L'Otan devrait mettre fin à plus d'une décennie de coupes dans ses effectifs en créant deux nouveaux centres de commandement, une réorganisation qui doit lui permettre de renforcer encore sa « dissuasion » vis-à-vis de la Russie. Lors de leur réunion mercredi et jeudi à Bruxelles, les ministres de la Défense de l'Alliance atlantique devraient donner leur feu vert à une révision de sa « structure de commandement« , décrite par son secrétaire général, Jens Stoltenberg, comme sa « colonne vertébrale« . « Ceci inclura un nouveau commandement pour aider à protéger les routes de communications maritimes entre l'Amérique du Nord et l'Europe et un autre commandement pour améliorer le mouvement de troupes et d'équipements au sein de l'Europe« , a précisé M. Stoltenberg mardi lors d'une conférence de presse au siège de l'Otan. « Notre capacité à déplacer des forces est essentielle pour la dissuasion et notre défense collective« , a-t-il insisté. « Nous avons vu que nous avions besoin de plus de dissuasion contre l'empiètement russe à l'Est après (l'annexion de) la Crimée » par la Russie en mars 2014, a souligné l'ambassadrice américaine à l'Otan, Kay Bailey Hutchison. « C'est pour cette raison que nous avons commencé à regarder (…) ce que nous devions faire pour être plus efficaces » en termes de commandement, a-t-elle ajouté. Actuellement, l'Otan dispose de sept commandements, soit 6.800 hommes, contre 33 (et 22.000 hommes) du temps de la Guerre froide. Depuis 2002, cette infrastructure n'a cessé d'être réduite par une série de coupes et de réorganisations, mais la crise ukrainienne a entraîné un changement de posture face à une Russie jugée plus agressive. L'Otan a notamment déployé des bataillons dans les pays baltes et en Pologne. Créer deux nouveaux commandements « implique une augmentation des effectifs et c'est évidemment l'un des sujets » problématiques, a relevé un diplomate européen sous couvert d'anonymat. Le premier nouveau centre devra surveiller l'Atlantique et s'assurer que les liaisons maritimes entre les Etats-Unis et le Canada d'une part, l'Europe de l'autre, restent fluides et sans entraves. « Il est clair que l'Atlantique Nord, en raison des multiples activités marines et sous-marines des uns et des autres, est l'une des zones stratégiques » pour l'Otan, a expliqué le diplomate européen. Le deuxième centre, décrit par ce diplomate comme un « commandement de l'arrière« , doit oeuvrer à faciliter les renforts militaires vers l'Est. « Nous devons nous assurer que nos routes et nos ponts sont assez solides pour supporter nos véhicules les plus gros, et que les réseaux ferrés sont équipés pour le déploiement rapide de tanks et d'équipements lourds« , a décrit M. Stoltenberg. Le chef de l'armée de terre américaine en Europe, le général Ben Hodges, a estimé le mois dernier que « l'Alliance doit pouvoir se déplacer aussi vite ou plus vite que les forces de la Fédération de Russie si nous voulons que notre dissuasion soit efficace« .