La pandémie du Covid-19 qui a fait plus de 34.000 morts à travers le monde, rappelle la nécessite de mettre en place un dispositif mondial de riposte aux crises en matière de santé globale, a relevé le Policy Center for the New South (PCNS) dans une publication récente. « Cette crise remet au grand jour la nécessité de mettre en place un dispositif mondial de riposte collective, organisée et contraignante en matière de santé globale, pouvant intervenir dans les cas de crises sanitaires mondiales, particulièrement en faveur des pays fragiles ou en proie à des conflits », souligne cette analyse qui s'interroge si le « Covid-19, (est) une menace à la paix et à la sécurité internationales? ». Le nouveau coronavirus a laissé l'humanité désarmée et impuissante à y faire face. Les Etats y ont réagi en rangs dispersés, « sans aucune coordination », et les organisations internationales se sont limitées à alerter les Etats et à les inciter à prendre les mesures nécessaires pour faire face à la pandémie. En effet, la propension des gouvernements à ne pas trop alarmer la population et l'insouciance de celle-ci ou sa relativisation du danger de la contamination ont contribué à retarder la prise de conscience individuelle et collective, fait savoir la publication, estimant que cette attitude des différents gouvernements à agir avec prudence, rigueur et efficacité a mis les autorités devant l'obligation de s'adapter et de trouver de multiples compromis pour faire face à la situation. Sur le plan international, le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, l'Union européenne, l'Union africaine, et le G7 ont été parmi les organismes internationaux ayant accompagné l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans l'adoption de décisions spécifiques destinées à assister les pays dans leur « guerre » face à cette pandémie. « Au niveau de l'Organisation des Nations unies (ONU), si le Secrétaire général a multiplié les déclarations depuis l'irruption du virus, le Conseil de Sécurité s'est abstenu de toute prise de position, alors que ce même organe avait, dans le passé, déclaré le VIH-SIDA et Ebola, menaces à la paix et à la sécurité internationales », a fait observer le PCNS. Depuis l'irruption de ce fléau, l'essentiel des prises de position de l'ONU a consisté en des déclarations du Secrétaire général relayant les mesures de l'OMS et appelant les Etats à redoubler d'efforts, à coordonner leurs actions et à faire preuve de responsabilité vis-à-vis de leurs citoyens et de solidarité à l'égard des autres Etats. Cependant, le Covid-19 ne semble pas avoir provoqué le déclic souhaité parmi les membres du Conseil de Sécurité pour le qualifier de « menace à la paix et à la sécurité internationales » et rendre contraignante la coopération des Etats en matière de lutte contre les effets potentiellement dévastateurs de la pandémie. Dans ce sillage, le PCNS estime que toutes les considérations évoquées pour Ebola et le VIH s'appliquent parfaitement au cas du Covid-19 qui dépasse les autres pandémies, par son amplitude planétaire et son impact déstabilisant sur les différents secteurs de l'activité humaine. « Ces conséquences seront, cependant, d'inégale importance car, si la grande majorité des pays peut gérer par ses propres moyens cette pandémie et, par la suite, en surmonter les conséquences, les pays africains en situation de crise ou de conflit risquent de voir cette nouvelle épidémie aggraver leur condition et compromettre davantage les perspectives de leur stabilité et de leur développement », précise la même source. Loin de susciter un effort international concerté et un élan de solidarité comparable à celui qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, le coronavirus n'a donné lieu qu'à des « mesures individuelles » de la part des Etats affectés et à des initiatives d'appui et d'aide de la part des instances internationales. Au-delà de ses conséquences financières, économiques et politiques, la crise actuelle a mis à l'épreuve la capacité des Etats à faire face à un ennemi invisible et sournois qui a mis à nu les défaillances et les limites insoupçonnées des systèmes sanitaires, même parmi les plus développés et les mieux outillés dans le monde, conclut le PCNS.