Le premier tour de l'élection présidentielle en France tenu, dimanche, aura confirmé le caractère inédit d'un scrutin resté imprévisible jusqu'à l'annonce des premières estimations après la fermeture des bureaux de vote à 20h00. Le suspens a ainsi duré jusqu'au bout, amenant les Français indécis à se rendre aux urnes pour faire leurs choix ce qui explique un taux de participation plus ou moins élevé. Le premier enseignement à tirer de ce scrutin est qu'en plaçant en tête le candidat du mouvement En Marche ! Emmanuel Macron et la présidente du Front national Marine Le Pen, les Français ont sanctionné les partis traditionnels en l'occurrence le parti de la droite (Les Républicains) dont le candidat François Fillon est arrivé en troisième position et le parti socialiste, dont le candidat Benoit Hamon n'a recueilli que 6,5 pc des voix. Les Français ont ainsi exprimé leur volonté de voir leur pays s'engager dans un renouveau politique. A noter aussi que c'est la première fois dans l'histoire de la cinquième république que la droite ne sera pas représentée au deuxième tour de la présidentielle. La difficulté rencontrée par les partis traditionnels s'explique par les divisions au sein du parti socialiste dont plusieurs ténors ont décidé de soutenir le candidat d'En Marche ! aux dépens de Benoît Hamon qui avait remporté la primaire à gauche. A rappeler que le risque de division au sein du parti socialiste avait été l'un des motifs évoqués par le président sortant François Hollande pour expliquer sa décision de renoncer à briguer un second mandat. De son côté, la droite a été fragilisée par l'affaire d'emplois fictifs présumés dans laquelle est impliqué François Fillon qui a été récemment mis en examen. Le renouvellement de l'élite politique a été ainsi exprimé avec le choix d'Emmanuel Macron qui était il y a juste trois ans presque inconnu avant d'être nommé ministre de l'Economie par le président Hollande. Il avait ensuite créé son propre mouvement En Marche ! avant de présenter sa démission du gouvernement et d'annoncer sa candidature à la présidentielle. Dans son programme, Emmanuel Macron propose de réaliser 60 milliards d'euros d'économies budgétaires, ainsi qu'un grand plan d'investissement de 50 milliards d'euros, dont notamment 15 milliards d'euros pour la transition écologique, 5 milliards d'euros pour la santé, 5 milliards pour la transformation de l'agriculture, et 5 milliards encore pour la modernisation des administrations publiques. Sur le pouvoir d'achat, la mesure phare de ce candidat centriste consiste à réduire les cotisations sociales payées par les salariés, les indépendants et les fonctionnaires, pour un gain net estimé à 500 euros par an pour un salaire de 2 200 euros net par mois. Il promet également 100 euros net de plus chaque mois pour les « smicards qui bénéficient de la prime d'activité ». Emmanuel Macron propose aussi d'exonérer 80 pc des ménages de la taxe d'habitation. Il se prononce en outre en faveur d'une Union européenne renforcée, proposant de « lancer dans toute l'Union européenne des conventions démocratiques dès la fin de 2017 ». Il propose également de « créer un budget pour la zone euro » et un « poste de ministre de l'économie et des finances de la zone euro, qui aura la responsabilité du budget de la zone euro, sous le contrôle d'un Parlement de la zone euro, rassemblant les parlementaires européens des Etats membres ». Quant à Marine Le Pen, elle se veut la candidate anti-système et propose notamment dans son programme, un référendum sur l'appartenance de la France à l'UE, une sortie de l'euro, une consultation populaire pour inscrire la « priorité nationale » dans la Constitution, un solde annuel de l'immigration de 10.000, la suppression du droit du sol et le non remboursement de soins pour les étrangers avant deux ans de séjour régulier. Sur le volet écologique, elle se prononce sur le développement des filières d'énergies renouvelables et le maintien du nucléaire. Dès l'annonce de ces résultats plusieurs figures de gauche comme de droite dont le Premier ministre Bernard Cazeneuve, les candidats malheureux Benoît Hamon et François Fillon et l'ancien Premier ministre Alain Juppé, ont appelé à faire barrage au projet de l'extrême droite porté par Marine Le Pen et à voter au second tour pour Emmanuel Macron. Après ce premier tour de l'élection présidentielle, une nouvelle histoire de la cinquième république est en train de s'écrire avec une remise en question des partis traditionnels qui affronteront une nouvelle épreuve lors des élections législatives de juin prochain.