Des experts et juristes américains, réunis la semaine dernière à Washington à l'initiative du Middle East Institute, ont plaidé pour une solution réaliste et durable à la question du Sahara qui soit dépouillée de tout relent idéologique et ce, en vue de "désamorcer une situation propice à la prolifération des activités d'Al-Qaeda dans le Maghreb Islamique" (AQMI). Par Fouad ARIF Rejoignant le constat maintes fois exprimé par les responsables américains, J. Peter Pham, membre éminent du National Committee on American Policy, a souligné que les agissements des militants affiliés à AQMI demeurent "une source de préoccupation majeure", soulignant que cette franchise terroriste "s'est engagée, ces dernières années, dans des activités criminelles dans le but de financer ses opérations". Citant des sources informées, l'expert américain a indiqué que des personnes liées au polisario sont actuellement en détention en Mauritanie en liaison avec une opération d'enlèvement de trois ressortissants espagnols, menée en novembre dernier. Des experts US avaient récemment attiré l'attention sur le fait que la frustration que ressentent les jeunes dans les camps de Tindouf, à cause du manque de perspectives, les rend "vulnérables à l'idéologie extrémiste d'Al-Qaida au Maghreb Islamique". Ils ont, dans ce cadre, souligné la nécessité de régler la question du Sahara pour contrer la menace terroriste en Afrique du Nord et dans la région du Sahel, "en vue de désamorcer une situation propice à la prolifération des activités d'AQMI". L'Afrique n'a pas besoin d'un autre état non viable J. Peter Pham a, d'autre part, soutenu que l'indépendance comme option pour le règlement de la question du Sahara est "une notion qui s'inscrit objectivement à rebours de la logique historique et géopolitique". "La dernière chose dont a besoin l'Afrique est un autre Etat non viable, qui plus est, dans une zone géopolitique sensible, située dans un espace géographique qui s'étend dans le prolongement de la zone sahélienne", a souligné cet expert spécialiste des questions africaines, pour qui la création d'une nouvelle entité "déstabiliserait la région dans son ensemble". Il a, dans ce cadre, épinglé le caractère "totalitaire" de l'idéologie et du système mis en place par les dirigeants des séparatistes dans les camps de Tindouf, où "la pensée unique et le déni de la liberté d'expression sont érigés en système de gouvernance". A ce bilan "très peu glorieux", il faut ajouter, a-t-il dit, l'oppression dont souffrent les populations parquées dans ces camps, où les séquestrés sont privés des droits humains les plus élémentaires.
Côut humanitaire exorbitant pour les populationsparquées à Tindouf Intervenant lors de cette rencontre sur la question du Sahara, Sam Spector, du Middle East Quarterly, une publication spécialisée dans les questions intéressant la région du Moyen-Orient a, pour sa part, affirmé que la proposition marocaine d'autonomie dans les provinces du sud constitue "un cadre juridique à même de garantir le principe d'autodétermination" et "répond à l'appel du Conseil de sécurité de l'ONU en faveur d'une +solution politique juste, durable et mutuellement acceptable+". Sam Spector a, dans ce cadre, rappelé que les experts en droit international imputent la situation d'impasse où se trouve actuellement la question du Sahara à une interprétation dépassée et erronée du principe d'autodétermination qui l'enferme dans une notion aboutissant exclusivement à l'indépendance. "Il s'agit là d'une position idéologique figée, entretenue depuis plusieurs décennies par l'Algérie et le polisario, au mépris des réalités sur le terrain et de l'évolution juridique des concepts d'autodétermination", a-t-il regretté. L'ancien sous-secrétaire d'Etat américain en charge du Proche Orient, David Welch a, pour sa part, mis l'accent sur le caractère "inapplicable" de l'option référendaire, en soutenant aussi que le principe d'autodétermination n'est pas un concept "figé dans le temps et l'espace". Il s'agit d'une mesure qui "ne s'applique pas de la même manière et partout", a expliqué David Welch, qui a regretté l'absence d'une intégration plus conséquente entre les pays du Maghreb. "La proposition mise sur la table par le Maroc offre une nouvelle opportunité, car elle appréhende la question du Sahara de manière novatrice et apporte un regard nouveau", a estimé David Welch, qui supervisait les relations des Etats Unis avec les pays du Moyen-Orient. L'ancien responsable américain s'est, d'autre part, dit "ravi" de voir cette proposition "progresser en ouvrant la voie à des négociations meilleures et plus solides", faisant observer que "le Maroc a choisi de prendre les devants et de faire preuve d'esprit d'initiative". La présidente du Middle East Institute, Wendy Chamberlain, qui modérait cette table-ronde, a dénoncé "le coût humanitaire trop élevé" pour les populations parquées dans les camps de Tindouf, dont la situation dramatique appelle à une résolution rapide à ce conflit. "Ces populations sont en train de dépérir dans les camps de Tindouf et cela est inacceptable", a conclu cet ancien ambassadeur des Etats-Unis au Pakistan.