En conférence de presse ce jeudi à Paris, le président français Emmanuel Macron a annoncé le retrait de la France et ses alliés au Mali. Maintenant, reste à savoir comment les troupes françaises et leurs alliés comptent se redéployer au Sahel, mais pour l'instant le Niger reste la base arrière des troupes. Au lendemain d'une réunion avec ses partenaires occidentaux et africains impliqués au Sahel, Emmanuel Macron s'est exprimé au sujet du retrait des forces Barkhane et Takuba du Mali. Le président français a tenu cette conférence de presse en compagnie de Charles Michel, président du Conseil Européen, de Macky Sall, président du Sénégal et de l'Union africaine et du président du Ghana, Nana Akufo-Addo, président en exercice de la CEDEAO. En 2013, la France a envoyé des troupes au Mali pour empêcher les terroristes liés à Al-Qaïda de prendre d'assaut la capitale, Bamako, après que les combattants se soient emparés de villes du nord, dont Tombouctou. Après cette mission réussie, des drapeaux français ont été drapés sur les balcons alors que les gens applaudissaient les soldats étrangers. Mais depuis lors, les extrémistes se sont regroupés et ont foré plus loin dans la campagne malienne tout en se déversant dans les pays voisins. Les Maliens se sont demandé pourquoi les forces françaises en Afrique de l'Ouest – qui s'élevaient à 5 100 l'année dernière – n'ont pas pu arrêter la menace. Certains ont accusé l'ancienne puissance coloniale de l'avoir aggravée. Des milliers d'Africains de l'Ouest sont morts et des millions ont perdu leur maison alors que les combattants qui revendiquent leur adhésion aux groupes extrémistes d'Al-Qaïda et de l'Etat islamique ont conquis plus de territoire. En octobre 2021, une enquête du statisticien malien Sidiki Guindo a révélé que seuls 26,1 % des habitants de Bamako avaient une opinion « favorable » de la France. Plus tôt ce mois-ci, une vidéo montrait des manifestants dans la capitale brûlant des découpes en carton du président français. → Lire aussi : Les conditions ne sont plus réunies pour poursuivre la lutte au Mali, selon la France Les ressentiments qui couvaient ont éclaté en rage. Les gens ne peuvent pas voyager loin au nord de Bamako sans risquer leur vie – les extrémistes posent des bombes sur les routes – et avec des pans entiers de terres agricoles coupées, il est difficile de mettre de la nourriture sur la table. L'empreinte militaire française au Mali n'est pas appréciée non plus à Paris : un chroniqueur du journal de centre-gauche Le Monde a qualifié la situation d'« humiliation diplomatique et militaire ». « Neuf ans après son démarrage, la mission au Mali n'a atteint aucun de ses objectifs – assurer l'intégrité du Mali et y rétablir l'Etat, vaincre les djihadistes et empêcher leur prolifération en Afrique de l'Ouest« , a écrit le chroniqueur Philippe Bernard. Au printemps dernier, le Mali comptait son deuxième coup d'Etat en neuf mois lorsqu'un officier des forces spéciales, le colonel Assimi Goïta, s'est mis à la tête de la nation de 21 millions d'habitants. Macron a condamné la prise de contrôle. Trois semaines plus tard, Paris annonce le retrait progressif des troupes d'Afrique de l'Ouest. Divorce consommé entre la Paris et Bamako Le départ des forces Barkhane et Takuba du Mali permettra, selon Emmanuel Macron, de se « recentrer, sur demande de nos partenaires, là où notre contribution est attendue ». Le nouveau dispositif dans chaque pays de la région sera défini dans les semaines et mois qui viennent. En accord avec ses partenaires, la France entend aussi « mettre davantage les populations civiles au cœur de notre stratégie de lutte contre les groupes terroristes ». Emmanuel Macron réclame un « sursaut civil » pour faire « rempart » aux organisations jihadistes, condition selon lui d'une action militaire efficace. « Les Etats du golfe de Guinée sont de plus en plus exposés à des tentatives d'implantation des groupes terroristes sur leur territoire. » Le chef de l'Etat français dit vouloir « impliquer et appuyer davantage les pays voisins » du Mali, de plus en plus menacés par Al-Qaïda et Daech, qui en font « une priorité de leur stratégie d'expansion ». Il rappelle qu'une attaque a eu lieu récemment dans le nord du Bénin, causant notamment la mort d'un Français travaillant pour un parc naturel. Emmanuel Macron salue la « décision courageuse du président François Hollande d'intervenir au Mali », en 2013, « à la demande des autorités maliennes et régionales ». Il rappelle le « rôle fédérateur » joué par la France, depuis, dans l'action militaire dans la région.