Le Maroc, a plaidé, mardi à Paris, pour une approche visant à prévenir les conséquences des conflits sur les enfants. « Il faut préconiser une approche doublement préventive visant d'abord à prévenir les conflits et, quand ils éclatent, leur conséquences sur les enfants », a souligné l'Ambassadeur Représentant permanent du Royaume du Maroc auprès de l'ONU, Omar Hilale qui s'exprimait lors d'une conférence internationale sur le thème « Protégeons les enfants de la guerre », organisée conjointement par le ministère français des Affaires étrangères et l'UNICEF. Intervenant dans le cadre d'un panel sous le thème: « prévenir le recrutement et l'utilisation des enfants et soutenir la libération et la réintégration des enfants utilisés dans les conflits armés », le diplomate marocain a relevé que cette prévention passe par la sensibilisation des communautés à travers la télévision, la radio, les campagnes publicitaires et à l'école, insistant sur la nécessité de prévenir les conflits par l'enracinement de la démocratie, le renforcement de la bonne gouvernance, la promotion du développement durable et le respect de l'Etat de droit et des droits de l'Homme. Pour leur part, les gouvernements devraient ratifier et appliquer les traités internationaux pertinents et les intégrer dans leur législation nationale, a ajouté M. Hilale, rappelant que le Maroc a été parmi les premiers pays à signer et ratifier le protocole facultatif additionnel de la convention des droits de l'enfant, relatif à la participation des enfants dans les conflits armés et aux principes et engagements de Paris. Il a aussi noté que les gouvernements doivent endosser les principes et les engagements de Paris, appelant à entreprendre des mesures juridiques, politiques et institutionnelles en faveur de la prévention et de l'élimination de la violence contre les enfants. Dans les programmes destinés aux enfants, il faudrait accorder une attention particulière à ceux qui courent le plus grand risque d'être enrôlés dans les forces armées, en particulier les enfants séparés de leurs familles ou sans familles, les enfants placés dans des institutions, les enfants qui vivent ou travaillent dans la rue, certaines minorités, les réfugiés et les personnes déplacées à l'intérieur de leurs pays, ainsi que les enfants démunis sur le plan économique et social, a-t-il fait valoir, plaidant pour des mécanismes efficaces de détermination de l'âge afin de prévenir tout recrutement de mineurs, ce qui implique la nécessité de tenir des registres de naissance rigoureux, condition indispensable pour éliminer le phénomène des enfants soldats en permettant de le préciser et de le cerner. Le diplomate a insisté également sur l'importance de rassembler des données sur les enfants enlevés lors des conflits, notant que leur enregistrement est important pour faciliter la localisation de leurs parents et permettre le regroupement familial. M. Hilale a en outre évoqué la nécessité de garantir l'accès à l'éducation et la formation professionnelle de tous les enfants, en particulier les réfugiés et les enfants déplacés à l'intérieur de leurs pays, en tant que mesure de protection spéciale pour éviter leur recrutement, notamment ceux vivant dans des camps de réfugiés ou déplacés à l'intérieur de leur pays, estimant que les parties étatiques et non étatiques à un conflit devraient conclure des accords écrits dans lesquels elles s'engageraient à respecter un âge minimum de recrutement dans les forces armées. Il a sur un autre registre appelé à dénoncer les attaques sur des écoles et des hôpitaux qui font des morts parmi les enfants, faisant observer que les écoles sont de plus en plus la cible d'attaques armées. Elles sont brûlées, détruites, prises au cœur des tirs croisés, a-t-il fait remarquer, expliquant que lorsque les écoles ferment, les enfants n'ont plus beaucoup de choix et peuvent alors se laisser plus facilement convaincre de s'enrôler. Dans ce combat pour la protection de l'enfance, la lutte contre l'impunité joue un rôle essentiel, a poursuivi M. Hilale, soulignant que les parties qui recrutent des enfants qui n'ont pas l'âge légal devraient être poursuivies en justice. Il a, d'autre part, affirmé que les crimes contre les enfants dans les conflits armés doivent être considérés comme crimes contre l'humanité, car ces enfants sont le futur de leurs nations respectives. Pour sa part, Redouane Houssaini, chef de division des Nations unies au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, a indiqué que la situation des migrants nécessite une attention particulière, le but étant de mettre en place des mécanismes de protection pour ceux qui sont séparés et non accompagnés, dans les pays de départ, de transit et d'arrivée. S'exprimant dans le cadre d'un panel sur « l'impact des conflits armés sur les enfants », M. Houssaini a réitéré le soutien sans équivoque du Maroc aux principes et engagements de Paris sur le protection des enfants en temps de conflits armés qui sont complémentaires de l'action du Conseil de sécurité de l'ONU. Il a aussi souligné que le Maroc salue les efforts louables du comité de pilotage des principes de Paris dans l'élaboration des lignes directrices sur le recrutement, la libération et la réinsertion des enfants et pour le soutien constant apporté aux pays en situation de conflit armé, plaidant pour l'importance de la création de synergies entre les efforts des Nations unies et les initiatives politiques sur la protection des enfants des conflits armés, ce qui peut constituer un gage d'efficacité et de réussite. Il a également noté que le Maroc soutient l'idée selon laquelle la question des enfants dans les conflits armés figure comme priorité dans le processus de consolidation de la paix, mettant en outre l'accent sur la nécessité de respecter le caractère civil des camps de réfugiés et de l'application des règles du droit humanitaire international, notamment l'enregistrement et le recensement des enfants réfugiés. A noter que lors de cette conférence internationale, la délégation marocaine qui comprenait également l'ambassadeur du Royaume en France Chakib Benmoussa, a rappelé l'initiative royale visant à régulariser la situation des immigrés issus notamment des pays de l'Afrique subsaharienne. Ouvrant cette conférence, le président français François Hollande a indiqué que 230 millions d'enfants vivent dans des pays ou dans des zones qui connaissent des conflits armés, précisant que 15 millions d'entre eux sont directement affectés par les combats et un million et demi risquent de mourir de faim. « Les violences n'ont pas d'âge. Elles n'ont hélas avec le temps ni changé, ni diminué. Ce sont toujours les mêmes : les meurtres, les mutilations, des recrutements forcés, des attaques contre des écoles, des hôpitaux, des violences sexuelles, des enlèvements », a-t-il déploré, insistant sur la nécessité d'agir face à cette situation. Plus de 120 délégations représentant des Etats, des organisations internationales et la société civile participent à cette conférence qui s'inscrit dans la continuité de la conférence « Libérons les enfants de la guerre » qui s'était tenue à Paris en 2007 et qui avait conduit à l'adoption des « Principes et engagements de Paris », visant à protéger les enfants du recrutement par des forces ou des groupes armés. Ces principes et engagements ont reçu le soutien de 105 Etats. Les participants à cette conférence présenteront un état des lieux de la situation des enfants dans les conflits armés, rappelleront le cadre normatif existant afin d'en promouvoir la mise en œuvre et identifieront les pistes de progrès possibles.