Le mégaprojet Desertec, qui ambitionne d'exploiter les abondantes ressources de l'énergie solaires recélées par les déserts, a constitué le thème d'une conférence qui vient de se tenir à Londres avec la participation du Maroc. -Par Abdelghani Aouifia-
Desertec représente de l'avis de plusieurs personnalités et experts de l'environnement, une initiative ambitieuse à même d'apporter des réponses à la problématique mondiale du développement. Face à l'épuisement des ressources énergétiques conventionnelles et l'accentuation des risques liés au réchauffement de la planète, les communautés politiques et scientifiques internationales se trouvent face à l'impératif de trouver des ressources alternatives et propres capables de garantir à une population mondiale galopante les conditions d'une vie à la fois prospère et à l'abri des conflits. C'est dans cette optique, que le concept Desertec a vu le jour, explique le Dr. Gerhard Knies, Président du conseil d'administration de la Fondation Desertec, qui a fait une présentation détaillée sur le projet lors de la conférence de Londres. D'après lui, si les progrès industriels réalisés durant les derniers siècles ont contribué à améliorer les conditions de vie des populations, ces progrès se sont faits au détriment de l'environnement avec des conséquences qui ne peuvent plus être ignorées. L'explosion démographique mondiale (10 milliards d'âmes d'ici 2050) et le maintien des méthodes économiques actuelles ne manqueront pas de pousser vers une impasse hasardeuse, a averti le scientifique allemand, ajoutant que la recherche de sources énergétiques propres et fiables permettra à coup sur d'éviter un tel scénario. Le projet Desertec viendra apporter une solution, en mettant à profit la disponibilité en abondance des ressources d'énergie solaire, a-t-il dit, précisant que les déserts du monde reçoivent en six heures plus d'énergie que ce que l'humanité tout entière consomme durant toute une année. Si les moyens techniques sont disponibles pour l'exploitation de ce vaste potentiel, la concrétisation de ce projet trébuche sur un certain nombre d'obstacles, liés notamment au manque d'une volonté politique de la part des pays du monde, notamment les nations industrialisées, indique le professeur Bakr Bahaj, de la London School of Civil Engineering. Lord Philip Hunt, ministre d'Etat britannique à l'énergie, qui a pris part à la conférence, a reconnu que le projet, qui bénéficie du soutien de Londres, fait face à d'autres complications, dont la mobilisation des investissements privés et l'absence d'un cadre institutionnel international permettant de régler les problèmes liés notamment au financement et au transfert technologique. Cependant, a-t-il souligné, ces obstacles ne sont pas insurmontables, exprimant la volonté de son gouvernement de défendre le projet auprès des partenaires européens et internationaux. Cette position britannique traduit une prise de conscience de la part des autorités britanniques d'un problème qui se pose avec de plus en plus d'acuité. En effet, une recherche, publiée récemment a mis en garde contre le fait que le Royaume-Uni devra bientôt faire face à une crise énergétique aussi grave que celle des années 1970. Le rapport, intitulé "Discovery" appelle le gouvernement britannique à investir notamment dans les énergies renouvelables pour faire face à la pénurie des sources conventionnelles, notamment celles à base de fossiles. Par ailleurs, le vaste désert nord africain a été identifié par les concepteurs du projet Desertec comme la principale région offrant le plus grand potentiel d'énergie solaire et éolienne au monde. Le Maroc, en particulier, est perçu comme un acteur clef dans cette grande entreprise qui devra changer la carte énergétique mondiale durant les quelques années qui viennent. Le Maroc, eu égard aux initiatives qu'il a entreprises dans ce sens, a un rôle important à jouer, a dit Le Pr. Knies, soulignant que le Royaume, qui dispose d'un grand potentiel en matière d'énergie éolienne et solaire, peut à lui seul fournir une grande partie des besoins futurs en énergie de la région Europe-Moyen Orient et Afrique du nord. La ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement, Mme Amina Benkhadra, qui a conduit la délégation marocaine lors de la conférence de Londres, a réitéré le vif intérêt qu'accorde le Royaume au projet Desertec. Elle a souligné, à ce sujet, que le Maroc, grâce à sa position géographique stratégique aux portes de l'Europe et au coeur d'un important carrefour énergétique international et ses interconnexions électriques développées avec l'Espagne et l'Algérie, se trouve en bonne position pour devenir une véritable plateforme dans les échanges électriques croissants entre les deux rives de la Méditerranée.