L'Afrique du Sud retient son souffle à l'annonce de la grève générale à laquelle le parti des Combattants pour la liberté économique (EFF – opposition) a appelé, ce lundi 20 mars, pour dénoncer les délestages électriques récurrents, la persistance de la crise économique, l'anarchie et le manque de leadership dans le pays. L'appel à une grève générale dans tout le pays a soulevé des inquiétudes quant au risque que les manifestations pourraient entraîner des violences, des destructions de biens et des pertes de vie, similaires aux troubles de juillet 2021. C'est que les tenants du pouvoir et les citoyens lambda sont toujours hantés par les évènements dramatiques des soulèvements qui ont ravagé les provinces de KwaZulu Natal et de Gauteng qui comprend la capitale Pretoria et la métropole économique Johannesburg. Ces émeutes ont entrainé le chao et causé plus de 450 morts et des dégâts matériels considérables estimés à plus de trois milliards de dollars. Des marches et des manifestations sont aussi prévues dans les grandes villes, mais les lieux sont délibérément gardés secrets, pour créer l'effet surprise. Des affiches de rue annonçant la grève générale ont été installées dans toutes les grandes villes, alors que des bakkies de marque EFF ont également été vus sillonnant les rues avec des haut-parleurs, avertissant les entreprises de fermer le jour de la grève ou de faire face à des pillages. De surcroit, une large mobilisation a été entreprise dans diverses plateformes de communication pour que les membres du public rejoignent cette action de protestation d'envergure. Lire aussi : Manifestations antigouvernementales en Afrique du Sud : 87 personnes arrêtées Mais pourquoi tant d'agitation des autorités à l'annonce de ce mouvement de grève nationale, pourtant garanti par la constitution ? Plusieurs raisons peuvent ainsi être avancées : En plus du coût extrêmement élevé en termes de pertes économiques, la controverse est inextricablement liée au fait que la grève générale est organisée par l'EFF, un parti d'obédience radicale et dont l'association publique avec la violence a été récemment cimentée lors du discours sur l'état de la nation du Président Cyril Ramaphosa, lorsque les députés de ce parti d'opposition ont pris d'assaut la scène et semblaient se diriger droit vers le chef de l'Etat jusqu'à ce que la sécurité intervienne. En tant que tel, on peut raisonnablement s'attendre à ce que les manifestations et les marches de lundi s'accompagnent d'un certain degré de désordre, et ce malgré les assurances données par le gouvernement. Force est de constater que dans les régions sud-africaines durement touchées par les émeutes de juillet 2021, l'ambiance est particulièrement tendue. Les habitants des petites villes de la périphérie de Durban affirment qu'ils étaient préparés à une répétition du carnage de juillet 2021 qui a fait des centaines de morts. Les cicatrices sont encore très profondes dans ces zones, avec une perception apparemment répandue que ni les médias ni les autorités n'ont correctement saisi l'ampleur du chaos et de la violence dans la province du KwaZulu-Natal qui ont accompagné l'emprisonnement de l'ancien Président Jacob Zuma. Certains groupes communautaires ont commencé à paniquer, tandis que d'autres recommandent aux familles et aux individus de s'approvisionner en nourriture et autres biens essentiels, avertissant que la grève pourrait être le début d'une flambée de violence similaire ou pire que les violences de juillet 2021. Avec MAP