L'économie nationale devrait terminer l'année en cours sur une note relativement positive dans un contexte international de crise, qui n'a pas eu raison d'une économie, ayant fait preuve, encore une fois, d'une grande capacité de résistance et d'absorption de chocs. Par Mohammed Réda BRAIM 2009 a été sans conteste l'année d'une crise internationale sévère, qui a poussé les économies les plus puissantes du monde vers la récession économique, notamment celles des principaux partenaires du Maroc, ce qui n'a pas manqué d'avoir des répercussions négatives sur certains secteurs d'activités nationaux, particulièrement ceux en relation avec la demande étrangère. Malgré cette conjoncture internationale peu favorable, l'économie nationale devrait enregistrer en 2009 un taux de croissance, estimé par le ministère de l'Economie et des Finances, à 5,3 pc, réalisé dans un contexte non-inflationniste (2 pc prévu pour 2009), au moment où plusieurs pays font face à une explosion de leurs taux d'inflation, comme c'est le cas en Egypte (16,2 pc). Cette croissance serait favorisée, certes par à une campagne agricole exceptionnelle (102 millions de qx), mais également par la vigueur de la demande intérieure et la bonne tenue de plusieurs activités non-agricoles, soutenues par les actions entreprises dans le cadre du Comité de veille stratégie. En effet, les mesures prises par ce comité ont permis de limiter les effets négatifs de la crise sur l'économie nationale et de soutenir les secteurs touchés. Elles ont concerné, le soutien au financement des entreprises, la promotion des exportations, la préservation de l'emploi, la promotion du secteur touristique, la consolidation des transferts des MRE et le soutien de la formation. +Atténuation du rythme de la baisse au niveau des activités touchées par la crise+ Globalement, l'économie nationale a été tirée par un secteur agricole qui a bénéficié d'un ciel largement clément, mais le secteur non-agricole n'a pas sombré et devrait terminer l'année en hausse, malgré les difficultés économiques des partenaires du Maroc, qui constituent des marchés essentiels pour plusieurs de ces branches d'activités non-agricoles. Selon Bank Al-Maghrib, le PIB-hors agriculture terminerait l'année à un rythme légèrement inférieur à 3 pc, s'inscrivant ainsi en rupture par rapport à la dynamique observée au cours des cinq dernières années. L'évolution récente des indicateurs conjoncturels fait état d'une atténuation du rythme de la baisse au niveau des activités touchées par la crise, telles que, l'industrie, les phosphates et dérivés, le tourisme et les transferts des MRE. Selon les statistiques officielles, la production marchande de phosphates s'est accrue de 23,6 pc au 3-ème trimestre par rapport au trimestre précédent, au moment où la production d'acide phosphorique et des engrais naturels et chimiques ont augmenté respectivement de 29,8 pc et 68,2 pc en glissement trimestriel et de 8,4 pc et 57,2 pc en glissement annuel. La même amélioration est enregistrée au niveau de la production des industries de transformation, dont le rythme de baisse de l'indice trimestriel, en glissement annuel, a ralenti, passant à -1 pc au 2-ème trimestre 2009 après -1,6 pc au 1-er trimestre 2009 et -4,4 pc au 4-ème trimestre 2008. Cette légère reprise a été confirmée par les chefs d'entreprises industrielles interrogés dans le cadre de l'enquête de conjoncture réalisée par le HCP. Le secteur du tourisme, qui a été directement touché par les effets de la crise internationale, a commencé à redresser la barre durant les derniers mois de l'année et les statistiques officielles sont là pour confirmer cette tendance. L'activité touristique a conservé, à fin octobre 2009, la même tendance observée lors des mois précédents caractérisée par une hausse des arrivées (+5,7 pc) accompagnée d'une baisse des nuitées (-2,1 pc) et des recettes voyages (-7,7 pc). Selon le département des Finances, ce recul des recettes à fin octobre 2009 s'est inscrit en net ralentissement, en glissement annuel, d'un trimestre à l'autre, passant de -23,1 pc au 1-er trimestre 2009 à -7,6 pc au 2-ème trimestre et à -1,9 pc au 3-ème trimestre. Par ailleurs, la demande intérieure, qui a toujours constitué un rempart pour l'économie nationale en période de crise, a tiré profit de la hausse des revenus des ménages ruraux en lien avec l'excellente campagne agricole, du maintien du taux de chômage sous la barre de 10 pc (9,8 pc au 3-ème trimestre), de la poursuite de la croissance des crédits à la consommation (+19,3 pc à fin octobre) et des efforts déployés par les pouvoirs publics pour soutenir le pouvoir d'achat à travers la réduction de l'Impôt sur le revenu et la revalorisation des salaires. +La crise est ressentie plus au niveau des échanges extérieurs+.. Concernant les investissements, le département des Finances fait état de signes de dynamisme malgré le contexte de crise économique mondiale, citant à cet égard la hausse, à fin octobre 2009, de 24,8 pc des crédits accordés à l'équipement et de 20,9 pc des dépenses d'investissement du budget de l'Etat. C'est au niveau des échanges extérieurs du Maroc que les effets de la crise ont été le plus ressentis en 2009 en relation directe avec la baisse de la demande étrangère adressée aux produits nationaux. Ainsi, les exportations et les importations de biens et services ont clôturé les dix premiers mois de l'année sur un repli respectivement de 23,3 pc et 19,2 pc en glissement annuel, portant ainsi le taux de couverture à 70,2 pc contre 73,9 pc à fin octobre 2008. Les statistiques de l'Office des changes précisent que les échanges de biens, quant-eux, ont dégagé un déficit commercial chiffré à 122,2 milliards de dirhams, en atténuation de 14,8 pc par rapport à fin octobre 2008. Cette situation provient essentiellement de l'allégement des déficits dégagés par les échanges des produits énergétiques et des produits alimentaires. Même si la crise internationale a pu toucher certains secteurs d'activité, l'économie nationale dans son ensemble a fait preuve d'une grande capacité de résistance et d'absorption de choc, acquise au fil des années grâce essentiellement aux réformes profondes et aux chantiers de développement audacieux ouverts au Maroc dans plusieurs domaines. Ce travail de fond a donné plus de visibilité aux opérateurs économiques, aussi bien nationaux qu'étrangers, qui n'hésitent plus à investir au Maroc même en période de crise internationale, témoignant ainsi d'une confiance aveugle en l'économie marocaine. L'ouverture en 2009 de deux stations touristiques du plan Azur (Saidia et Mazagan) et le lancement et le maintien de projets stratégiques et structurants comme les programmes sectoriels (autoroutes, énergies, industrie, habitat Œetc), le projet de l'usine Renault à Tanger, l'aménagement de la vallée de Bouregreg, en est la plus belle des illustrations de la confiance en l'économie nationale et sa solidité.