Sommes-nous en route vers un affrontement Chine-USA ? Pour les observateurs, la modernisation des forces amphibies de la Chine, sonnera le temps de l'invasion. Washington s'impliquera-t-il alors militairement ? La pomme de discorde entre Pékin et Washington, Taïwan, risque, dans un avenir proche, d'aboutir à un affrontement militaire entre ces deux grandes puissances. Les relations entre les deux superpuissances de la planète s'enveniment de jour en jour. Les incidents aériens ou navals se multiplient en mer de Chine et autour de Taïwan. De nombreux essais de missiles balistiques au Pacifique occidental sont effectués par les deux forces. Poursuivant la politique de Donald Trump en la matière, l'administration Biden poursuit une sorte de harcèlement par des décisions provocatrices à l'égard de Pékin comme : ouvrir largement le droit d'asile aux résidents de Hong Kong, vendre des canons sophistiqués à Taïwan, interdire des prises de participations chinoises dans des secteurs stratégiques américains, et mettre des responsables chinois sur liste noire. La nouvelle coalition, Washington, Londres et Canberra, l'AUKUS, est une alliance militaire ouvertement dirigée contre la Chine. Les dirigeants des quatre pays du Quad (Japon, Australie, Inde, Etats-Unis), alliance clairement anti-chinoise, se sont rencontrés à Washington récemment. Le Quad veut être une sorte d'OTAN atlantique, avec l'objectif d'y enrôler le Vietnam, la Corée du Sud, les Philippines et l'Indonésie, tous inquiets pour leur sécurité face à l'ogre chinois. Prévisible, la Chine réagit devant ce que Pékin appelle une politique inamicale. Elle inaugure une diplomatie agressive tranchant avec sa neutralité de jadis. Passé inaperçu, Pékin, depuis le 1er septembre dernier, exige que s'identifie tout navire entrant dans ce qu'il considère être ses eaux territoriales, pourtant internationales pour tous ses partenaires. On assiste ainsi à un grignotage de souveraineté maritime contraire au droit de la mer et à la convention de Montego Bay. La Chine poursuit la construction de plateformes, ports et aérodromes sur chaque récif corallien, mettant ses voisins devant le fait accompli. Sa marine s'octroie le droit de contrôler les navires dans ces zones, leur imposant de s'y soumettre ou risquer des représailles. Les marines occidentales ne cédant pas, incursion de frégate britannique dans le détroit de Taïwan, du sous-marin nucléaire français, l'Emeraude, en mer de Chine méridionale, le risque d'incidents se multiplie. Aujourd'hui, les relations sino-américaines sont les plus tendues depuis des décennies. On est en face d'une rivalité de plus en plus ouverte entre deux systèmes politiques antagonistes : l'Occident et la Chine. Cela peut-il dégénérer ? Les dirigeants des deux pays et leurs alliés sont vraisemblablement conscients du risque d'un affrontement, et l'assument, particulièrement Washington. Il faut espérer que les intérêts économiques croisés de Pékin et Washington tempèrent les jusqu'auboutistes. Car s'ils sont rivaux, Washington et Pékin sont aussi partenaires : la Chine est le premier fournisseur de Washington et aussi son troisième client et Washington est son premier débouché et son quatrième fournisseur. La volonté, réaffirmée de plus en plus nettement par le président Xi Jinping, d'absorber Taïwan « l'île rebelle », continue de poser la question : jusqu'où ira le soutien de Washington à Taïwan ? L'absence de réactions internationales significatives après la complète mise au pas de Hong Kong, en contravention avec le traité de rétrocession, ne peut qu'encourager Xi Jinping dans cette voie. Les chasseurs-bombardiers chinois se sont livrés, ces derniers jours, à des incursions records, au nombre de 60 par jour, plus que toute l'année 2018, dans l'espace d'identification aérienne de Taïwan. Une partie de l'establishment diplomatique et militaire américain considère, pour sa part, que les ambitions du régime totalitaire chinois devront à tout prix être stoppées. La question est de savoir quand sera le moment de vérité.