La conjoncture mondiale qui a favorisé les hausses des prix sur le plan international impacte les consommateurs et les entreprises marocains. Cependant, cette fluctuation semble conduire à d'autre conséquence sur le plan national où certains prix seraient manipulés. De cette possibilité, le Conseil de la concurrence veut maintenant approfondir cette question. Dans un communiqué en date du 14 avril 2022, le Conseil de la concurrence a annoncé sa propre enquête sur la flambée des prix des intrants et matières premières au niveau mondial et ses conséquences sur le fonctionnement concurrentiel des marchés nationaux. L'objectif du Conseil constitutionnel est de savoir si les perturbations du marché ont contribué à cette situation. La note d'information du Conseil de la concurrence présidée par Ahmed Rahhou définit la question : « Les hausses de prix constatées sur le marché intérieur sont-elles uniquement influencées par des facteurs exogènes liés à l'augmentation du prix des matières premières importées, ou sont-elles liées à des pratiques illégales sous Loi 104-12 relative, c'est-à-dire aux cartels ou à l'abus de position dominante ? » Lire aussi: Gaz butane: Le gouvernement « n'envisage pas de lever les subventions » Dans sa note, le Conseil relève que depuis le deuxième trimestre de l'année 2020, qui a coïncidé avec le début de l'allègement des restrictions sanitaires, les cours de la plupart des grandes familles des produits de base appelés communément «commodities» sont entrés dans une tendance haussière qui s'est renforcée courant 2021, puis s'est accentuée davantage durant le premier trimestre de 2022 où certains produits ont connu des niveaux de prix records. Soupçons d'intervention négative sur le marché Comme l'explique le Conseil, « les périodes de crise, comme celle que nous traversons actuellement, sont des périodes où des pratiques anticoncurrentielles peuvent apparaître sur les marchés des matières premières, certains acteurs du marché pouvant être tentés de maximiser leurs profits en augmentant leurs niveaux de marge ». Selon l'autorité constitutionnelle, l'enquête a pour but « d'identifier et de comprendre les causes profondes des récentes fluctuations des prix de vente au niveau national, d'évaluer leur impact sur les marchés nationaux et, le cas échéant, de recommander des mesures propres à assurer le fonctionnement concurrentiel pour rétablir ces marchés ». Premières cibles : l'alimentation, des carburants et des matériaux de construction L'annonce du Conseil Compétitivité porte sur plusieurs structures de marché, notamment les marchés de l'alimentation, de l'énergie et des matériaux de construction. En ce qui concerne les produits énergétiques, la note rappelle que le Maroc dépend totalement des importations en gasoil, essence et Fuel-oils. Il s'agit des produits importés qui connaissent les plus fortes augmentations de leur prix vu que ce dernier a affiché 5193 Dh/t en 2021, en accroissement d'environ 38,5% en glissement annuel. La hausse est très accentuée en janvier 2022/2021 et dépasse les 60%. Ainsi, treize produits appartenant à trois grands groupes de produits de base ont été sélectionnés pour faire l'objet de l'avis. Selon le document d'information, ces catégories ont été sélectionnées parce qu'elles répondent à trois critères. Le premier critère porte sur la nature des produits (essentiels ou non), le deuxième sur leur degré de dépendance vis-à-vis des marchés internationaux (produits fabriqués localement ou importés), et le troisième sur le niveau des hausses de prix sur le marché local (très augmente). Les aliments sont la farine de blé tendre, les engrais azotés, le beurre, les lentilles et le lait en poudre. Les produits énergétiques seront le gaz et le pétrole, l'essence, le mazout et le charbon. Parallèlement, le marché des matériaux de construction est examiné, et en particulier pour l'acier ou les barres d'armature, le verre, l'aluminium et le cuivre.