Joe Biden a inauguré sa tournée européenne, en se rendant, ce jeudi, au Royaume-Uni, où il s'est entretenu avec Boris Johnson, le Premier Ministre britannique. Il a participé, ensuite, aux sommets du G7 ces 11,12 et 13 juin aux Cornouailles, où s'est invité le Brexit avec son problème irlandais ; de l'Otan, puis de l'Union Européenne les 14 et 15 juin à Bruxelles et enfin à Genève où il a rencontré, en tête à tête, Vladimir Poutine, ce 16 juin à Genève. Joe Biden ne s'est pas engagé, outre mesure, avec les Européens. Il n'a que survolé les problèmes de l'heure. On a fait plus dans la bienfaisance en débattant sur l'opportunité de livrer 1 milliard de doses aux pays en retard sur la vaccination, que dans la politique, la vraie, la dure, qui pose les problèmes sur la table, sans complexes de part et d'autre. Oui, on a parlé des relations avec la Chine, de la Russie et bien sûr de l'Ukraine, sans plus. Au-delà des retrouvailles, qui se voulaient rassurantes, on a constaté du côté européen une certaine lucidité vis-à-vis de Washington. Il semble que les dirigeants du Vieux Continent attendaient avec curiosité mais réserve, le premier contact formel avec le nouvel occupant de la Maison Blanche. Entre le sommet du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni avec l'UE au rang d'observateur); la réunion des pays membres de l'Otan , à Bruxelles ; le rendez-vous bilatéral Union Européenne-Etats-Unis qui s'est déroulé ce 15 juin dans la capitale belge et le tête-à-tête avec son homologue russe, Vladimir Poutine, le jour d'après à Genève, le Président américain devait se dévoiler et préciser un peu plus ses intentions sur la scène internationale. J'ai suivi jusqu'au bout, en direct, la conférence de presse de Poutine, à l'issue des entretiens. Le Président russe n'a pas cessé de complimenter Biden, homme d'expérience, avec des règles morales. Un Président qui pose les problèmes et va jusqu'au bout de ses raisonnements. Poutine a assuré, plusieurs fois, qu'il n'a perçu aucune hostilité ni agressivité de la part de Biden. Ils ont décidé le retour à leur poste, des ambassadeurs. Autrement dit, il n'y a pas de guéguerre entre ces deux grands. « Business as usuel ! » Mais si les Etats-Unis de Biden paraissent plus civils que ceux de Trump, on a pu constater que sur le fond, c'est toujours « América First ». Biden, par contre, n'est toujours pas avare de déclarations à l'emporte-pièce : il vient, dans un message adressé au Président ukrainien, Volodymyr Zelensky, l'assurer que le soutien des Etats-Unis à l'Ukraine ne faiblira pas, mais ne lui ouvre pas la porte de l'OTAN, pour autant. Joe Biden lui a affirmé « que les Etats-Unis étaient attentifs à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, face à l'agression continue de la Russie dans le Donbass et en Crimée ». Et d'ajouter, lors d'un entretien téléphonique avec le maître de Kiev : « l'Amérique sera toujours là pour défendre l'intégrité territoriale de l'Ukraine ! » Ira-t-il jusqu'à y déployer des forces militaires américaines ? Peu probable. → Lire aussi : USA: Biden nomme de nouveaux ambassadeurs dans plusieurs pays C'est vraisemblablement ces lignes rouges dont il a voulu informer le maître du Kremlin. Des lignes rouges qui déteignent rapidement devant les événements, comme ce fut le cas pour son prédécesseur démocrate, Barak Obama, en Syrie. Un sourire, une poignée de main un peu plus douce et une tape sur le dos, ont-ils suffit à faire renoncer les Européens à leur projet d'une force de défense européenne, en dehors de l'OTAN ? Le Président russe, Vladimir Poutine, lors de sa dernière visite à Paris, avait exprimé son soutien à cette idée de créer une armée européenne, soulignant qu'elle serait "un processus positif pour le renforcement du monde multipolaire". « L'idée de créer des forces armées alternatives européennes n'est pas nouvelle. Je trouve que l'Union Européenne est une union économique puissante et il est tout à fait naturel qu'elle veuille être indépendante, autonome et souveraine dans le domaine de la défense et de la sécurité », avait indiqué Poutine dans une interview à la chaîne « Russia Today ». Un sujet qu'ils n'ont pas pu éviter, c'est le traité de surveillance militaire « Open Sky ». Ce texte, signé par 34 pays, permet de vérifier, par des vols d'avions non armés, les mouvements militaires et les mesures de limitation des pays signataires. Mais le 22 mai 2020, les Etats-Unis avaient notifié les dépositaires du traité et tous les Etats parties au traité, de leur décision de se retirer du traité. Sortie qu'a confirmée Biden en refusant d'annuler le décret Trump sur ce sujet. Poutine, une semaine avant la rencontre de Genève, a officiellement retiré son pays du traité de surveillance militaire Open Sky ; réponse normale du berger à la bergère ! On ne saura pas, du moins tout de suite, ce que ces deux grands, se seront dit vraiment ou peut-être ont décidé. Biden a annoncé, avant de quitter Washington, qu'il n'y aura pas de conférence de presse commune, « Nous ne sommes pas dans une compétition ! » avait-il souligné. Après des insultes de cours de récréation, rappelez-vous : « Poutine est un tueur, il va le payer cher ! », sans doute briffé par les responsables du Pentagone, il avait téléphoné au Président Poutine (le tueur) pour qu'il accepte cette rencontre, dans le but d'améliorer la qualité des relations entre les deux pays. Mission accomplie ? Poutine n'ayant jamais insulté un chef d'Etat (à ma connaissance), c'est sûrement Biden qui a dû mettre un peu plus d'eau dans son vin, lors de ces entretiens. « Paris vaut bien une messe », avait dit le roi de France, Henri IV. Biden doit prendre en compte les réalités géopolitiques et militaires. La Paix mondiale vaut bien quelques couleuvres à avaler !