Un riche programme a été concocté à Essaouira pour rendre hommage à l'artiste peintre et l'une des figures emblématiques de l'art naïf marocain, Benhila Regraguia, décédée en novembre dernier à l'âge de 69 ans. Moins d'une année après sa mort, le musée Sidi Mohammed Ben Abdellah a consacré une série d'activités axées sur l'oeuvre et la personne de la grande artiste. Le programme comporte une exposition, un atelier sur les couleurs qui ressortent des tableaux de Regraguia, un documentaire inspiré de la fibre sociale de l'oeuvre de l'artiste et la projection d'un téléfilm sur la vie de "Regraguia" de Kamal Kamal, réalisé en 2008. De même, une conférence débat a tenté de retracer la vie et le parcours de la défunte. "C'est dire que même morte, le souffle de son inspiration et la portée de son talent resteront à jamais gravés dans les mémoire de ceux qui savent reconnaître et apprécier les oeuvres de qualité", ont souligné les différents intervenants à ce débat, tenu mardi. Un devoir de mémoire amplement mérité par cette figure emblématique de l'art naïf marocain qui a tant donné à ce genre, qu'elle affectionnait plus et auquel elle s'est accrochée jusqu'à son dernier souffle, ont-il ajouté. "Aujourd'hui, ses tableaux se chargeront de transmettre cette joie de vivre qui ne mourra jamais", ont-ils dit, estimant qu'avec la disparition de Benhila, une page de la peinture naïve a été tournée. La défunte avait été décorée par SM le Roi Mohammed VI du wissam du mérite national de l'ordre d'officier, lors de la visite du Souverain en avril 2007 à Essaouira. Regraguia, qui a incarné la spontanéité, a participé à plusieurs expositions à l'étranger, notamment en France et en Allemagne, où elle a fait découvrir sa ville, son terroir et son identité. Autodidacte, elle aimait reproduire au bout de ses pinceaux les paysages et les personnages de sa ville Essaouira. Ses sujets d'inspiration étaient la nature, l'amour et la liberté. Sa ville natale, Essaouira, avec ses paysages et personnages authentiques était aussi présente dans ses toiles. C'est tardivement et plus précisément en 1988, qu'elle a commencé à produire ses premières esquisses aux couleurs chatoyantes où s'expriment son imaginaire, sa féminité et sa forte personnalité. Ses oeuvres ont été présentées pour la première fois, en 1989, par le danois Frederic Damgaard dans la galerie qu'il avait ouverte à Essaouira. Les oeuvres ont été montrées ensuite à la place de l'horloge et à Beit Allatif face aux batteries de la Scala de la mer à Essaouira. Ces activités sont organisées en collaboration avec la province d'Essaouira, la délégation de la culture, l'association Essaouira-Mogador et l'association Attilal pour les arts plastiques.