En France, la situation épidémiologique du nouveau coronavirus n'incite pas à l'optimisme. Le bilan macabre qui ne cesse d'augmenter, ainsi que le nombre de contaminations qui enregistrent un net rebond, laissent présager un éventuel reconfinement comme ultime recours pour freiner la propagation de la pandémie. Dans de grandes métropoles comme Marseille ou Paris et sa petite couronne, placées désormais en "zone d'alerte maximale", le Covid-19 fait des ravages depuis plusieurs semaines. Et tous les scénarios sont envisageables en vue de lutter contre le virus mortel, quoique les autorités préfèrent ne pas parler de reconfinement généralisé comme celui imposé lors de la première vague et qui a paralysé le pays pendant deux mois avec des répercussions profondes sur l'économie. D'ailleurs, dans une note d'alerte de 42 pages datée du 22 septembre dernier et dévoilé le 1er octobre, intitulée « Un contrôle renforcé de l'épidémie, pour mieux vivre avec le virus », le Conseil scientifique estime qu'un nouveau confinement généralisé n'est « pas souhaitable et serait le résultat d'un échec de la maîtrise de l'épidémie ». En revanche, l'instance en charge d'éclairer le gouvernement français dans la gestion de la crise sanitaire du Covid-19, penche en faveur « d'un confinement territorial, que les métropoles doivent se tenir prêtes à mettre en œuvre en cas de nécessité ». Afin de limiter la propagation de l'épidémie, les scientifiques du conseil proposent entre autres la mise en place d'un couvre-feu « pour une durée limitée de quinze jours et dans un nombre limité de métropoles ». Les auteurs de la note préviennent également que la situation pourrait « rapidement conduire, en l'absence de nouvelles interventions, à des situations critiques à court ou moyen terme dans certaines régions », soulignant que « les prochains mois seront particulièrement critiques, en particulier dans certaines métropoles, d'autant plus que les conditions climatiques vont favoriser la transmission, avec l'arrivée de l'hiver ». Pour affronter cette « situation préoccupante, mais encore contrôlable « , le conseil propose au gouvernement une stratégie comprenant des mesures différenciées en fonction de risques très inégaux, liés à l'âge ou à l'état de santé en particulier et une option reposant sur une addition de mesures "modérées". Dans le sillage de ces recommandations, les autorités françaises ont mis en place une batterie de mesures visant tout particulièrement à réduire les contacts sociaux et le brassage des populations. Il s'agit de mesures restrictives qui ont commencé la semaine dernière par la fermeture des restaurants et des bars dans la ville de Marseille pendant 15 jours, alors qu'à Paris et sa proche banlieue, des nouvelles restrictions sont entrées en vigueur à partir de mardi et pour une durée d'au moins deux semaines. « Ce sont des mesures de freinage, car l'épidémie va trop vite. Il faut la freiner avant que le système de soins ne soit débordé", a souligné le préfet de la capitale, Didier Lallement, en les annonçant. Il a été ainsi décidé de l'interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes dans l'espace public, de la suspension des foires et salons, parcs d'exposition et de tous les événements qui se tiennent sous de grandes tentes et de la fermeture des lieux festifs (salles de danse, salles de jeux) propices à des brassages de population. Les autorités ont également décidé d'interdire toute pratique festive dans l'espace public et de fermer les gymnases, les salles polyvalentes et les piscines à tout type d'activité alors que la capacité d'accueil dans les salles de cours, les amphithéâtres, les réfectoires des universités a été limitée à 50%. Mercredi, la reprise inquiétante de l'épidémie a été au centre d'un nouveau conseil de défense, présidé par le chef de l'Etat Emmanuel Macron, et dont les conclusions et les éventuelles nouvelles mesures seront annoncées ce jeudi par le ministre de la Santé. Mercredi, le président français Emmanuel Macron a estimé qu'il fallait « aller vers plus de restrictions » dans les zones où le Covid-19 « circule trop vite ». « Dans les endroits où ça circule trop vite, en particulier où ça circule beaucoup chez les personnes âgées, qui sont les plus vulnérables, et où on voit de plus en plus de lits occupés aux urgences, on doit aller vers plus de restrictions, comme celles qu'on a pu connaître par exemple dans les Bouches-du-Rhône ou dans Paris et la petite couronne », a fait valoir Emmanuel Macron lors d'un entretien télévisé. Toutefois, le chef de l'Etat a exclu une nouvelle limitation des déplacements: « la stratégie qu'on a retenue n'est pas celle-ci, elle est de responsabiliser nos citoyens: nous ne sommes pas, et nous ne serons pas pour plusieurs mois dans un temps normal », a-t-il expliqué. L'exécutif, lui, en appelle au sens des responsabilités des Français qui doivent apprendre à vivre avec le virus pour encore un bon bout de temps. En effet, les chiffres parlent à eux seuls. L'agence Santé publique France a fait état mercredi soir de 18.746 nouvelles contaminations au coronavirus en 24 heures, un nouveau record depuis la mise en place des tests à grande échelle dans le pays, outre 80 nouveaux décès dus aux virus alors que 7.563 patients sont actuellement hospitalisées, dont 143 en réanimation en 24 heures. Mais le conseil scientifique se veut plus pessimiste en estimant dans sa note d'alerte que le nombre réel double presque celui des cas testés positifs, allant actuellement de 9.000 à 13.000 contaminations par jour, notant qu'au 22 septembre, le nombre d'hospitalisations doublait « tous les 16 jours en moyenne en France métropolitaine », mais dans certaines régions, il était multiplié par deux tous les huit jours. Conscientes du fait que les restrictions à elles seules ne suffisent pas à en finir avec le virus, les autorités françaises comptent énormément sur le civisme et le sens de responsabilité des citoyens pour renverser la donne, alors que de par le monde, les gouvernements fondent de grands espoirs sur la découverte imminente d'un vaccin salvateur à même de sortir l'Humanité de l'un des plus effrayants cauchemars de son histoire. ( Avec MAP )