Dans une démarche inédite, les walis et gouverneurs ont dépêché pachas et caïds hors de leurs districts pour démanteler l'urbanisme sauvage. Ce coup de barre a mis au jour des chantiers clandestins oubliés, tout en renforçant la coopération entre zones voisines. Face aux critiques sur des démolitions brutales et des délais dilatoires, l'Etat se veut désormais plus ferme et transparent. Il y a peu, les walis et gouverneurs ont réuni pachas et caïds à l'échelle du Royaume pour orchestrer une vaste offensive contre l'urbanisme sauvage. Dorénavant, ces représentants de l'Etat seront déployés hors de leur zone de prédilection afin de repérer et sanctionner toute construction érigée en infraction aux règles d'urbanisme. Selon les médias, cette manœuvre traduit une volonté intransigeante : faire respecter la loi de bout en bout et bannir toute forme de laxisme. Forts de cette nouvelle mission, les caïds seront détachés de leurs zones habituelles pour traquer avec précision et rapidité les constructions hors la loi. Sur le terrain, cette opération choc a permis de dévoiler, dans de nombreuses villes, des chantiers illégaux restés en suspens pendant des années malgré des textes réglementaires explicites. L'action s'est transformée en un dispositif d'inspection systématique, avec une meilleure coordination entre territoires voisins. Pour limiter les tensions liées aux démolitions, le dialogue avec les riverains et la planification des interventions ont été instaurés. Le ministère de l'Intérieur a d'ailleurs reçu de plus en plus de plaintes : des démolitions jugées expéditives, menées parfois sans respect des procédures, contre des surélévations ou des maisons construites dans des zones réservées aux villas. Beaucoup de riverains assurent qu'ils n'ont rien fait d'illégal et s'étonnent de ces décisions prises à la hâte, notamment autour de Casablanca et dans les quartiers où les cafés et les restaurants squattent sans autorisation le domaine public. Par ailleurs, certains services ont pointé du doigt la mollesse de quelques autorités locales, qui ont laissé filer des constructions hors la loi, alors que l'article 69 de la loi 12‐90 prévoit un délai de trente jours pour démolir aux frais du contrevenant. Plus troublant encore, ce délai a, dans plusieurs cas, été prolongé jusqu'à 18 mois, offrant aux promoteurs le temps de bidouiller leurs plans et de contourner la loi. Enfin, il semblerait que certains élus aient freiné des opérations en privant les caïds des engins ou en faisant barrage aux décisions de justice. Sur le terrain, les agents d'autorité déplorent cette justice à deux vitesses : certains gros dossiers sont expédiés en un temps éclair, tandis que d'autres restent bloqués sans explication.