Les compagnies publiques sud-africaines ont perdu des milliards de rands durant les cinq dernières années à cause de la corruption, ce qui a nécessité l'intervention de l'Etat pour les maintenir à flot, a indiqué jeudi le ministre des Entreprises publiques, Pravin Gordhan. «Toutes les entreprises d'Etat ont été affectées par les effets de la capture de l'Etat», a déclaré M. Gordhan en réponse à une question écrite au Parlement sur les pertes subies par les six principales entités publiques depuis l'installation de l'actuel gouvernement en 2019. En Afrique du Sud, la «capture de l'Etat» est un phénomène qui renvoie aux vastes détournements de fonds et de fraude opérés par des dirigeants politiques et des hommes d'affaires durant les deux mandats de l'ancien Président Jacob Zuma. Le ministre a ajouté que depuis que la sixième administration a pris le pouvoir, plus de 15 milliards de dollars (280 milliards de rands) ont été investis pour renflouer les entreprises en détresse telles que Eskom (électricité), South African Airways (transport aérien) et Transnet (Ports et chemins de fer). Lire aussi : La corruption en Afrique du Sud a atteint des niveaux «alarmants» «Même si l'argent injecté dans ces sociétés est destiné à garantir qu'elles remplissent leurs mandats respectifs et non à réaliser des bénéfices et à verser des dividendes, les crises qu'elles traversent montrent qu'elles sont encore loin de se rétablir», a-t-il poursuivi. De même, M. Gordhan a estimé que l'allégement de la dette de ces entreprises grâce aux renflouements du gouvernement n'est pas suffisant de ramener, à lui seul, les entreprises publiques à la viabilité financière», notant que la voie la plus recommandée est l'augmentation de leurs tarifs. L'Afrique du Sud s'est engluée pendant plus d'une décennie dans une corruption endémique qui a fragilisé les structures de l'Etat et dévasté les entreprises publiques. Les conclusions du rapport de la Commission d'enquête sur la capture de l'Etat, publiées en 2022, ont révélé comment les institutions publiques ont été « détournées » par la politique du déploiement des cadres du Congrès national africain (ANC au pouvoir). Le rapport de la Commission dite Zondo, du nom du juge en chef Raymond Zondo, a révélé que la corruption était devenue systémique dans toutes les administrations et impliquait de hauts responsables de l'ANC, dont l'ex-président Jacob Zuma.