Le Maroc, qui célèbre aujourd'hui, à l'instar de la communauté nationale, la journée mondiale des personnes âgées, est vivement interpellé par cette question. Même si la proportion des personnes âgées (plus de 60 ans) ne dépasse pas 8 pc de la population, soit 2,4 millions de personnes selon le recensement général de la population de 2004, ce chiffre est appelé à croître significativement dans les années à venir, le Maroc étant en pleine période de transition démographique, marquée notamment par un vieillissement de la population et une augmentation de l'espérance de vie qui ne se démentent pas. --- Par Meryem Rkouak --- Selon les projections du Haut Commissariat au Plan, l'effectif des personnes âgées augmenterait de 3,5 pc par an entre 2010 et 2030 (contre 0,9 pc pour l'ensemble de la population) pour passer à 5,8 millions en 2030, ce qui représente 15,4 pc de la population contre 8,1 pc actuellement. Cet état de fait met le Maroc devant le défi d'assurer aux personnes âgées une prise en charge médicale, sociale et économique adéquate et un cadre de vie confortable. Malgré les efforts engagés sur cette voie, la situation de cette catégorie vulnérable de la population laisse à désirer. Sur le plan sanitaire, l'enquête nationale sur les personnes âgées conduite par le HCP en 2008, nous apprend que le taux de morbidité parmi les personnes âgées avoisine 68 pc. Elle relève, à cet égard, une forte prévalence des maladies aigues et chroniques, notamment les maladies cardio-vasculaires, l'hypertension artérielle, le diabète, le cancer, les maladies respiratoires, les atteintes articulaires, sans oublier les maladies neurologiques et psychiatriques. Dans bien des cas, le vieillissement induit la coexistence de plusieurs maladies, ce qui nécessite une prise en charge médicale spécifique faisant appel, entre autres, à des gériatres, infirmiers, diététiciens, kinésithérapeutes, psychologues et assistantes sociales. Au Maroc, on manque encore de telles structures de prise en charge, celle-ci étant assurée par les hôpitaux publics. Une autre donnée préoccupante se rapporte à l'accès limité des personnes âgées aux soins, pour des raisons économiques notamment. Selon la même enquête, 83,7 pc des personnes âgées ne disposent d'aucune couverture médicale. Le gouvernement mise beaucoup sur le RAMED (régime d'assistance médicale pour les économiquement démunis) pour remédier à cette situation. La deuxième problématique posée par le vieillissement de la population marocaine est d'ordre économique. Il s'agit des pensions de retraite qui ne profitent qu'à 16 pc des personnes âgées, d'après l'enquête. Le problème prend une plus grande ampleur chez les femmes âgées qui "avec une participation à l'activité économique qui ne dépasse guère 34.2 pc (95,8 pc pour les hommes) et une faible proportion des retraitées (3 pc contre 30,4 pc pour les hommes) et des bénéficiaires d'une protection médicale (8,5 pc contre 18,5 pc pour les hommes), sont particulièrement défavorisées ". A ces difficultés s'ajoute un taux de veuvage relativement supérieur à celui des hommes (52,2 pc contre 47,8 pc) qui s'explique par une espérance de vie plus importante chez la gente féminine. Ces deux aspects de la problématique multi facettes des personnes âgées donnent toute la mesure des efforts qui restent à faire pour prendre soin de cette couche de la population qui, à l'automne de sa vie, a le plus grand besoin de soutien et de reconnaissance. L'annonce, par le ministère du Développement social, de la Famille et de la Solidarité, en 2009, d'une stratégie nationale en faveur des personnes âgées constitue, à cet égard, un pas sur la bonne voie.