contre son allié, le président américain Donald Trump a imposé depuis le 6 août une surtaxe de 50% sur une partie des exportations brésiliennes.