Un colloque international sur les politiques et stratégies de gestion des crises dans les pays du Maghreb s'est ouvert, vendredi à Kénitra, avec la participation d'experts nationaux et internationaux venus d'Algérie, de Tunisie, de France, du Canada et d'autres pays. Organisé à l'université Ibn Tofail de Kénitra, en partenariat avec le Forum des économistes marocains, ce colloque, qui durera deux jours, doit traiter de la problématique de la prévision et de la gestion des crises financières et économiques, comme celle des subprimes ayant entrainé de graves répercussions sur l'économie mondiale. Lors de la séance d'ouverture, le président de l'université Ibn Tofail, le doyen de la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales et le président du Forum des économistes marocains ont souligné l'intérêt du sujet qui est d'actualité, et l'importance d'apporter des solutions en cas de crise comme celle que vient de connaître l'économie mondiale et dont les effets n'ont pas totalement disparu avec les cas de la Grèce, du Portugal et de l'Espagne notamment. Le doyen de la faculté des sciences juridiques, M. Mohamed Boucetta a estimé que la faillite de l'économie mondiale s'est écartée, mais la vigilance demeure de mise, car selon lui, les causes profondes n'ont pas été éliminées. Le système financier marocain, a-t-il expliqué, n'a pas souffert de cette crise en raison notamment de sa faible intégration dans le système mondial. Par contre, a-t-il ajouté, la croissance économique s'est fortement ralentie, ce qui a obligé les pouvoirs publics à prendre des mesures pour aider le secteur le plus fragile, celui du textile. M.Hassan Bougrine, directeur de l'Institut international des politiques économiques de l'Ontario (Canada), a expliqué que cette crise globale n'a pas affecté uniquement le système financier, mais également "l'économie réelle". Les causes de cette crise se résument essentiellement à l'existence d'un système financier fragile et à l'endettement croissant du secteur privé, a-t-il souligné, proposant un retour à l'Etat providence où l'Etat assume un déficit énorme pour stimuler l'économie. Pour M. Emmanuel Kamdem, spécialiste des questions des coopératives au Bureau International du Travail (BIT) à Genève, la crise ne finira que lorsque l'emploi aura retrouvé son niveau normal. Pour lui, le type d'entreprise la plus appropriée capable de résister à la crise et relancer l'économie est la forme des coopératives qui exercent leurs activités dans tous les secteurs de l'économie d'un pays. L'économie socialiste a été en-deçà des attentes, tandis que l'économie capitaliste a montré ses limites, a affirmé M. Kamdem qui a proposé comme alternative une économie basée sur un système de concertation où la société civile est bien organisée et où chacun, Etat et société, assume sa part de responsabilité. Selon Mme Naimé schumann, conseillère à l'UNESCO, la crise actuelle, ou les crises financières, alimentaires, énergétiques, environnementales et humaines etc, ne sont que les résultats "des systèmes technologiques modernes conçus à l'échelle mondiale à partir des données et de l'expérience des pays tempérés, par les sociétés multinationales, à l'aide de leurs moyens financiers, technologiques...". Ces sociétés, a-t-elle ajouté, avaient comme unique souci d'intégrer le monde entier dans un marché mondial indifférencié, estimant que "la vraie bataille pour le développement devrait être livrée par les peuples, selon leurs propres contraintes, leurs propres technologies, leurs propres cultures, leurs propres sciences et leurs propres moyens ".