La dépouille d'Abdeslam Ettaoud, l'une des victimes des violations passées des droits de l'Homme, a été inhumée vendredi après la prière d'Ad-Dohr au cimetière de Ksar El Kébir. Le Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH) avait procédé dans la matinée à la remise des restes mortuaires de la victime à sa famille, qui a organisé une cérémonie religieuse à la mémoire du défunt. Cette initiative s'inscrit dans le cadre des efforts déployés par le CCDH pour informer et accompagner les familles concernées par les résultats des investigations sur les disparitions forcées, conformément aux recommandations de l'Instance équité et réconciliation (IER) et de la commission de suivi. Intervenant à cette occasion, M. Mustapha Raissouni, membre du CCDH, a souligné que les funérailles de feu Abdeslam Ettaoud et son inhumation dans sa ville natale permettent enfin à sa famille de faire son deuil. Il a également noté l'intérêt porté par le CCDH, depuis sa création, au dossier des victimes des disparitions forcées, ainsi que le travail de l'IER déployé tout au long des 23 mois de son mandat, qui a permis d'éclaircir des centaines d'affaires de ce genre. Abdeslam Ettaoud est né en 1916 à Ksar El Kebir. Il a intégré le mouvement national à partir des années 1930. Feu Ettaoud était un cadre du parti de la Choura et de l'Istiqlal (PDI) et fondateur du "parti du Maroc libre" et de son journal. Selon les données de l'IER, Abdeslam Ettaoud et son compagnon Brahim El Ouazzani, membre éminent du PDI, ont été kidnappés le 12 juin 1956 à Tétouan, au cœur du boulevard Mohammed V, et conduits au centre de détention secret de "Dar Bricha". Les investigations menées par l'IER durant son mandat et par la famille du défunt, ont permis d'établir qu'entre 1956 et 1957, Abdeslam Ettaoud et Brahim El Ouazzani, ont été séquestrés puis liquidés dans un centre de détention secret connu sous le nom de "Dar Slicher" dans la ville de Ghefsay. D'après les informations recueillies, les dépouilles des deux défunts ont été inhumées dans le cimetière jouxtant le lieu de leur détention. Outre M. Raissouni, les obsèques se sont déroulés en présence des membres du CCDH, M. Mustapha Iznasni et Mme Latifa Jbabdi, d'anciens membres de l'IER, de plusieurs personnalités de la société civile et de représentants des autorités locales.