L'Union européenne envisage de faire payer plus cher le visa Schengen, qui permet de voyager dans 26 pays du continent. Cette mesure, qui vise à financer les nouveaux systèmes de contrôle des frontières, risque de compliquer encore plus l'accès des Marocains à l'espace Schengen, déjà confrontés à un taux élevé de refus de leurs demandes. Le projet de règlement délégué publié le 14 janvier 2024 sur le portail de la Commission européenne, le prix du visa Schengen pourrait passer de 80 € à 90 € pour les adultes, et de 40 € à 45 € pour les enfants, soit une augmentation de 12.5 %. Cette révision, qui doit encore être approuvée par le Parlement européen et le Conseil, entrerait en vigueur le 1er juillet 2024. Selon Bruxelles, cette hausse se justifie par le besoin de financer les nouveaux systèmes de contrôle des frontières, tels que l'autorisation de voyage électronique ETIAS, le système d'entrée/sortie EES, ou le visa Schengen numérique EU VAP, qui seront progressivement mis en place d'ici 2030. Ces systèmes visent à renforcer la sécurité et la gestion des flux migratoires dans l'espace Schengen, mais aussi à faciliter les procédures de demande de visa et à réduire les délais de traitement. La Commission européenne affirme que cette augmentation du tarif du visa Schengen est proportionnelle au taux d'inflation au sein de l'UE depuis la dernière révision en 2006, et qu'elle reste inférieure au coût moyen d'un visa pour les pays tiers, qui s'élève à 125 €. Elle assure également que cette mesure n'affectera pas les pays bénéficiant d'accords de facilitation de visa, ni les frais pour les prolongations de visa Schengen, qui resteront à 30 €. Par ailleurs, la proposition a reçu le soutien d'une « écrasante majorité » des Etats membres lors d'une réunion avec des experts le 20 décembre 2023. Elle invite les citoyens européens à exprimer leur avis sur cette réforme jusqu'au 1er mars 2024, date à laquelle le projet de règlement délégué sera transmis au Parlement européen et au Conseil pour adoption. Les Marocains, parmi les plus touchés par le refus des visas Schengen Si cette hausse du prix du visa Schengen se confirme, elle risque de pénaliser davantage les Marocains, qui font partie des nationalités les plus touchées par le refus des visas Schengen. Selon les statistiques du site schengenvisainfo.com, le Maroc se classe au quatrième rang mondial des pays ayant le plus de demandes de visa Schengen rejetées en 2022, avec 119.346 refus sur un total de 423.201 demandes déposées, soit un taux de 28,2 %. Ce taux est nettement supérieur à la moyenne de l'espace Schengen, qui est de 9,9 %. Les principaux pays qui refusent les visas Schengen aux Marocains sont la France et l'Espagne, qui représentent à eux seuls 85 % du total des rejets. Ces deux pays sont aussi les plus sollicités par les voyageurs marocains, qui souhaitent rendre visite à leurs proches, faire du tourisme, ou poursuivre leurs études en Europe. Les motifs de refus invoqués par les consulats sont souvent liés à l'insuffisance des ressources financières, à l'absence de garanties de retour, ou à la non-conformité des documents fournis. Ces refus ont un coût non négligeable pour les Marocains, qui ont dépensé en 2022 près de 3 millions d'euros en frais de visa Schengen non remboursables. Ce montant pourrait augmenter de 25 % si le prix du visa Schengen passe à 90 €. Par ailleurs, ces refus ont un impact négatif sur les relations entre le Maroc et l'Union européenne, qui se veulent pourtant fondées sur le partenariat et la mobilité. Pour contourner ce dispositif très rigide, des associations marocaines appellent à plus de transparence, de flexibilité et de réciprocité dans l'octroi des visas Schengen. Elles demandent également à bénéficier d'accords de facilitation de visa, comme c'est le cas pour d'autres pays voisins, tels que la Tunisie ou l'Algérie. Les Marocains espèrent que les nouveaux systèmes de contrôle des frontières, qui seront mis en place dans les prochaines années, permettront de simplifier les procédures de demande de visa et de réduire les délais de traitement, tout en respectant les droits et les intérêts des voyageurs marocains, notamment la protection des données.