La scène politique au Sénégal a été des plus mouvementées ces derniers temps, et pour cause : Une course rude et contre la montre pour briguer les 165 sièges que compte l'Assemblée Nationale, entre la Coalition Présidentielle dite « Benno Bokk Yaakaar : BBY » et l'Opposition. Après quelques jours d'attente et de « surenchères politiques » dans le pays de la « Téranga » inhérentes au scrutin qui a eu lieu le 31 juillet 2022, le verdict est enfin tombé jeudi 04 août 2022, par la Commission Nationale de Recensement des Votes (CNRV) qui vient de livrer les résultats officiels provisoires, en annonçant que la Coalition Présidentielle a perdu la majorité absolue à l'Assemblée nationale mais, demeure en tête des élections législatives. En langage des chiffres, BBY a pu décrocher 1.518.137 voix lors de ces Législatives, pour un total de 82 sièges, un score confortable ayant permis à la coalition présidentielle de s'imposer face à l'ensemble des autres coalitions en lice, selon le président de la CNRV, Ciré Aly Ba, qui s'exprimait lors d'un point de presse. Avec cette « performance », la coalition présidentielle passe de 125 députés en 2017 à 82 députés, sur un total de 165 sièges que compte l'Assemblée Nationale. Quid des coalitions de l'opposition ? Les résultats des urnes font ressortir que les coalitions d'opposition « Yewwi Askan Wi » en wolof : « Libérer le peuple » et « Wallu Sénégal » (Sauver le Sénégal) ont remporté 80 sièges, alors que trois autres députés sont issus de trois autres petites coalitions, toujours selon le patron de la CNRV. En accumulant un nombre de voix de 1.071.139, soit 56 députés, la coalition « Yewwi Asakan Wi », a occupé la deuxième place, alors que la coalition « Wallu Sénégal » dirigée par le Parti Démocratique du Sénégal (PDS), la formation politique d'Abdoulaye Wade, s'est adjugée la 3è place avec un total de voix de 471.517, correspondant à 24 sièges à l'hémicycle. → Lire aussi : Sénégal: la coalition au pouvoir perd la majorité parlementaire S'il ne s'agit bien évidemment que de résultats officiels jusque-là provisoires, les regards des Sénégalais restent, toutefois, complètement orientés vers le Conseil Constitutionnel qui dispose, d'un délai de 05 jours pour livrer les chiffres définitifs, si aucun recours n'est enregistré. Et comme dans toute compétition politique ou autre, il y a toujours un ou des mécontents, l'opposition sénégalaise, composée par les coalitions « Yewwi Askan Wi » et « Wallu Sénégal », a appelé peu avent la CNRV à suspendre l'annonce, jeudi 04 août, des résultats des Législatives, pour examiner ses plaintes à la suite d' »irrégularités » et de « fraudes. Animant une conférence de presse mercredi 03 août dans la soirée, Déthié Fall, responsable de l'alliance formée par les deux coalitions a déclaré : « On demande au président de la CNRV de suspendre la publication des résultats prévue jeudi pour nous permettre de relever toutes les irrégularités que nous avons notées dans les procès-verbaux ». Même son de cloche chez Aïda Mbodj, également responsable de l'alliance, qui a évoqué un « bourrage d'urnes » et de « procès-verbaux préfabriqués et sans signature », accusant ouvertement les alliés du « pouvoir » de les avoir créés eux-mêmes dans des localités du nord du Sénégal dont Matam, Podor, Ranérou et Kanel. Elle estime que l'enjeu porte sur « 200.000 voix » avant d'enchainer en affirmant que « le peuple sénégalais s'opposera à cette fraude massive ». La coalition présidentielle et l'opposition ont revendiqué chacune, dans un premier temps, la victoire aux législatives de dimanche, auxquelles quelque 7 millions de Sénégalais ont été appelés à voter. Toujours est-il que le taux de participation à ces échéances électorales s'est établi à 47%, selon le ministère sénégalais de l'intérieur. Un taux relativement faible, de l'avis des observateurs. + Des législatives qui illustrent la crédibilité du système électoral sénégalais, selon le président Macky Sall Présidant une réunion du Conseil des ministres, le Chef de la République Sénégalaise, M. Macky Sall s'est félicité, mercredi 03 août, de la crédibilité du système électoral sénégalais et de « l'exemplarité de la démocratie sénégalaise » à la suite de « l'excellente organisation » des élections législatives du 31 juillet. Dans un communiqué du Conseil des ministres, Macky Sall a mis en relief « le respect du calendrier électoral et du bon déroulement des élections législatives, dans le calme, la sérénité et la transparence, sur l'étendue du territoire national, en présence d'observateurs déployés par des organisations internationales et la société civile ». Le Chef de l'Etat a exhorté le gouvernement à l'effet de « préparer et d'accompagner l'installation, dans les meilleures conditions, des députés de la 14e législature». Il a promis de nommer un Premier ministre- poste qu'il avait supprimé puis rétabli en décembre 2021- au sein de la formation qui remporte les élections. + Grande satisfaction d'une mission d'observateurs de la CEDEAO : Une Mission d'Observation Electorale (MOE) au Sénégal, conduite par l'ancien Premier ministre et ancien président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouedraogo, et composé de 49 observateurs, s'est réjoui « des bonnes conditions de l'organisation du scrutin sur l'étendue du territoire et à l'extérieur », a indiqué la CEDEAO, dans une déclaration préliminaire, soulignant le caractère « paisible » et « transparent » du scrutin et « la bonne maitrise des procédures de vote ». « La mission a noté un taux de participation relativement faible dans la matinée et qui s'est sensiblement améliorée avant la fin du scrutin », a ajouté la CEDEAO, félicitant toutes les parties prenantes pour les efforts fournis jusque-là pour la tenue des élections dans un climat apaisé. Par ailleurs, elle a constaté une présence effective des représentants des candidats de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW), Benno Bokk Yaakaar (BBY) et Wallu Sénégal dans la plupart des bureaux de vote visités et des autres coalitions dans certains bureaux de vote et une présence visible et non obstructive des forces de sécurité à l'entrée de ces espaces de vote. La mission des observateurs a mis l'accent également sur la maîtrise des procédures de vote et le professionnalisme démontré par les agents électoraux. Sur un autre volet, la MOE a pu relever quelques insuffisances et incidents, notamment, l'interruption du vote dans certaines localités du pays due à une forte pluie et l'annonce prématurée des résultats par les différentes coalitions, fait savoir la déclaration. Elle a exhorté « toutes les parties prenantes au processus électoral à respecter les canaux réglementaires d'annonce des résultats et s'abstenir de toute proclamation des résultats qui pourrait affecter le climat apaisé observé jusque-là ». Elle a également recommandé aux partis politiques de s'abstenir de toute proclamation prématurée des résultats », de recourir aux voies de recours réglementaires en cas de contentieux, de former leurs membres à la citoyenneté et d'encourager et sensibiliser leurs partisans à requérir la carte d'électeurs auprès de la Direction de l'automatisation des Fichiers. La mission d'observation de la CEDEAO, par le biais de son équipe cadre, continuera d'observer les développements post électoraux et produira un rapport exhaustif sur le processus, a noté la déclaration, précisant qu'elle continue d'observer la suite du processus électoral et pourrait à nouveau se prononcer dès que nécessaire.