. L'expérience constitutionnelle marocaine mérite le soutien de la communauté internationale en tant que modèle à suivre dans les pays de la région arabe en crise, estime le Pr. Charles Saint-Prot, directeur de l'Observatoire d'Etudes géo-politiques (OEG), basé à Paris. Cette expérience, consacrant "l'exception marocaine", peut, à terme, servir d'"exemple pour les autres pays d'une région en proie aux crises, à la violence et aux aventures les plus périlleuses", écrit le juriste français dans une contribution aux débats du journal français +Les Echos+, publiée vendredi sur son site web. "En tout cas, une expérience méritant d'être encouragée et soutenue par la communauté internationale, en premier lieu par la France qui sait mieux que tout autre que le royaume chérifien est le meilleur garant de la stabilité au sud de la Méditerranée", souligne-t-il. Pour le Pr Saint-Prot, la réforme constitutionnelle lancée par SM le Roi le Mohammed VI, dans le discours royal du 9 mars 2011, et opérée "après une large consultation de tous les partis et des forces vives du pays", par le référendum populaire du 1er juillet, "n'est pas conjoncturelle". Cette évolution "significative" dans le sens d'"un approfondissement démocratique" prend en considération "les grandes constantes de la nation marocaine" tout en consacrant "l'exception marocaine: l'évolution dans la tranquillité, c'est-à-dire la construction d'un modèle spécifique de monarchie démocratique en concomitance avec le développement humain durable", précise-t-il. La réforme constitutionnelle n'a pas pour objet, dit-il, d'"être dans l'air du temps, de coller artificiellement à un quelconque +printemps arabe+ dont on sait bien que c'est davantage un slogan médiatique qu'une réalité indiscutable", mais elle "constitue un choix stratégique propre à une vieille nation qui a ses propres réalités sociales, économiques et politiques lesquelles -malgré des similitudes apparentes- sont très différentes des autres pays arabes". "C'est la raison pour laquelle le Maroc peut se distinguer dans la région en conduisant à son rythme et dans un large consensus les changements qui lui conviennent. Il doit être clair que le modèle sera purement marocain, et en aucun cas l'imitation aveugle d'un système étranger car un système institutionnel n'est pas transposable d'un pays à l'autre", explique-t-il. Il a tenu à rappeler que le mouvement actuel de réformes est initié au Maroc depuis les années 1990, plus particulièrement depuis 1999, date de l'accession au trône de SM le Roi qui a "véritablement enclenché une dynamique réformatrice globale marquée par de nombreuses initiatives" (Code de la famille, Instance Equité et Réconciliation (IER), Initiative nationale pour le développement humain, Réforme du champ religieux, Régionalisation, Conseil économique et social etc.). Pour le directeur de l'OEG, l'objectif général de ce processus est "clair": Il vise, d'une part, au renforcement du lien social et du pacte fondamental sur lequel repose la nation, et, d'autre part, au parachèvement de l'Etat de droit moderne. Ainsi, relève-t-il, la réforme consiste d'abord dans la mise en place d'"une décentralisation avancée". Le Pr Saint-Prot retient également comme points majeurs de cette réforme: "la constitutionnalisation des droits et libertés publiques" et "le rééquilibrage, ou plutôt l'harmonisation et la répartition des responsabilités avec un roi arbitre, garant des valeurs spirituelles et de l'unité et principal acteur du progrès et du développement, un gouvernement doté de pouvoirs renforcés, un parlement légiférant et une justice indépendante".