Le Président français, Emmanuel Macron, a annoncé, mardi soir à Nouakchott, que son pays évaluera l'année prochaine son intervention militaire au Sahel. M. Macron a déclaré lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, et le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, à l'issue des travaux du Sommet des Chefs d'Etat et de Gouvernement du G5-Sahel et de la France, que son pays « évaluera son intervention militaire en 2021 sur la base de deux critères, à savoir la demande des Etats et l'efficacité de l'intervention ». Il a ajouté qu' »il ne peut pas fixer de délai pour l'intervention de la Force militaire française Barkhane, qui compte 5100 soldats et apporte son soutien dans la lutte contre les groupes terroristes au Saheln, considérant que cette intervention est différente des autres interventions dans d'autres régions du monde, car elle est venue à la demande d'Etats souverains victimes d'attentats terroristes. « La France n'est intervenue, dès l'opération Serval sous la présidence de François Hollande, qu'à la demande d'abord de l'Etat malien, mais aussi de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest -CEDEAO- puis de l'ensemble des Etats du Sahel ainsi structurés », a rappelé le chef d'Etat français. Pour sa part, Ould Cheikh El-Ghazouani, président en exercice du G5 Sahel, a renouvelé, au nom du Groupe, l'appel à l'annulation définitive de l'endettement de ces pays qui, a-t-il dit, « souffre de nombreuses difficultés », particulièrement la fragilité des structures de développement et les effets catastrophiques du coronavirus. Le président mauritanien a souligné, à cet égard, que le moratoire décidé par le G20 au profit des pays africains « constitue une avancée qui doit être saluée, estimant toutefois « qu'elle est insuffisante pour résoudre les problèmes liés à l'endettement excessif fortement accentué par les conséquences socio- économiques de la pandémie du Covid-19 ». « Le service de la dette est devenu, pour nos pays, insupportable, car il absorbe une part non négligeable de nos budgets nationaux. Les organisations régionales et internationales ainsi que les différents créanciers, de notre point de vue, doivent trouver la bonne formule pour converger leurs initiatives et leurs efforts pour la tenue d'un sommet international consacré à la dette », a-t-il soutenu. Pour sa part, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez a renouvelé l'engagement de son pays de soutenir les pays du G5-Sahel. Le Sommet des Chefs d'Etat et de Gouvernement du G5-Sahel et de la France a débuté ses travaux, mardi après-midi à Nouakchott, sous la coprésidence du Président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, président en exercice du G5 Sahel et du Président français, Emmanuel Macron. Ce Sommet a constitué une nouvelle étape dans le suivi des engagements communs pris lors du Sommet tenu en janvier dernier à Pau, en France. Lors du Sommet de Pau, les Chefs d'Etat et de Gouvernement du G5-Sahel (Mauritanie, Tchad, Mali, Burkina Faso et Niger) et de la France ont exprimé leur ferme volonté de conjuguer leurs efforts afin de lutter contre les groupes terroristes opérant dans la région du Sahel et du lac Tchad. Ils ont également appelé les partenaires du Groupe à accroître leur assistance et leur soutien afin de faire face aux nouveaux défis humanitaires que représentent les personnes déplacées et les réfugiés, outre la fermeture des écoles et des centres de santé. Outre MM. Ould Cheikh El Ghazouani et Macron, ont également pris part au Sommet de Nouakchott les Présidents tchadien, Idriss Déby Itno, nigérien, Issoufou Mahamadou, malien, Ibrahim Boubacar Keita et burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré, aux côtés du président de la Commission de l'Union Africaine, Moussa Faki Mahamat et de la Secrétaire générale de l'Organisation internationale de la francophonie, Louise Mushikiwabo. Ont également participé à ce Sommet par visioconférence la Chancelière allemande, Mme Angela Merkel, le président du Conseil de l'Union européenne, M. Charles Michel, le Premier ministre italien, Giuseppe Conte et le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres. Le sommet vise à court terme à poursuivre le renforcement du processus annoncé à Pau en janvier 2020, à évaluer l'action militaire contre les groupes armés dans cette région et à examiner l'appui que la Force Barkhane apporte à la force conjointe du G5 Sahel, ainsi qu'à stopper la menace terroriste au niveau de la zone des trois frontières et dans la sous-région.