Le monde entier célèbre, le 18 avril, la journée internationale des monuments et des sites, qui constitue un hommage à la culture, à l'Histoire et au génie des peuples de par le monde. Par Maria Laaroussi La célébration de cette journée, qui souffle cette année sa 27-ème bougie, constitue une occasion pour revenir sur l'importance et la valeur des monuments et des sites historiques qui, de par leur beauté architecturale ou encore leur attrait pour les touristes locaux et étrangers, constituent la mémoire vivante, l'Histoire et la fierté des peuples. La Journée internationale des monuments et des sites a été instituée le 18 avril 1982, suite à une proposition du Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) et approuvée ensuite par la Conférence Générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) en 1983. Cette journée offre l'occasion de sensibiliser le public à la diversité du patrimoine dans le monde et aux efforts que requiert sa protection et sa conservation, et permet également d'attirer l'attention sur sa vulnérabilité. Depuis plusieurs années, l'ICOMOS suggère un thème à mettre en lumière, à cette occasion, ce qui a permis à plusieurs membres et comités de tenir des activités, colloques, conférences et autres manifestations pour sensibiliser les populations, les propriétaires ou les autorités publiques au patrimoine en reliant un thème mondial aux réalités locales ou nationales.
Thème 2010 : le patrimoine de l'agriculture Cette année, la journée sera dédiée au patrimoine de l'agriculture. Ce choix s'inscrit dans le cadre des efforts déployés par la communauté internationale et les différentes instances en charge du patrimoine pour définir et caractériser le patrimoine agricole, puis à établir des critères et des instruments destinés à guider l'identification de ses valeurs et les modes de sa protection et de sa gestion. L'ICOMOS souligne à ce titre qu'il apparaît pertinent d'évaluer dans quelle mesure les biens culturels liés aux activités agricoles et d'élevage sont pris en compte dans la théorie et la pratique actuelle du patrimoine, en étudiant les expériences internationales majeures conduites dans ce domaine. Parmi ces dernières, l'ICOMOS cite l'inclusion de ces biens sur la Liste du patrimoine mondial et la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO, mais aussi dans le programme sur les Systèmes ingénieux du patrimoine agricole d'importance mondiale (GIAHS), dirigée par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) en collaboration avec d'autres institutions comme le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l'UNESCO, le Centre du patrimoine mondial et le Centre International d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM). Une reconnaissance du patrimoine agricole Ces efforts internationaux visant à mettre en oeuvre et à établir les valeurs du patrimoine agricole émanent sans doute d'une revendication sociale et scientifique légitime, qu'est la nécessité de valoriser et de protéger tous les biens naturels et culturels importants générés par l'activité agricole à travers l'Histoire (les manoirs, les vergers, les moulins, les terrasses, les cultures, les canaux d'irrigation, les puits, les cours de ferme, les festivals traditionnels, la gastronomie, les races autochtones, les paysages, etc). L'ICOMOS a, par ailleurs, noté que la protection du patrimoine agricole reflète l'évolution et l'expansion de la notion de patrimoine, dans la mesure où sa reconnaissance implique l'inclusion dans la notion de patrimoine de paysages, d'objets et d'éléments de la "culture matérielle" qui témoignent de la vie quotidienne et des préoccupations des classes moyennes et populaires, des efforts d'hommes et de femmes dans le contexte de leur travail et de leur subsistance, et non seulement des valeurs traditionnellement associées à la compréhension historique, artistique et esthétique de la culture dominante. La préservation du patrimoine agricole implique également l'identification et la protection des aspects immatériels, vivants, continus dans le temps et contemporains du patrimoine, la fusion des différentes valeurs patrimoniales telles que le culturel et le naturel, le matériel et l'immatériel, tendance permanente dans l'évolution de la théorie et de la gestion du patrimoine dans le monde, ainsi que la prise en compte de la dimension spatiale des biens culturels et naturels et leur intégration définitive aux niveaux territorial, culturel, social et économique. L'étude du patrimoine agricole en tant que patrimoine multidimensionnel, vivant et productif est un important défi scientifique émergeant, qui interpelle les différentes branches de la connaissance concernées afin de fournir à la société des principes et des outils permettant la préservation de ces biens culturels essentiels au développement et à la survie humaine.