Un vent nouveau souffle sur la scène diplomatique à Washington. Vendredi 11 avril, le représentant républicain Joe Wilson, figure influente du Congrès américain, a annoncé son intention de déposer une proposition de loi visant à inscrire le Front Polisario sur la liste noire des organisations terroristes étrangères du Département d'Etat. Une initiative aux résonances géopolitiques profondes, dans un contexte de mobilisation croissante du Maroc auprès des cercles décisionnels américains. Membre éminent de la Chambre des représentants pour l'Etat de Caroline du Sud, Joe Wilson ne mâche pas ses mots. Dans une déclaration publiée sur le réseau X (anciennement Twitter), il accuse ouvertement le mouvement indépendantiste sahraoui d'agir comme un vecteur de l'influence conjointe de Téhéran et de Moscou sur le continent africain. « L'Iran et Vladimir Poutine s'emploient à s'implanter en Afrique par l'intermédiaire du Polisario. Il suffit de relier les faits : un axe d'agression est à l'œuvre », a-t-il martelé, en liant directement les ambitions du Polisario à celles des deux puissances rivales des Etats-Unis. La proposition de loi, encore à l'étape de projet, s'inscrirait, si elle était adoptée, dans une rupture significative par rapport aux positions traditionnellement prudentes de l'administration américaine sur le Sahara occidental. Elle contribuerait à renforcer l'ancrage du point de vue marocain dans les textes législatifs fédéraux. Lire aussi : Les Etats-Unis réaffirment leur appui à la souveraineté marocaine sur le Sahara, imprimant une dynamique au Conseil de sécurité Dans sa déclaration, le parlementaire réaffirme son soutien sans équivoque au plan d'autonomie présenté par le Maroc comme solution au conflit saharien. Il qualifie cette initiative de « seule voie réaliste et durable » pour parvenir à une sortie de crise. Cette position s'aligne avec celle du sénateur Marco Rubio, figure de proue de la diplomatie américaine au Sénat, ainsi qu'avec les récentes déclarations de Lisa Kenna, sous-secrétaire d'Etat, à l'issue de son échange avec l'émissaire onusien Staffan de Mistura. « L'autonomie authentique sous souveraineté marocaine constitue la seule issue praticable », insiste Joe Wilson, confortant ainsi la position que défend activement Rabat dans ses échanges bilatéraux avec Washington. L'annonce de Joe Wilson ne surgit pas dans le vide. Elle intervient alors que le Maroc intensifie ses efforts de lobbying auprès des institutions américaines, notamment au sein du Capitole, siège du Congrès. Depuis plusieurs mois, les diplomates marocains multiplient les consultations avec les parlementaires et les hauts responsables américains, dans l'espoir d'ancrer durablement leur lecture du dossier saharien dans la politique étrangère des Etats-Unis. Ce regain d'activisme coïncide avec une reconfiguration stratégique du dossier saharien sur la scène internationale, où les enjeux énergétiques, sécuritaires et géopolitiques prennent une importance croissante. L'implication présumée de puissances comme l'Iran ou la Russie, avancée par le camp républicain, vient ajouter une dimension nouvelle à ce dossier vieux de plus de cinquante ans. Si la proposition de loi venait à franchir les étapes législatives nécessaires pour être adoptée, elle marquerait une inflexion historique dans l'approche américaine du conflit saharien. Au-delà du symbole, une telle désignation du Polisario comme entité terroriste aurait des implications pratiques considérables, notamment en matière de sanctions, de coopération sécuritaire et d'aide étrangère.