Les Etats-Unis contribuent plus que toute autre nation à la production des déchets plastiques déversés dans les océans, exacerbant davantage la crise environnementale, selon un nouveau rapport commandé par le Congrès américain. Le document publié jeudi relève que les Etats-Unis sont en tête des pollueurs mondiaux, générant plus de 130 kilos de plastique par personne. Environ 42 millions de tonnes métriques de déchets plastiques ont été produites en 2016 dans l'ensemble du pays, soit presque deux fois plus que la Chine, et plus que toute l'Union européenne réunie. La grande majorité des plastiques en question sont fabriqués à partir de combustibles fossiles, et certains peuvent mettre des centaines d'années à se décomposer. En outre, les chercheurs ont révélé qu'entre 1,13 million et 2,24 millions de tonnes métriques de déchets plastiques des Etats-Unis s'échappent chaque année dans l'environnement. De plus, quelque 8 millions de tonnes de plastique finissent dans l'océan de façon annuelle, et si la trajectoire actuelle se poursuit, ce nombre pourrait atteindre 53 millions d'ici la fin de la décennie, une quantité qui serait équivalente à « environ la moitié du poids total des poissons pêchés dans l'océan chaque année », selon le rapport. « Ce rapport est un rappel qui donne à réfléchir sur l'ampleur du problème », a souligné dans un communiqué le sénateur Dan Sullivan de l'Alaska, coauteur de la législation « Save Our Seas 2.0 », qui a pour objectif de lutter contre les déchets plastiques. « Les recherches et les conclusions compilées ici par nos meilleurs scientifiques serviront de tremplin à nos futurs efforts législatifs afin de s'attaquer à ce défi environnemental tout à fait soluble et mieux protéger nos écosystèmes marins, nos pêcheries et nos économies côtières », a-t-il affirmé. →Lire aussi : Pollution: New Delhi s'étouffe, le CPCB dit se préparer à des mesures d'urgence Pour sa part, la directrice de la campagne sur les plastiques pour le groupe de défense Oceana, Christy Leavitt, a déclaré dans un communiqué que les résultats montrent l'étendue de la responsabilité des Etats-Unis dans un problème mondial. « Nous ne pouvons plus ignorer le rôle des Etats-Unis dans la crise de la pollution plastique, l'une des plus grandes menaces environnementales auxquelles sont confrontés nos océans et notre planète aujourd'hui », a-t-elle dit. Par ailleurs, l'American Chemistry Council, association professionnelle pour les sociétés chimiques, a approuvé l'idée d'une approche nationale tout en déclarant s'opposer aux efforts visant à réduire l'utilisation des plastiques dans la société. « Le plastique est une ressource précieuse qui devrait être maintenue dans notre économie et hors de notre environnement », a déclaré dans un communiqué le vice-président du groupe chargé des plastiques, Joshua Baca, en réaction à la publication de ce rapport. « Malheureusement, le rapport suggère également de restreindre la production de plastique pour réduire les débris marins. C'est malavisé et cela entraînerait des perturbations de la chaîne d'approvisionnement », a-t-il dit. Lorsqu'il a adopté la loi Save Our Seas 2.0 l'année dernière, le Congrès a commandé ce rapport de la National Academy of Sciences, qui s'est appuyée sur l'expertise d'institutions américaines et canadiennes pour mener son étude. Cette loi bipartisane prévoit également l'élaboration de plusieurs autres rapports d'ici fin 2022, sur divers sujets allant de l'impact des microfibres aux engins de pêche abandonnés.