Alger doit s'en faire drôlement, deux de ses meilleurs alliés, l'Afrique du Sud et le Cuba s'enflamment sous des étincelles d'émeutes et de manifestations aux relents de révoltes populaires. L'Algérie n'est, du reste, pas en reste. A Johannesburg, capitale économique de l'Afrique du Sud, ces derniers jours de la seconde décade de juillet ont eu des allures trompeurs de fête de... la casse. Cela a commencé dimanche jour du seigneur et depuis, les commerces sont pillés régulièrement et on assiste tout autant à des batailles avec usage d'armes à feu, des violences, des émeutes et ça « continue encore et encore ». Le point de départ de l'incendie, c'est après que, l'ex président jugé à 15 mois d'emprisonnement, Jacob Zuma, se soit livré le mercredi 7 juillet 21 à une station de police à Estcourt, dans le Kwazulu Natal, à la fois sa région d'origine et son bastion. Il a fallu moins de trente six heures pour que le chaos commence et n'emporte des régions entières, comme celles du Gauteng et du KwaZulu-Natal, avec un grand risque que les protestations et les pillages se généralisent et se propagent à d'autres provinces et dans tout le pays. La police est débordée, et l'armée a été sollicitée par le président Cyril Ramaphosa afin de mettre fin aux pillages. On a fait appel à des milliers de réservistes de l'armée, c'est du jamais vu depuis l'ultime décade du siècle dernier. Pour ce qui est du décompte macabre pour la journée de jeudi, il a grimpé à mi-journée à 117 décès pour la bonne cause et près de 1 500 personnes ont été arrêtées jusqu'à présent. Pour Thabo Makgoba, archevêque anglican, c'est évident, c'est le langage des sans voix : « Quand les gens se couchent affamés, au chômage, dominés et marginalisés, le bien en eux peut être dépassé, surtout si nous ne voyons pas de fin à nos souffrances». Mais la raison de la protestation, il faut la voir également dans : « Des forces bien plus profondes que la colère suscitée par l'emprisonnement de l'ancien président Jacob Zuma sont à l'œuvre dans le chaos auquel nous assistons ». C'est connu, la politique sud-africaine est caractérisée par une corruption endémique qui remonte jusqu'aux plus hauts niveaux de l'Etat. Quant à la situation économique de l'Afrique du Sud, on peut dire, sans peur et sans reproche, qu'elle est catastrophique, surtout avec la crise sanitaire qui frappe le pays lourdement. On est bien loin de l'Afrique du Sud et de son économie dynamique. Aujourd'hui, « this time for Africa », elle tombe en ruine. Mais..., suivons d'autres regards. Le pouvoir cubain a déclaré, hier mercredi 15 juillet, « tirer des enseignements » et annoncé une première salve de "miettes" à titre de mesures, histoire de contenir une population en ébullition et qui trois jours durant, s'était adonnée à des manifestations historiques. Le chef du gouvernement Manuel Marrero a déclaré, -c'est un mdr manifeste- à la télévision nationale cubaine qu'il avait décidé d'« autoriser de façon exceptionnelle et temporaire l'importation par les passagers, dans leurs valises, d'aliments, produits d'hygiène et médicaments, sans limite de valeur et sans taxes douanières, de mettre fin à la limitation des salaires et permettre l'installation dans une autre ville et bénéficier de la «libreta», (carnet d'approvisionnement), alors que c'était impossible auparavant. Ces mesures sont effectives « jusqu'au 31 décembre ». On comprend mieux le pourquoi de l'explosion populaire. Jeudi, le calme était apparemment revenu sur l'île, placée sous forte surveillance policière et militaire, notamment aux abords du Capitole à La Havane, siège du Parlement où a éclaté la rébellion. Ça prêterait à rire si ce n'était un drame. Voilà les deux pays avec lesquels s'accoquine volontiers, le régime de l'Algérie. Mais des évènements de la sorte ne doivent pas l'émouvoir outre mesure. D'ailleurs dans ce genre, l'Algérie est accoutumée aux complots fomentés à l'intérieur du pouvoir. Pour le dire, ni février 2019 et le Hirak qui s'en suivit, ou Octobre 1988 et ses violentes émeutes où l'on faisait état de 500 morts dans le pays (dont 250 à 300 rien qu'à Alger) et de milliers d'arrestations, n'ont jamais donné à réfléchir aux différents pouvoirs d'Algérie. On peut citer encore le « Printemps noir » en Kabylie et des émeutes, réprimées dans le sang par le régime. La répression fera 126 morts et plus de 5.000 blessés quant aux arrestations, il n'y a qu'à multiplier le nombre de blessés par deux ou trois et le nombre y est généralement. On ne remuera pas le couteau avec la décennie noire qui a fait 200 000 victimes en Algérie. Ces évènements bien plus qu'une révolte d'un mouvement citoyen, sont là pour désigner un certain climat oppressant d'une colère populaire bouillonnante. Des offenses que le peuple algérien, largement méprisé par tous les régimes en place ne saurait probablement, jamais oublier de peur de sombrer et s'en remettre à des mesures bienveillantes cubaines.