Il est indéniable que les progrès dans la réduction significative de la pauvreté et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en Afrique ont été entravés parce que la croissance économique était insuffisante et que les bénéfices de la croissance réalisée n'ont pas été répartis de façon équilibrée entre toutes les couches de la société. -Par Hicham El Alaoui-. Au cours des dix dernières années, les chiffres du chômage dans l'ensemble de l'Afrique subsaharienne ont baissé de 0,8 pc seulement. L'emploi salarié est demeuré inférieur à 20 pc dans la plupart des pays africains. La majorité des Africains subsiste grâce aux emplois qu'offre le secteur non structuré. L'Afrique affiche donc le taux d'emploi vulnérable le plus élevé et le plus inquiétant (77 pc en Afrique subsaharienne) de toutes les régions en développement. La quasi-stagnation des taux de chômage et de pauvreté en Afrique au cours des 30 dernières années révèle amplement l'échec des stratégies africaines de développement, si tant est qu'elles aient existé. +la crise economique et ses consequences desastreuses sur la croissance et l'emploi+. Selon un rapport de la Commission économique pour l'Afrique (CEA), la croissance du PIB de l'Afrique enregistre une courbe descendante depuis le début de la crise mondiale, même si elle affiche une certaine solidité comparativement aux précédentes récessions économiques. Le taux de croissance du continent était de 4,9 pc en 2008. Il s'est établi à 1,6 pc en 2009, à cause notamment de la faiblesse de la demande et des prix des produits de base et de la forte baisse de la demande intérieure, des flux de capitaux externes et des recettes touristiques. La reprise de la croissance en Afrique (attendue à 4,3 pc en 2010) sera dans une large mesure tributaire de l'état de l'économie mondiale et de l'importance de la demande pour les exportations de produits de base africains, ce qui devrait faire monter les prix et les recettes des biens d'exportation, souligne ce rapport qui sera soumis à la réunion conjointe CEA/UA des ministres africains des finances et du développement économique, prévue du 25 au 28 mars prochain à Lilongwe (Malawi). L'impact économique du ralentissement économique mondial sur les pays africains tient davantage à la nature de leurs structures économiques. La crise a également pesé sur la situation sociale, avec une baisse des niveaux de vie, notamment là où les systèmes de protection sociale ne sont pas très développés. Le ralentissement prolongé de l'économie mondiale a aussi entraîné une chute des envois de fonds des travailleurs émigrés et un recul de la création d'emplois, du tourisme et de l'aide publique au développement, mais aussi une hausse du chômage. Les défis que doivent relever les pays africains en réponse au ralentissement économique mondial sont non seulement de redémarrer, d'accélérer et de soutenir la croissance, mais également de rendre l'emploi plus en adéquation avec la croissance, ce qui est indispensable à une réduction durable de la pauvreté, recommande le rapport de la CEA intitulé "Promouvoir une croissance forte et durable pour réduire le chômage en Afrique". Il est temps que les pays africains adoptent et mettent en oeuvre des stratégies de développement dans lesquelles les ressources sont orientées vers l'investissement dans des secteurs à forte valeur ajoutée et créateurs d'emplois, préconise le document. +necessite de mettre en œuvre des politiques macroeconomiques pour stimuler la croissance, creer l'emploi et reduire la pauvrete+. Depuis les dix dernières années, les responsables politiques africains ont largement contribué à assurer un taux élevé de croissance en Afrique pour promouvoir l'emploi, réduire la pauvreté et encourager le développement économique et social d'ensemble. De même, des efforts notables ont été déployés au niveau mondial, régional et national pour remédier aux effets économiques et sociaux dévastateurs que les crises économique et financière mondiales ont eus en Afrique. Cependant, malgré ces efforts, il est nécessaire de continuer à promouvoir la croissance, l'offre d'emplois décents et la lutte contre la pauvreté, en menant des politiques rationnelles et en encourageant l'investissement et le développement du secteur privé. Il est également nécessaire de mettre l'accent sur l'emploi et de l'intégrer dans les politiques des pays africains pour faire en sorte que la croissance génère des emplois décents au profit des pauvres et des groupes vulnérables. Autrement dit, l'Afrique a besoin de politiques macroéconomiques de développement qui stimulent la croissance et créent des emplois afin de réduire la pauvreté. La création de nouveaux emplois dépend essentiellement de l'accélération de la croissance économique, mais aussi de politiques macroéconomiques et sectorielles orientées vers l'emploi, de l'intégration de la politique de l'emploi dans les stratégies de développement national et de la création de synergies en appui aux objectifs en matière d'emploi, indique le rapport. Pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement en Afrique, il faudra aussi élaborer des stratégies adoptées au contexte national, étant donné que les sources de croissance sont très variables, et des stratégies appropriées pour améliorer l'accès de la population aux services sociaux. Ces stratégies, qui devraient être fondées sur une vision à long terme, sont appelées à prendre des mesures visant à améliorer le climat des investissements et les infrastructures, conjuguées à une diversification tant intra-sectorielle qu'intersectorielle pour réduire la vulnérabilité aux chocs exogènes. +tirer partie des nouvelles possibilites de croissance et de l'emploi+. L'adaptation au changement climatique et l'atténuation de ses effets ont des conséquences sociales et économiques sur les modes de production et de consommation, donc sur l'emploi, les revenus et la réduction de la pauvreté. Pour concilier les objectifs de croissance économique et de développement avec le besoin de faire face au défi climatique, il faut passer, au niveau planétaire, à des économies propres, vertes et émettant peu de carbone. Dans le cadre des politiques relatives au changement climatique, les pays africains peuvent mettre à profit leurs propres ressources ainsi que les financements des bailleurs de fonds pour créer des emplois verts grâce à l'élaboration et à la mise en oeuvre de programmes nationaux d'action pour l'adaptation au changement climatique (PANA) et des mesures d'atténuation adaptées à chaque pays. Cette nouvelle stratégie de croissance pose toutefois quelques problèmes et entraîne des coûts d'adaptation qui doivent être pris en considération. Pour faire évoluer les économies africaines vers un modèle de croissance à faible émission de carbone, il faut adopter un plan d'action à long terme accompagné de mesures d'encouragement et de mécanismes de financement à même de réduire le coût de cette évolution et donner au continent de nouveaux avantages comparatifs. En somme, l'adoption d'une approche nouvelle et plus efficace de nature à renforcer l'interdépendance entre croissance, emploi et réduction de la pauvreté, est indispensable pour parvenir à une croissance durable et forte et réduire le chômage en Afrique.