La réduction de risque (RDR) constitue la meilleure méthode à même de prévenir les différents dangers inhérents à l'usage de la drogue chez les toxicomanes, une méthode qui fait ses preuves à l'étranger où le taux notamment de criminalité et de morbidité liées à l'addiction à la drogue a connu une baisse significative. C'est ce qui ressort d'un entretien accordé à MAP-Tétouan par le Pr. Fatima El Omari du "Centre national de traitement, de prévention et de recherche en addiction" à l'hôpital Er-Razi de Salé. -La prévention demeure le traitement le moins coûteux- Selon cette spécialiste qui intervenait à l'occasion de la 5eme journée médicale de l'Amicale des médecins généralistes privés de Tétouan et la région, organisée samedi dernier à Mdiq , sur le thème de "la réduction de risque chez le toxicomane (RDR)", pour réduire les risques, il est urgent de multiplier les centres d'accueil, former le corps médical, changer d'attitude envers ces malades et enfin mobiliser et impliquer toutes les composantes de la société, car insiste-elle, la prévention demeure le traitement le moins couteux. La volonté du gouvernement existe, a-t-elle affirmé, relevant que le ministère de la santé considère la toxicomanie comme une des priorités. Elle a cité à cet égard, outre la création d'autres centres à Casa, et bientôt à Tanger et Oujda, celle de deux diplômes universitaires en addictologie qui ciblent le généralistes les psychologues, en plus de l'introduction de la méthadone, un traitement de substitution, "chose qui n'existe pas dans pas mal de pays de la région". Dans son intervention lors de cette journée, Fatima El Omari a expliqué que la RDR minimise les dégâts et offre des soins variés appuyés sur une palette diversifiée: médicale, psychologique, sociale, juridique et éducative. Elle constitue une démarche de prévention, de soins, et de restauration du dialogue avec les plus marginalisés. L'objectif, a-t-elle encore expliqué, n'est plus le sevrage immédiat mais des offres de RDR tout au long du processus de consommation de la drogue, insistant sur le fait que la cure est une des dernières étapes et non pas l'axe central, et également sur le travail d'approche (Outreach). Toujours selon cette experte, la RDR permet une diminution de la criminalité, de la délinquance et du trafic de drogues, une réinsertion socioprofessionnelle plus rapide et une diminution également du risque de contamination par le VIH, HVC, HVB, de même qu'une baisse de la mortalité par overdose. Dans cet entretien, le Pr. El Omari a indiqué que depuis son ouverture le 14 avril 2000, le centre de Salé a accueilli 1230 "résidents", (appellation donnée aux toxicomanes) venus des quatre coins du pays pour se faire soigner ou du moins "se stabiliser" car, comme elle l'a expliqué, on ne peut parler de guérison totale. -Un besoin d'écoute- Issus en général de milieux favorisés étant donné que le centre est payant (300 dh par jour tous frais compris), ces résidants passent en moyenne un séjour de 17 jours et au delà car la période de traitement peut aller d'un à trois mois. Le Pr. Omari a expliqué que ces patients qui sont adressés par les médecins, ou ramenés par la famille et qui parfois viennent d'eux-mêmes, ont plus besoin d'écoute et d'affection, victimes qu'ils sont de cette maladie chronique avec des risques de rechute et de rémission qui, en aucun cas, ne doivent être considérés comme un échec et une mauvaise volonté que ce soit de la part de la famille ou des patients eux-mêmes. Il faut surtout, selon elle, prendre conscience du fait que la toxicomanie est une maladie comme les autres et qu'on ne saurait parler de délinquance ou de comportement déviant. Cette 5eme journée médicale qui se veut un espace d'échange de connaissances et d'expériences, a également été marquée par l'exposé du Pr. Mohamed Hassan Alami de la maternité les orangers de Rabat sur "la prévention du cancer du col utérin (la vaccination)", suivi de celui du Pr. Horia Belabbes, professeur de microbiologie au CHU de Casablanca sur "la résistance bactérienne ". La rencontre s'est achevée avec l'hommage rendu au "médecin de l'année" en la personne du Dr. Amina el Idrissi, seul médecin privé à Oued Laou pour "ses qualités humaines et relationnelles".