Les co-présidents du caucus en charge des questions des réfugiés à la Chambre des représentants américaine, Lincoln Diaz-Balart et Zoe Lofgren, ont interpellé le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Antonio Guterres, quant à la nécessité d'assurer la protection des populations des camps de Tindouf, au sud-ouest de l'Algérie. Avant que naisse une autre génération de détenus dans ces camps, "nous vous demandons de travailler activement avec le Conseil de sécurité de l'ONU et les Etats concernés, dans le but de mettre en place un système de protection des populations de ces camps, qui n'ont que trop souffert", soulignent les co-présidents de cette instance bipartisane, dans une lettre adressée récemment à M. Guterres. Il est d'une "importance cruciale que le HCR prenne une position ferme" au nom de ces populations, soulignent les auteurs de cette lettre, qui disent avoir apprécié la visite qu'avait effectuée M. Guterres en septembre 2009 dans la région, la première d'un Haut commissaire depuis 1976, ainsi que le fait que ce dernier "ait reconnu à ce propos une négligence du HCR par le passé". Lincoln Diaz-Balart et Zoe Lofgren affirment avoir pris connaissance d'un récent rapport du Comité américain pour les réfugiés et les immigrants (USCRI) sur la situation de ces populations détenues dans les camps en Algérie. Ce document, poursuivent les auteurs de la lettre, décrit les conditions qui prévalent dans ces camps "contrôlés par le polisario", en attirant l'attention sur un échec en matière des droits de l'Homme et de réinstallation des détenus qui se poursuit depuis 35 ans. "Nous estimons que le Bureau du Haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés devrait oeuvrer à l'application de son important mandat en s'assurant que les droits de ces personnes soient entièrement protégés, conformément au droit international". Les deux législateurs US déplorent, d'autre part, qu'"aucun organisme international n'ait été en mesure de réaliser un recensement des populations de ces camps, dans le but de les identifier", se disant être convaincus qu'une telle démarche est "nécessaire dans le but d'assurer la sécurité de ces populations et d'évaluer adéquatement si l'aide étrangère répond à leurs besoins". "Un recensement fiable constitue aussi un important premier pas vers la mise en oeuvre d'un processus de réinstallation" de ces populations, insistent encore les deux congressmen, qui ont également fait état de leurs préoccupations au sujet des "conditions de vie déplorables dans les camps contrôlés par le polisario". Citant le rapport de l'USCRI, Lincoln Diaz-Balart et Zoe Lofgren s'élèvent contre "les abus des droits de l'Homme auxquels sont assujetties" les populations parquées dans les camps de Tindouf, ajoutant que ces dernières sont interdites de quitter les camps, souffrent d'un déni de liberté de mouvement, "bien qu'il s'agit là d'un droit fondamental garanti par la convention sur les réfugiés de 1951 et le protocole de 1967, signés par l'Algérie qui a ainsi l'obligation de s'y conformer en vertu du droit international". Les populations de ces camps devraient avoir le choix d'être installées dans des pays tiers, poursuit la lettre, qui déplore le détournement de l'aide humanitaire destinée aux pensionnaires des camps de Tindouf, "chose qui y exacerbe davantage la précarité des conditions de vie".