Créée au lendemain de la seconde guerre mondiale pour contenir la menace communiste, l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) a vu sa mission évoluer au fil des ans pour devenir la principale alliance militaire mondiale, dont aujourd'hui Washington et ses alliés veulent redéfinir l'ambition stratégique pour mieux affronter les nouvelles menaces du monde de l'après 11 septembre 2001. Par Naoufal Enhari En effet, le spectre d'une agression de la part d'une entité étatique contre l'un des pays membres de l'alliance n'est plus la principale source de préoccupation de l'OTAN en ce début de 21è siècle, compte tenu de l'émergence de nouvelles menaces émanant notamment d'acteurs non étatiques ou de réseaux terroristes, ce qui pousse les Américains et les Européens à vouloir réajuster la mission de l'alliance atlantique.
+LES ACTEURS NON-ETATIQUES, DESORMAIS PRINCIPALES MENACES+ Les 28 pays membres de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord font face "à un nouvel environnement stratégique, où de nouvelles technologies, de nouveaux adversaires et de nouvelles idéologies menacent notre sécurité", a insisté à cet égard la Secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, lors du quatrième et dernier séminaire sur le nouveau concept stratégique de l'alliance atlantique, tenu la semaine dernière à Washington. "Dans un monde désormais interconnecté, nous ne pouvons pas nous défendre en nous retranchant derrière les frontières géographiques (traditionnelles) de l'alliance, car la réalité a redéfini le terrain dans lequel nous opérons", a soutenu la chef de la diplomatie américaine. Mme Clinton faisait allusion aux nouveaux théâtres d'opération de l'OTAN, qui est notamment engagée dans la lutte contre la piraterie dans la Corne de l'Afrique, s'implique sur le théâtre irakien, outre son engagement militaire considérable en Afghanistan où plus de 120.000 militaires de l'alliance, dont une centaine de milliers d'Américains, sont actuellement en action alors que des milliers d'autres devront les rejoindre dans les mois à venir. "Nous devons être prêts à affronter de nouveaux dangers indépendamment de leurs origines", car plusieurs menaces font peu de cas des frontières, a lancé la responsable américaine devant un parterre de diplomates, de membres du commandement militaire et de hauts responsables de l'OTAN, venus à Washington pour engager une réflexion sur l'avenir de cette organisation internationale qui entend réussir sa mue pour mieux être en phase avec les exigences sécuritaires de l'heure. Même son de cloche chez le ministre américain de la Défense, Robert Gates, pour qui "les menaces sont plus diffuses, émanent de plus en plus de l'extérieur des zones traditionnelles de l'OTAN et requièrent de nouvelles approches qui devraient tenir compte de plus que la simple force de frappe militaire". +LA COOPERATION AVEC LES PARTENAIRES REGIONAUX, ASPECT IMPORTANT DE LA NOUVELLE VISION+ Aussi, le patron du Pentagone préconise pour les pays de l'alliance une approche globale qui inclurait une étroite coopération militaire avec les pays régionaux et partenaires de l'OTAN. Vu le caractère transnational de la menace, les Etats-Unis et leurs alliés considèrent que la redéfinition de la vision stratégique de l'OTAN doit accorder une grande importance au renforcement de la coopération avec les partenaires régionaux de l'alliance pour mieux lutter ensemble contre les nouvelles menaces. "Etant donné la nature planétaire des menaces auxquelles nous faisons face, l'OTAN aura besoin de renforcer ses liens avec de nouveaux partenaires" notamment à travers la réflexion engagée dans le cadre de la révision du concept stratégique, a encore relevé la chef de la diplomatie américaine dans son discours sur l'évolution de l'OTAN au 21è siècle. De même, le sous-Secrétaire d'Etat américain à la Défense en charge de la sécurité internationale, Alexander Vershbow, a plaidé pour l'élargissement de partenariats pareils, notamment avec les pays musulmans et du sud de la Méditerranée. L'Alliance atlantique et de ses partenaires régionaux gagneraient "sans aucun doute en développant les activités de coopération que nous avons menées au cours des vingt dernières années dans le cadre du partenariat pour la paix ainsi que d'autres instruments" comme le Dialogue méditerranéen, a plaidé le responsable américain, lors d'une conférence de presse ayant sanctionné les travaux du séminaire de l'OTAN à Washington.