Le Royaume a entamé un processus de croissance endogène, auto-entretenue grâce à l'outil du capital humain qui permet de considérer le progrès technique comme endogène. À ce titre, la croissance économique demeure un des objectifs premiers de la politique économique dans un contexte de réduction du taux directeur à 2,75%. Au troisième trimestre 2024, la croissance devrait s'accélérer, soutenue par une demande intérieure robuste et une politique monétaire idoine. Selon les prévisions du Haut-Commissariat au plan, la croissance devrait atteindre 3,2% après une progression de 2,9% au deuxième trimestre et 2,5% au premier trimestre. Ainsi la valeur ajoutée des activités hors agriculture devrait afficher une amélioration de 3,9% en variation annuelle, reflétant le repli de 5,1% de la valeur ajoutée agricole. La demande intérieure a soutenu la croissance, une tendance qui devrait se poursuivre au troisième trimestre dans un contexte d'inflation maitrisée à +0,8%, permettant ainsi une amélioration du pouvoir d'achat. Par ailleurs, la politique monétaire a été marquée par une réduction récente du taux directeur à 2,75%, également attendue pour soutenir cette croissance en facilitant l'accès au crédit. Cependant des paramètres impondérables tendent à impacter l'économie marocaine tels que la demande européenne et les conditions géopolitiques, ainsi que les défis internes liés à la gestion des investissements industriels et aux contraintes climatiques, imposant une vigilance continue pour atteindre les objectifs de croissance. Par ailleurs, la demande intérieure va continuer à se renforcer et plus particulièrement dans les secteurs manufacturiers et les services d'hébergement, tandis que les industries alors que les industries extractives et de construction devraient continuer à jouer un rôle crucial, soutenues par une forte demande locale et internationale. Au niveau des industries manufacturières, il y a une croissance anticipée de 4,7% qui serait stimulée par un regain des exportations de textile, de matériel électrique et de l'industrie automobile, et ce malgré des contraintes d'approvisionnement en intrants. Lire aussi : Conjoncture : Hausse de la croissance, portée par la consommation Les experts estiment que l'industrie de l'automobile est restée sous contraintes de difficultés d'approvisionnement en intrants et de la faible dynamique de la demande sur le marché européen au second trimestre. Quant au secteur tertiaire notamment le tourisme et le transport, ils devraient également bénéficier d'une demande accrue. Par rapport à la consommation des ménages, il devrait augmenter de 3,2%, stimulée par l'augmentation du pouvoir d'achat, d'une baisse de l'inflation, d'une augmentation des salaires de fonctionnaires ainsi que par l'aide directe aux familles pauvres. Les prévisions concernant les exportations sont en hausse, la contribution de la demande extérieure nette à la croissance économique resterait négative, principalement en raison d'une augmentation plus rapide des importations. Evaluations macroéconomiques et financières au Maroc Après une faible performance économique en 2022, avec une croissance de seulement 1,3 %, la croissance a rebondi en 2023 pour atteindre 3,02 %, en raison du regain des activités agricoles et des services ainsi qu'à une de la demande intérieure en reprise modérée. L'inflation est tombée à 6,1 % en 2023, après avoir culminé à 6,6 % en 2022, les pressions inflationnistes importées s'étant atténuées. Le Maroc, pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, dispose d'un revenu par habitant de 9 410 dollars en termes de parité de pouvoir d'achat en 2022. Cette avancée doit être consolidée par une croissance plus inclusive pour réduire le taux de pauvreté qui est passé de 3 % en 2021 à 4,9 % en 2022 et atténuer la hausse du taux de chômage qui est passé de 11,8 % en 2022 à 13 % en 2023, touchant particulièrement les jeunes (35,8 %), les diplômés du supérieur (19,7 %) et les femmes (18,3 %). Perspectives et risques La croissance du PIB devrait modérément augmenter pour atteindre 3,5 % en 2024 et se renforcer pour atteindre 3,8 % en 2025, sous l'effet d'une hausse des investissements. L'inflation devrait diminuer légèrement pour atteindre 4,1 % en 2024 et 3,8 % en 2025, en raison de la baisse des cours mondiaux des denrées alimentaires. Le déficit budgétaire pourrait diminuer progressivement pour atteindre 4,4 % du PIB en 2024 et 4,2 % en 2025, grâce à la reprise économique et à la baisse des subventions sur les prix du butane. Les perspectives de croissance pourraient être réduites par de faibles précipitations ou un ralentissement de la croissance économique dans l'Union européenne, ce qui pourrait détériorer les termes de l'échange. Les tensions croissantes liées à l'invasion de l'Ukraine par la Russie pourraient provoquer un nouveau choc sur les prix des denrées alimentaires. La transformation structurelle s'est déroulée lentement et a bénéficié au secteur des services, avec un transfert de main-d'œuvre de l'agriculture vers les services et l'industrie. De 2011 à 2022, le secteur des services représentait 52 % du PIB et employait 42,3 % de la population active. Au cours de la même période, le secteur industriel représentait environ 25 % du PIB et le secteur manufacturier 14,7 %. La part de l'industrie manufacturière dans l'emploi est passée de 12,2 % en 2000 à 11 % en 2019. L'agriculture représentait environ 35 % de l'emploi sur la période 2011–2022. Le pays a préparé un nouveau modèle de développement pour renforcer sa transformation structurelle en la rendant plus inclusive. Ce modèle promeut l'industrie manufacturière, l'intégration commerciale, la connectivité des infrastructures et le développement du capital humain. Pour mettre en œuvre ce modèle tout en tirant parti de l'architecture financière mondiale, le Maroc doit maintenir l'accès à des volumes élevés de financement extérieur à faible coût et à longue échéance.