Le Kenya ne cherchera pas à suspendre le paiement de sa dette dans le cadre d'une initiative du G20 visant à aider les pays pauvres à surmonter la pandémie de COVID-19, a déclaré le ministre kényan des Finances, Ukur Yatani, arguant que « les termes de l'accord étaient trop restrictifs ». Dans des déclarations rapportées samedi par les médias kényans, le ministre s'est dit préoccupé par l'impact que l'allégement de la dette pourrait avoir sur la cote de crédit du Kenya. Le 15 avril, les ministres des finances du G20 se sont mis d'accord sur une suspension partielle du service de la dette de 77 Etats à bas revenus, à hauteur de 14 milliards de dollars (12,8 milliards d'euros), sur un total de 32 milliards de dollars, rappelle-t-on. L'argentier du Kenya a exprimé aussi sa préoccupation par le fait que les termes de l'accord limitant l'accès des pays aux marchés financiers internationaux pendant le statu quo pourraient entraver la capacité du Kenya à financer son déficit plus tard dans l'année. « Nous craignons de créer inutilement une crise », a-t-il déclaré. Les pays d'Afrique de l'Est engagent plutôt individuellement les pays créanciers, dont l'Allemagne, la Suède, le Japon, la Chine et la France, dans le but de garantir des moratoires sur les paiements du service de la dette d'une durée d'environ un an. Un tiers de la dette extérieure du Kenya de 3 billions de shillings (28 milliards de dollars) est due à des créanciers privés, y compris les détenteurs des deux euro-obligations du pays. « L'initiative d'allégement de la dette du G20 n'offre pas un avantage optimal étant donné la structure du portefeuille de la dette du Kenya », a expliqué le ministre kényan. La pandémie du Covid-19 a fait gonfler le déficit budgétaire du gouvernement à 8,2% du PIB au cours de l'exercice se terminant fin juin, contre une prévision initiale de moins de 7%, principalement en raison de la réduction de la collecte des impôts et de la perte de recettes sous forme de TVA et de revenus. Mais le déficit devrait se réduire à 7,3% – équivalent à 823,2 milliards de shillings (environ 8,23 milliards de dollars) – au cours de l'exercice 2020/21 et à 4,2% du PIB d'ici 2023/24, selon les prévisions avancées par Yatani. « Le Kenya adopte une approche prudente en cherchant à alléger la dette des créanciers bilatéraux pour protéger sa cote de crédit souveraine », a-t-il déclaré. L'agence de notation Moody's a rétrogradé les perspectives du Kenya de négatives à stables le 7 mai, citant le choc causé par la pandémie de COVID-19 à son industrie touristique et à ses exportations agricoles.