Des universitaires et acteurs de la société civile, réunis mercredi à Fès par le mouvement Alternatives Citoyennes (ALCI), ont appelé à sortir du "traitement arithmétique" de la représentativité de la femme en prônant une "approche exhaustive" de la question de la parité politique. Pour l'universitaire, M. Abderrahim Lamrani, "la parité ne doit pas être posée comme une question purement arithmétique, mais en tant qu'un processus constructif susceptible d'aboutir de manière +réelle+ et +normale+ à une égalité Homme-femme". Outre le parlement, le "combat pour la parité" doit toucher, à cet effet, l'ensemble des institutions élues, dont les chambres et les conseils locaux et régionaux, sans perdre de vue la question primordiale de la présence féminine au sein des partis politiques, a ajouté M. Lamrani, lors de cette rencontre placée sous la thématique de la "démocratie de parité: pour une véritable consécration de la représentativité féminine dans les instances élues". Tout en appelant à une meilleure exploitation des nouvelles dispositions constitutionnelles sur la représentativité de la femme, il a fait remarquer qu'une "loi, aussi avancée soit-elle, restera toujours insuffisante sans l'implication de l'ensemble des acteurs politiques". Il convient à cet effet, selon lui, de réfléchir sur d'autres pistes de consécration de la parité, dont le "rétrécissement du fossé entre sociétés civile et politique et le renforcement de la place des femmes au sein même des partis politiques". De son coté, le politologue Manar Slimi a présenté un diagnostic juridique et politique sur la technique de la liste nationale des femmes, notant qu'entre 2002 et 2007, le débat politique sur cette technique "n'a pas conduit à une base juridique solide pour améliorer la représentativité de la femme". L'absence d'alternatives à la liste nationale et le caractère "consensuel" et "fragile" des acquis de la représentativité de la femme démontrent, bel et bien, une "carence" dans la vision des acteurs politiques sur la représentativité féminine dans les institutions élues, a-t-il expliqué. Notant que la nouvelle Loi fondamentale est venue porteuse de dispositions claires qui prohibent toutes formes de discriminations à l'égard de la femme et consacre même le principe de la parité, il a souligné que tous les mouvements de défense du droit de la femme à la parité sont appelés à produire de nouveaux scénarii et des alternatives aux mécanismes actuels de la représentativité politique de la femme. Il a aussi attiré l'attention sur la nouvelle possibilité offerte par la nouvelle constitution portant sur le mécanisme de "la plaidoirie". Créée en 2004, l'ALCI se définit comme une association de développement social démocratique, durable, équitable et participatif, mais aussi une tribune de promotion des droits économiques, sociaux et civiques. Parmi ses principaux objectifs figurent l'approfondissement des normes d'égalité, de citoyenneté et de démocratie dans le champ social, économique et juridique, la lutte contre la discrimination fondée sur le genre, la défense des droits de la femme et l'intégration des jeunes dans l'action politique.