La démocratie prônée par les états de l'UE serait-elle une démocratie de façade? Cette question se pose avec d'autant plus d'acuité, que les récentes révélations du « Haaretz », un quotidien hébreu à grand tirage, sur le nombre des pays européens liés par un contrat d'achat avec NSO, la société israélienne éditrice du logiciel espion Pegasus, tant décrié par Amnesty International et Forbidden Stories, n'ont pas encore fini de choquer les citoyens européens, qui étaient jusqu'alors, intimement convaincus que leurs gouvernements respectifs, s'interdisent de recourir à l'utilisation d'un malware, capable d'espionner leur vie privée, via le ciblage de leur smartphone. Selon le Haaretz, les membres de la commission d'enquête du Parlement européen sur Pegasus et logiciels similaires (PEGA), ont véritablement eu le souffle coupé, lorsqu'ils ont appris de la bouche des responsables de NSO, que ce ne sont pas moins de 12 états sur les 27 membres de l'UE, qui exploitent actuellement le logiciel Pegasus, au moment où d'autres sources soutiennent que deux autres états du vieux continent, à savoir la Hongrie et la Pologne, auraient vu leur contrat gelé par l'entreprise israélienne. Pourtant, pas plus tard que l'an dernier, c'est quasi-exclusivement le Maroc, qui avait été mis sur la sellette par une kyrielle d'ONGs internationales des droits de l'homme et des médias français, n'ayant pas hésité à multiplier leurs tirs croisés pour accuser directement les services de sécurité marocains d'être en possession du logiciel Pegasus et de l'utiliser pour espionner massivement des opposants politiques, des avocats et des journalistes marocains et étrangers, voire même des ministres et chefs d'Etat européens, ainsi que des responsables d'instances onusiennes. Rejetant en bloc ces allégations infondées , Rabat les a clairement démenties et n'a cessé, en vain, de réclamer à ses détracteurs des éléments de preuves tangibles, pouvant étayer leurs assertions, avant de recourir à la justice compétente française, qui, sans surprise, s'est réfugiée derrière un artifice de procédure, pour prononcer l'irrecevabilité des plaintes engagées par le Maroc, sans pour autant permettre à ce pays souverain de défendre son honneur, face à celles et ceux qui se sont échinés à lui accoler l'étiquette humiliante « d'Etat voyou ». En accablant ainsi le Royaume, le but était surtout de conditionner subrepticement les opinions publiques du monde « libre » en les incitant à croire que la persécution des opposants et des voix critiques, jusque dans leur intimité et vie privée, ne peut avoir libre court et de surcroît, dans une totale impunité, qu'au sein des régimes autoritaires, à la différence des « démocraties authentiques », où ce genre de pratique est aussi inconcevable et immorale sur le plan de l'éthique politique, que condamnable et répréhensible, en vertu des principes constitutionnels et des textes législatifs en vigueur. Sauf qu'avec ce gros pavé lancé dans la marre par le Haaretz, ce n'est plus une hérésie d'en déduire que l'application pratique des valeurs démocratiques, régulièrement brandies par l'Europe des 27, se résume au proverbe suivant et bien connu : « faites ce que je dis et pas ce que je fais ». Lire aussi: HAARETZ: NSO Group compte 22 clients au sein de l'Union Européenne, et il n'est pas le seul fournisseur de logiciels-espion* Autrement dit, dans un monde multipolaire émergent et qui bouscule de plus en plus les stratégies politiques des « démocraties européennes » et par extension occidentales, ces dernières ont le droit absolu d'exploiter, de fabriquer et de commercialiser des logiciels espions, mais ce même droit ne peut être concédé aux autres états souverains non occidentaux, sous peine de devenir des parias de la communauté internationale et de se voir infliger des sanctions politiques injustifiées. L'explication invoquée : « chez nous en occident, nous avons une culture légaliste de l'espionnage, contrairement à vous autres pouvoirs politiques barbouzards du Maghreb et du Machrek ». Un raisonnement par l'absurde, qui apaise les consciences occidentales, mais qui est très loin de répondre à la logique universelle, lorsque l'on sait pertinemment que l'espionnage n'a jamais rimé avec la légalité. Et puis, Il a fallu attendre le scoop explosif du Haaretz, pour comprendre de manière irréversible que l'indépendance des médias européens n'est qu'une énième vue de cet esprit occidental souvent fourbe, lorsqu'il s'agit d'un pays au cœur des rivalités internationales, comme le Maroc, sachant qu'aucun desdits médias n'a osé brisé l'omerta sur les 12 membres de l'UE qui exploitent le logiciel Pegasus, sans doute depuis plusieurs années, et qu'aucun signe n'indique qu'ils ignoraient cette réalité longtemps dissimulée, ou encore que la PEGA était disposée à rendre public de manière transparente les informations rapportées par le Haaretz. Bien plus, tout en courant se cacher derrière les jupons des ONGs internationales, pour accuser sans preuves le Maroc d'utiliser Pegasus, ces mêmes médias ont fini par démontrer, du moins pour certains d'entre eux, qu'ils sont à la solde de véritables « démocratures » européennes, qui restent persuadées de leur capacité à faire courber l'échine du Royaume, en le forçant à faire des concessions sur sa souveraineté économique. Sauf que le Maroc n'est pas dupe et a su, tout au contraire, démontrer toute l'étendue de sa culture légaliste, pour affronter droit dans ses bottes, les barbouzeries occidentales, qui n'ont cessé de fleurir dans l'affaire Pegasus...derrière les masques des douze démocraties de l'UE.