Le 13 novembre, lors de la conférence 2024 de l'Association des Sociétés de Gestion et Fonds d'Investissement Marocains (ASFIM), Brahim Benjelloun Touimi, Président du Conseil d'Administration de la Bourse de Casablanca, a prononcé un discours mêlant bilan, perspectives et aspirations pour le secteur financier marocain. Ce rendez-vous annuel a été l'occasion de rassembler les principaux acteurs de la gestion d'actifs autour des défis et opportunités d'une industrie clé pour l'économie nationale. Dès les premières minutes de son intervention, Brahim Benjelloun Touimi a rappelé l'importance stratégique du secteur de la gestion d'actifs au Maroc. Avec 670 milliards de dirhams sous gestion, cette industrie représente près de la moitié du produit national brut (PNB) et des dépôts bancaires. Ces chiffres impressionnants témoignent de la solidité de ce secteur, qui joue un rôle central dans le financement de l'économie. « L'industrie de la gestion d'actifs est non seulement le premier souscripteur des emprunts d'Etat, mais également un acteur clé des introductions en Bourse et des échanges sur la chaîne des capitaux, représentant un tiers de ces derniers. Ces réalisations reflètent la capacité de cette industrie à canaliser l'épargne nationale vers des projets ambitieux, alignés avec les priorités économiques du pays », a-t-il déclaré avec conviction. L'événement a également été marqué par une allusion à un tournant majeur dans l'histoire financière marocaine : la transformation de la Bourse de Casablanca en un groupe structuré. Brahim Benjelloun Touimi a salué cette évolution, qui fédère désormais un marché au comptant, actif depuis 1929, et un marché à terme, récemment lancé. Ce dernier repose sur une infrastructure robuste, notamment la création d'une Chambre de Compensation qui sécurise les transactions. Cette restructuration a été réalisée avec le soutien des plus hautes autorités, notamment la Ministre de l'Economie et des Finances, le Gouverneur de Bank Al-Maghrib, et la Présidente de l'Autorité Marocaine du Marché des Capitaux. « Ce moment historique consacre une vision stratégique visant à renforcer la place de Casablanca comme hub financier régional », a-t-il souligné. L'intégration de MarocLear, institution de référence créée en 1997, illustre cette ambition. « MarocLear, tiers de confiance dans le paysage financier marocain, joue un rôle déterminant dans la sécurisation des transactions et le développement des infrastructures de marché », a ajouté Brahim Touimi Benjelloun. Lire aussi : Brahim Benjelloun Touimi : Un changement dans la continuité à la Bourse de Casablanca Une vision pour l'avenir Au-delà du bilan, le Président de la Bourse de Casablanca a mis l'accent sur les défis et les opportunités à venir. Il a notamment insisté sur l'importance d'élargir l'assiette de l'épargne en s'adressant aux revenus modestes et en promouvant l'inclusion financière. « Il est impératif de mobiliser une épargne à long terme qui soit accessible à tous, en intégrant les populations souvent exclues des circuits financiers traditionnels », a-t-il affirmé. L'innovation technologique constitue également un levier majeur pour cette transformation. Brahim Benjelloun Touimi a évoqué les impacts de l'intelligence artificielle, de la blockchain et des plateformes numériques sur les stratégies de gestion d'actifs, la gestion des risques et l'analyse des marchés. « Ces outils révolutionnent les processus et ouvrent de nouvelles perspectives, mais ils nécessitent également une adaptation rapide des acteurs du secteur », a-t-il expliqué. Il a également plaidé pour une finance plus inclusive et durable, alignée avec les Objectifs de Développement Durable (ODD) à l'horizon 2030. « Les critères ESG doivent devenir des piliers centraux de nos fonds d'investissement, afin de maximiser l'impact positif sur l'environnement et la société », a-t-il insisté. La marocanité et l'africanité comme leviers de croissance Dans son discours, Brahim Benjelloun Touimi a brillamment articulé les ambitions financières du Maroc autour de deux axes : la marocanité et l'africanité. Il a salué la vision royale, qui positionne le Maroc comme un leader en Afrique, capable de fédérer les pays autour d'un projet commun tel que l'Alliance de l'Afrique Atlantique. « Il est temps de rêver grand, de se projeter dans un Maroc leader en Afrique, un Maroc qui capitalise sur sa position stratégique et son savoir-faire pour devenir une référence en matière de marchés de capitaux », a-t-il déclaré, en citant Anatole France : « Pour accomplir de grandes choses, nous devons non seulement agir, mais aussi rêver. Nous devons non seulement planifier, mais aussi croire. » Il a également appelé à un marché des capitaux africain unifié, en commençant par une régionalisation progressive. « La coopération entre les marchés de capitaux africains est essentielle pour attirer les investisseurs internationaux et stimuler la croissance économique du continent », a-t-il ajouté. Malgré les opportunités, Brahim Benjelloun Touimi n'a pas occulté les défis auxquels fait face l'industrie de la gestion d'actifs. Il a notamment mentionné la concurrence croissante des fonds passifs, tels que les Exchange-Traded Funds (ETF), qui remettent en question les modèles traditionnels de gestion active. « Les sociétés de gestion doivent innover pour maintenir leur compétitivité et répondre aux attentes des investisseurs, tout en tenant compte des transformations rapides du marché international », a-t-il averti. Il a également plaidé pour une meilleure mobilisation des ressources des Marocains Résidant à l'Etranger (MRE), une part encore marginale des actifs sous gestion. « Les MRE représentent une avenue d'opportunités qui mérite d'être pleinement exploitée, tant pour leur potentiel financier que pour leur rôle dans la promotion de l'économie marocaine à l'étranger », a-t-il souligné. Un appel à l'optimisme et à la responsabilité collective Pour conclure, M. Benjelloun a appelé à conjuguer pragmatisme et optimisme dans la poursuite des ambitions économiques du Maroc. « Nos chances de succès se démultiplient lorsque nous faisons preuve d'enthousiasme et de foi en nos capacités nationales, institutionnelles et humaines », a-t-il déclaré. En évoquant le rôle crucial du capital humain, il a lancé un appel vibrant aux responsables du secteur : « Nous devons être plus que des dirigeants d'entreprise. Nous devons devenir des 'Chief Meaning Officers', des leaders qui donnent du sens à ce que nous entreprenons et à ce que nous léguerons aux générations futures. » Cette conférence 2024 de l'ASFIM aura donc été bien plus qu'un simple rendez-vous technique. Elle aura marqué une étape importante dans la réflexion collective sur l'avenir financier du Maroc, sous l'impulsion d'un leader visionnaire, Brahim Touimi Benjelloun, porteur d'un message d'ambition, d'inclusion et de durabilité.