L'Assemblée générale des Nations Unies a adopté jeudi une résolution par laquelle elle suspend la Russie du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies en raison de la guerre que ce pays mène en Ukraine. Le texte devait obtenir une majorité des deux-tiers (sans tenir compte des abstentions) pour être adopté. Le Maroc a décidé de n'a pas participé au vote. Initié par les Etats-Unis, le texte a recueilli 98 voix pour, 25 contre et 58 abstentions. Des pays africains, comme la Mauritanie, le Rwanda, le Burkina Faso et le Bénin, ont opté pour le siège vide. De son côté, l'Algérie a voté contre le texte tandis que la Tunisie a choisi de s'abstenir. La Russie, la Chine, Cuba, la Corée du Nord, l'Iran, la Syrie, le Vietnam, ont été parmi ceux qui ont voté contre. Les abstentionnistes comprenaient notamment l'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud, le Mexique, l'Egypte, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, la Jordanie, le Qatar, le Koweït, l'Irak, le Pakistan, Singapour, la Thaïlande, la Malaisie, l'Indonésie et le Cambodge. Le Maroc était déjà absent lorsque l'Assemblée générale des Nations unies a adopté, les 2 et 24 mars, deux résolutions condamnant l'invasion russe de l'Ukraine. Pour rappel, le ministère des Affaires étrangères avait expliqué le 2 mars que l'absence du Maroc au vote de la résolution du 2 mars « ne peut faire l'objet d'aucune interprétation par rapport à sa position de principe sur la situation entre la Fédération de Russie et l'Ukraine, tel que réaffirmé dans le communiqué de presse du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, en date du 26 février 2022 ». Les résultats du vote de l'Assemblée générale suspendant la Russie du Conseil des droits de l'homme.ONU Info Dans cette résolution, l'Assemblée générale exprime « sa profonde préoccupation face à la crise humanitaire et des droits de l'homme en cours en Ukraine, en particulier face aux informations faisant état de violations et d'atteintes aux droits de l'homme et de violations du droit international humanitaire par la Fédération de Russie ». Dans ce contexte, l'Assemblée, qui compte 193 Etats membres, « décide de suspendre les droits de membre du Conseil des droits de l'homme de la Fédération de Russie ». Le vote a eu lieu le jour anniversaire du génocide de 1994 au Rwanda, et l'ambassadeur d'Ukraine, Sergiy Kyslytsya, a fait le parallèle avec cette page sombre de l'histoire récente. « Le génocide au Rwanda était en grande partie dû à l'indifférence de la communauté mondiale, lorsque l'ONU n'a pas répondu aux avertissements du Conseil de sécurité de l'ONU et de l'Assemblée générale, un an avant la tragédie que nous commémorons exactement en ce jour », a déclaré M. Kyslytsya. « Aujourd'hui, dans le cas de l'Ukraine, cela ne fait même pas un an, car la tragédie se déroule en ce moment même sous nos yeux ». Le Conseil des droits de l'homme, qui est basé à Genève, compte 47 Etats membres. L'Assemblée générale des Nations Unies, qui élit les membres du Conseil des droits de l'homme, a suspendu par le passé un seul autre pays, la Libye en 2011. La Russie a rejoint le Conseil en janvier 2021 en tant que l'un des 15 pays élus par l'Assemblée générale pour un mandat de trois ans. En vertu de la résolution de 2006 qui a créé le Conseil des droits de l'homme, l'Assemblée générale peut suspendre un pays s'il commet des violations flagrantes et systématiques des droits de l'homme. La Russie quitte le Conseil des droits de l'homme Le vote est intervenu alors que le week-end dernier des images ont émergé de la ville ukrainienne de Boutcha, une banlieue de la capitale, Kyïv, où des centaines de corps de civils ont été retrouvés dans les rues et dans des fosses communes après le retrait des forces russes de cette région. « Boutcha et des dizaines d'autres villes et villages ukrainiens, où des milliers d'habitants pacifiques ont été tués, torturés, violés, enlevés et volés par l'armée russe, illustrent à quel point la Fédération de Russie s'est éloignée de ses déclarations initiales dans le domaine des droits de l'homme. C'est pourquoi ce cas est unique et la réponse d'aujourd'hui est évidente et explicite », a-t-il déclaré. Gennady Kuzmin, ambassadeur adjoint de Russie, a appelé les pays à « voter contre la tentative des pays occidentaux et de leurs alliés de détruire l'architecture existante des droits de l'homme ». Prenant la parole après l'adoption de la résolution, M. Kuzmin a alors déclaré que la Russie avait déjà décidé ce jour-là, de quitter le Conseil des droits de l'homme avant la fin de son mandat.