Quelque 16 millions Soudanais se sont rendus dimanche aux urnes pour des élections pluralistes (législatives, présidentielles et régionales), les premières à se tenir depuis 24 ans dans le pays. Participent à ces élections qui constituent un des points clés de l'accord de paix global (CPA) ayant mis fin en 2005 à deux décennies de guerre civile entre le Nord et le Sud du Soudan, quelque 14.000 candidats, tous scrutins confondus, de l'élection présidentielle aux locales et régionales en passant par les législatives. Le scrutin, pour lequel 100.000 agents de sécurité dans la partie nord du pays ont été déployés pour protéger les bureaux de vote pendant les trois jours d'élection, intervient dans une conjoncture difficile marquée notamment par la décision d'organiser un référendum au sud du pays en 2011. Pour ces élections reportées à maintes reprises, des missions de l'ONU, l'Union européenne, de la Ligue arabe et d'autres pays ont été mobilisées pour s'assurer de la transparence des opérations électorales. Sont en lice pour les présidentielles Omar El-Béchir (66 ans) du Parti du congrès national (NCP), Hatim al-Sir (50 ans) du Parti unioniste démocrate (DUP), Abdallah Deng Nhial (56 ans) du Parti du Congrès populaire (PCP), Abdelaziz Khaled (65 ans) de l'Alliance nationale soudanaise (gauche), Fatima Ahmed Abdelmahmoud (66 ans) de l'Union socialiste et démocrate soudanaise (gauche), Mounir Cheikh ad-Din (49 ans) des Forces démocratiques nouvelles (gauche), Kamil Idriss (indépendant), Mahmoud Ahmed Juha Mohammed (60 ans/indépendant). Parmi les candidats à la présidence du gouvernement semi-autonome du Sud-Soudan, figurent Salva Kiir Mayardit (59 ans) du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM, ex-rébellion sudiste), Lam Akol Awajin (60 ans) du SPLM/Changement démocratique. Dans le cadre d'échéances complexes, les électeurs du nord (15 Etats régionaux) votent pour le président du pays, leurs députés à l'Assemblée nationale, le gouverneur de leur Etat respectif et les élus à l'Assemblée régionale (majlis al-wilayat). Soixante pour cent des sièges aux Assemblées nationale et régionales sont attribués de manière nominative, en fonction des circonscriptions électorales. Les 40 pc restants relèvent de listes électorales, féminines (25 pc des sièges) et relatives aux partis politiques (15 pc). Un électeur nordiste votera donc à huit reprises: présidentielle, député de sa circonscription nationale, gouverneur de son Etat régional, député de sa circonscription régionale, liste des femmes pour les législatives nationales, liste des partis inscrits aux législatives nationales, liste des femmes pour les législatives régionales et liste des partis aux législatives régionales. Dans le sud (10 Etats régionaux), les électeurs devront voter aussi pour le président du gouvernement semi-autonome du Sud-Soudan et les députés de l'assemblée législative du sud-Soudan, la liste des femmes et la liste des partis à l'assemblée législative sudiste. Au total, les Soudanais du sud devront donc cocher 12 cases pour faire leur devoir de citoyen, un test difficile pour une population, dont le taux d'analphabétisme est de l'ordre de 70 pc. La commission électorale soudanaise estime être en mesure d'annoncer les résultats d'ici le 18 avril. Si un candidat aux présidentielles n'obtient pas de majorité simple (plus de 50 pc), un second tour sera organisé les 10 et 11 mai.