L'Italie entame sa rentrée politique dans un contexte marqué par une réforme réduisant le nombre des parlementaires à la suite d'un référendum controversé, couplée à un agenda économique qui pose de sérieux défis au gouvernement italien, sur fond de répercussions désastreuses de l'épidémie de coronavirus sur les secteurs vitaux du pays. Le vote à une large majorité (70%) en faveur de la réduction du nombre de parlementaires lors du référendum constitutionnel qui a eu lieu dimanche et lundi, constitue un tournant dans la reconfiguration des rapports de force au sein de l'Hémicycle, en particulier, et sur la scène politique en général, le scrutin ayant validé la réduction du total des députés de 630 à 400 et celui de sénateurs de 315 à 200, au titre de l'amendement des articles 56, 57 et 59 de la Constitution. Aux yeux des analystes politiques, le gouvernement italien se retrouve désormais dans une position confortable après les résultats du référendum, qui ouvrira la voie à la mise en œuvre de futurs projets de l'Exécutif, dont l'action est encore consolidée par les résultats des élections régionales qui vont inévitablement accroitre sa popularité et renforcer sa position dans l'arène politique, au détriment de l'opposition qui a subi une grande défaite après avoir échoué à persuader l'électorat de voter "non", bien qu'elle ait soutenu à plusieurs reprises que «la réduction du nombre de parlementaires de 40% donnerait un pouvoir illimité aux partis de la coalition au pouvoir et réduirait considérablement la volonté des citoyens». Dans une première réaction aux résultats du référendum, Luigi Di Maio, ministre des Affaires étrangères et leader du mouvement «Cinq Etoiles», s'est félicité du vote des Italiens en faveur de la réduction du nombre de parlementaires à la Chambre des représentants et au Sénat, estimant que, désormais, le nombre de parlementaires dans son pays correspondra à leur nombre dans les grandes démocraties occidentales, "afin que l'Italie gagne en crédibilité internationale dans l'un des moments les plus difficiles de son histoire". Les résultats du référendum marquent en effet un nouvel épisode de la série de victoires remportées par le gouvernement italien dirigé par le Premier ministre Giusseppe Conte, qui a renforcé sa position politique en s'imposant lors des élections régionales tenues dimanche et lundi dans sept régions italiennes, notamment en Toscane, brisant net les espoirs de l'extrême droite qui rêvait de s'emparer de ce bastion de la gauche depuis cinquante ans. Dans la région de la Toscane, dans le centre-ouest de l'Italie, dont les résultats ont été décisifs pour la victoire de la gauche aux élections régionales, le candidat de gauche Eugenio Giani a récolté 47,7% des voix contre 41,2% pour Susanna Ceccardi, la candidate de la Ligue (extrême droite) dirigée par Matteo Salvini. Les résultats du vote en Toscane représentent une deuxième défaite pour l'extrême droite, similaire à celle qu'elle avait subie lors des élections de janvier dernier en Emilie-Romagne, l'autre bastion de la gauche (Parti Démocratique). Aussitôt après l'annonce des résultats consacrant la victoire du candidat de sa formation politique, le chef du Parti démocratique (centre-gauche), Nicola Zingaretti, a appelé à "l'accélération des réformes prévues", affirmant que "nous sommes devenus désormais beaucoup plus forts", des déclarations auxquelles le Premier ministre Giuseppe Conte a répondu en affirmant dans un communiqué, mardi, qu'il n'avait pas l'intention de procéder à un remaniement ministériel, laissant toutefois la porte ouverte au Parti démocratique pour une éventuelle participation au gouvernement, "y compris pour assumer le poste de vice-premier ministre." Au-delà de tout éventuel changement dans la composition du gouvernement, la victoire de la coalition au pouvoir aux élections régionales et au référendum constitutionnel donne un coup de pouce au Premier ministre en prévision des discussions parlementaires sur le plan de relance de l'économie italienne pour surmonter les répercussions de coronavirus, lequel plan devra être présenté à l'Union européenne en octobre prochain pour recevoir les 208,6 milliards d'euros d'aides et de prêts promis. Pour rappel, Giuseppe Conte avait annoncé, qu'à la mi-octobre, son pays présentera ses propositions à Bruxelles dans le cadre du plan de relance européen qui a été approuvé lors du sommet historique de juillet pour faire face à la crise provoquée par l'épidémie de Covid-19, expliquant que le gouvernement planche sur la sélection de projets qui "répondent directement à la logique du financement européen, et qui comprennent des investissements et des réformes structurelles pour rendre le pays plus compétitif et plus solide". "Nous accorderons beaucoup d'attention aux infrastructures matérielles et immatérielles, et nous voulons investir dans les écoles, les universités et la recherche. Nous en profiterons également pour améliorer l'efficacité de l'administration et du système judiciaire", a affirmé le Premier ministre. À l'heure où le gouvernement semble gagner en confiance et en popularité, l'extrême droite de Matteo Salvini traverse une mauvaise impasse après l'échec de ses plans lors des élections et du référendum constitutionnel, si bien que son rêve de revenir au pouvoir semble s'estomper. L'avenir de Salvini à la tête de la Ligue est entouré de beaucoup d'incertitudes, au moment où le nom de Luca Zaia, membre de la Ligue et président de la région de Vénétie, se profile à l'horizon pour la direction de l'extrême droite italienne.